Ils ne sont pas encore construits mais ont déjà gagné des surnoms fantaisistes comme «talkie-walkie» ou «râpe à fromage»: les projets de gratte-ciel se multiplient dans la City de Londres, symboles du dynamisme de cette puissante place financière.

Ils ne sont pas encore construits mais ont déjà gagné des surnoms fantaisistes comme «talkie-walkie» ou «râpe à fromage»: les projets de gratte-ciel se multiplient dans la City de Londres, symboles du dynamisme de cette puissante place financière.

Dans ce quartier de 2,6 km2 à peine plus grand que Monaco, 24 nouveaux immeubles doivent être construits d'ici 2011. Et changer radicalement l'aspect de la City, temple mondial de la finance amarré le long de la Tamise.

C'est le plus grand chambardement architectural depuis l'ère victorienne dans la seconde moitié du XIXe siècle, observe Peter Murray, directeur de l'Architecture du nouveau Londres (NLA), un organisme chargé de la promotion des projets auprès du public et des professionnels.

«Ce n'est pas tant l'image du changement que la structure même de la ville qui change», estime-t-il.

Le renouveau architectural de la City est symbolisé depuis 2003 par le «Cornichon» (Gherkin), ogive de 180 mètres conçue par l'architecte Norman Foster pour le réassureur Swiss Re. Depuis les grues ont envahi les rues sinueuses de ce quartier médiéval.

Début 2008 débutera la construction de la Heron Tower, une tour translucide culminant à 242 mètres. Elle devrait être achevée deux ans plus tard, la même année que la Bishopsgate Tower, un «toboggan» de 288 mètres de haut.

Le «Talkie-walkie«, tour de 160 mètres aux formes arrondies, et le Leadenhall building, immeuble de 224 mètres surnommé la «râpe à fromage» (Cheese Grater) pour sa forme biseautée, viendront compléter le panorama en 2011.

Mais la City n'accueillera pas l'édifice le plus haut du pays. La palme reviendra au «Tesson de verre» (The Shard) de l'architecte italien Renzo Piano. Prévu pour 2011, ce dard de 310 mètres, planté juste de l'autre côté de la Tamise, abritera plus de 56 000 m2 de bureaux, un hôtel cinq étoiles et des appartements de luxe à plus de 200 mètres au-dessus du fleuve.

Tous devraient être achevés lorsque la ville accueillera les Jeux olympiques en 2012 mais le Shard pourrait ne pas être achevé à temps, des difficultés de financement ayant entraîné du retard, selon la presse britannique.

Il n'y a quasiment pas de limite à l'imagination des architectes. Hormis l'obligation de respecter la perspective sur la cathédrale Saint-Paul toute proche, «les seules restrictions potentielles sont les plaintes des uns et des autres», assure le directeur du NLA.

Le projet Talkie-walkie a ainsi failli être abandonné parce que la Tour de Londres craignait que la proximité du gratte-ciel ne lui vaille d'être retirée de la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Et le Toboggan a été rétréci de 20 mètres après des réserves émises par la direction de l'aviation civile.

Si les immeubles poussent comme des champignons, c'est parce que Londres tire «les bénéfices de dix ans de croissance continue et que cette croissance est intervenue dans le secteur financier», explique Peter Murray.

Conséquence, à mesure que Londres se renforce comme place financière de premier plan, l'espace de bureaux disponible se restreint.

La mairie de quartier de la City prévoit que 400 000 personnes travailleront dans la City d'ici 2016, une augmentation de 25% en 15 ans.

La City n'ayant que 7,5 millions de m2 d'espaces de bureaux, il faut donc en construire près de 2,5 millions supplémentaires pour pourvoir les accueillir. Sauf à les voir se réfugier à Canary Wharf, l'autre quartier financier de Londres.

Mais rien ne semble perturber la confiance des promoteurs, pas même les récentes turbulences sur les marchés boursiers. Pour Stephen Hester, président de l'immobilière British Land, «c'est l'industrie des services qui est le moteur de Londres et sur le long-terme c'est une industrie en expansion».

La Bourse peut bien chuter, les gratte-ciel, eux, grimpent.