Le marché de l'immobilier montréalais donne des sueurs froides à Geneviève Dallaire. Heureusement, la directrice générale de la Jeune Chambre de commerce de la Mauricie n'a pas à s'y aventurer.

Le marché de l'immobilier montréalais donne des sueurs froides à Geneviève Dallaire. Heureusement, la directrice générale de la Jeune Chambre de commerce de la Mauricie n'a pas à s'y aventurer.

«Je n'en reviens pas de voir des condos se vendre 200 000$, dit-elle. À Trois-Rivières, tu as toute une cabane à ce prix-là.»

La jeune femme de 27 ans ne cache pas sa fierté de vivre en région. Mais il n'y a pas que la fierté, dit-elle.

Il y a aussi les avantages financiers.

Une étude de Statistique Canada publiée mardi lui donne raison: les jeunes adultes vivant en région sont plus nombreux à posséder une maison que les jeunes adultes établis à Montréal, Toronto et Vancouver.

Selon Statistique Canada, 71% des adultes de 25 à 39 ans vivant en région (et qui n'habitent pas chez leurs parents) sont propriétaires de leur logement.

Les jeunes adultes de Toronto (54%) et Vancouver (53%) sont beaucoup moins nombreux à posséder leur maison ou leur condo.

Mais ce sont les jeunes Montréalais (48%) qui éprouvent le plus de difficulté à devenir propriétaire.

Il y a deux ans, Geneviève Dallaire a acheté sa première maison à Trois-Rivières. Une maison jumelée, style cottage, trois étages, une dizaine d'années seulement. Le prix: 95 000$. «Ça me revenait moins cher que de vivre en appartement», ajoute-t-elle.

Au lieu de pavoiser, la directrice générale de la Jeune Chambre de commerce de la Mauricie compatit avec les jeunes adultes montréalais.

«Ce n'est pas facile de trouver une maison à ton goût dans les centres urbains, dit-elle. J'ai une amie qui a une maison semblable à la mienne à Montréal et qui a dû payer presque le double.»

Geneviève Dallaire se sert du marché immobilier afin de promouvoir sa région.

«Les salaires sont inférieurs en région, mais le coût de la vie est tellement plus bas et le marché immobilier tellement plus accessible, dit-elle. Les jeunes ont un meilleur pouvoir d'achat en région, surtout qu'on peut accéder à des postes de direction - et les hausses de salaire qui viennent avec - plus rapidement.»

Outre le lieu de résidence, la décision de fonder une famille est un autre facteur qui favorise l'accès à la propriété chez les jeunes Canadiens, selon Statistique Canada.

«Les gens que je connais se marient et fondent une famille plus tôt en région», dit Geneviève Dallaire.

À quelques centaines de kilomètres à l'ouest de Trois-Rivières, le président des jeunes gens d'affaires de l'Outaouais est plus sceptique. Les Gatinois achètent-ils vraiment leur première maison plus rapidement que les Montréalais ou les Torontois?

Étienne Fredette en doute. Il faut dire qu'avant de prendre la relève de l'entreprise familiale à Gatineau, le président de l'Association des jeunes professionnels de l'Outaouais a vécu huit ans à Montréal.

Il s'est acheté un condo dans l'île dès sa sortie de l'université.

«J'ai toujours cru qu'on était mieux d'avoir une propriété que de payer un loyer», dit l'homme d'affaires de 32 ans.

«Entre un condo à Montréal et une maison à Gatineau, le coût est pratiquement le même, dit Étienne Fredette. De toute façon, est-ce qu'on veut vraiment une grande maison à 25 ans? Plusieurs jeunes Montréalais n'ont pas besoin d'une auto ni d'un garage en raison du métro. Mais c'est vrai qu'il y a plus peut-être plus de choix et plus d'espace pour s'acheter une maison à Gatineau.»

Même s'il est sceptique, Étienne Fredette a sa petite idée sur les conclusions de Statistique Canada.

«Tout le monde a un emploi à Gatineau, dit-il. C'est peut-être ce qui permet à plus de jeunes adultes de s'acheter une maison ici qu'à Montréal.»

L'hypothèse du président de l'Association des jeunes professionnels de l'Outaouais est loin d'être farfelue.

Selon Statistique Canada, l'emploi est un autre facteur qui favorise l'accès à la propriété.

En effet, les jeunes adultes qui occupent un emploi permanent ont 40% plus de chances d'acquérir une propriété que les travailleurs temporaires. Et le taux de chômage est justement moins élevé à Gatineau (5,7%) qu'à Montréal (7,1%).

Selon Statistique Canada, 60% des jeunes Canadiens de 25 à 39 ans n'habitant pas chez leurs parents possédaient une propriété en 2006.