Qu'elles le veuillent ou non, toutes les entreprises devront in fine présenter un rapport annuel sur le développement durable, pendant éthique de leur rapport financier, a assuré jeudi à Amsterdam Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l'Environnement.

Qu'elles le veuillent ou non, toutes les entreprises devront in fine présenter un rapport annuel sur le développement durable, pendant éthique de leur rapport financier, a assuré jeudi à Amsterdam Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l'Environnement.

M. Steiner s'exprimait lors d'une conférence de trois jours organisée depuis mercredi dans la capitale néerlandaise par l'organisation Global Reporting Initiative (GRI), qui présentait de nouvelles directives communes destinées aux entreprises publiant déjà, sur une base volontaire, ce type de rapport.

Les directives de GRI "doivent devenir au fil des années un standard pour juger la majorité des entrepreneurs", a assuré M. Steiner.

"Le monde de l'entreprise veut-il vraiment attendre?", a-t-il demandé de manière rhétorique, en citant les scandales financiers Enron et Worldcom. "Une crise conduirait inévitablement à des réglementations".

Selon M. Steiner, ces rapports éthiques permettent au client consommateur de se demander: "cette entreprise fait-elle partie de la solution ou du problème?" et de faire ses choix en conséquence.

"L'heure est venue pour toutes les entreprises: il faut qu'elles utilisent les nouvelles directives", a lancé lors d'une table ronde Mark Moody Stuart, PDG du conglomérat minier Anglo American et membre du conseil d'administration de GRI.

Aujourd'hui, plus de 2.000 entreprises et organisations dans le monde publient ce type de document, selon une étude du cabinet d'audit KPMG, et "près de 1.000 (d'entre elles) utilisent les directives de GRI, ce qui en fait de facto la norme", selon le directeur de GRI Ernst Ligteringen.

Désormais, à côté du rapport financier annuel, une organisation peut rendre compte, par exemple, de l'égalité des sexes sur le lieu du travail, des niveaux de pollution ou encore de l'impact de son activité sur le marché du travail.

Les nouvelles directives GR3, présentées jeudi en présence de chefs d'entreprise comme le PDG de Philips Gerard Kleisterlee, d'ONG, de membres du gouvernement néerlandais et du prince héritier Willem Alexander, par ailleurs expert internationalement reconnu en gestion des ressources aquatiques, sont simplifiées mais aussi plus détaillées que les précédentes.

Elles prennent par exemple en compte le nombre d'employés handicapés ou encore les conditions de travail dans des filiales de filiales, sous des latitudes où le droit social peut être moins contraignant qu'en Europe occidentale.

Les directives actuelles sont d'ores et déjà la norme pour des entreprises comme Microsoft ou Nike.

Selon ses détracteurs, le GRI est une belle initiative mais respecter ses directives n'a rien de contraignant. En outre, argumentent-ils, ce n'est pas parce que le rapport est honnête que le groupe est forcément bon sur le plan éthique. L'actuel système de notation de GRI récompense en effet la transparence et ne juge pas sur le fond des affaires.

"Vous pouvez recevoir un A+, la note la plus élevée de GRI (pour votre rapport de développement) même si vous avez échoué sur tous ses aspects", avait concédé Ernst Ligteringen à la veille de l'ouverture de cette conférence, ajoutant que la note "ne dit rien sur l'adhésion" sur le fond des questions.

Le rapport éthique "n'est pas un joli instrument de relations publiques, mais fait intégralement partie des affaires", a toutefois assuré jeudi M. Kleisterlee.

Autre problème: la concurrence induite par la publication volontaire d'un rapport éthique détaillé. "L'un des problèmes est que des groupes qui sont plus transparents reçoivent plus de critiques des ONG que les compagnies qui n'en soufflent pas un mot", avait estimé Sandrijn Weites de la banque ABN Amro.

Parmi les orateurs attendus vendredi pour la session de clôture figure l'ancien vice-président américain Al Gore, en tournée de promotion pour son documentaire sur le réchauffement planétaire, "Une Vérité qui dérange".

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fjb/axr/ale