Dans des termes à peine voilés, le sous-gouverneur de la Banque du Canada a indiqué lundi soir que le taux directeur allait demeurer inchangé mercredi prochain, jour de la prochaine date d'annonce préétablie.

Dans des termes à peine voilés, le sous-gouverneur de la Banque du Canada a indiqué lundi soir que le taux directeur allait demeurer inchangé mercredi prochain, jour de la prochaine date d'annonce préétablie.

«Étant donné les événements survenus récemment sur les marchés mondiaux du crédit, nous devons évaluer dans quelle mesure les risques entachant la projection publiée en juillet ont changé», a expliqué Pierre Duguay devant l'Association canadienne de science économique des affaires à Kingston.

Prévue depuis plusieurs semaines, cette allocution se voulait avant tout académique et portait sur les cibles d'inflation. La crise de liquidités du papier commercial l'a amené cependant à commenter l'évolution économique et financière récente.

«Nous nous posons deux questions, a précisé M. Duguay. Premièrement, on se demande à quel point l'évolution de l'économie américaine alourdit le risque touchant l'économie canadienne et, deuxièmement, dans quelle mesure la hausse des primes de risque de crédit est susceptible d'entraîner un resserrement prolongé des conditions du crédit au Canada.»

Cette sortie publique du sous-gouverneur sera la dernière déclaration des autorités monétaires d'ici mercredi.

«Cela paraît un signal clair que la Banque du Canada va se rasseoir et réévaluer la situation avant de modifier sa politique monétaire», juge Jacqui Douglas, stratège économique chez TD Valeurs mobilières.

Le 10 juillet, la Banque avait repris après une pause de 14 mois son resserrement monétaire en portant le taux cible de financement à un jour de 4,25% à 4,50%.

Dans le communiqué faisant part de sa direction, elle indiquait «qu'elle pourrait devoir relever encore quelque peu le taux directeur afin de ramener l'inflation à la cible à moyen terme».

Compte tenu que l'indice des prix à la consommation et l'indice de références sont encore tous deux au-dessus de 2%, que l'économie a fonctionné au-delà de ses capacités optimales au deuxième trimestre comme devrait le confirmer Statistique Canada demain et que la rémunération hebdomadaire des travailleurs évolue beaucoup plus vite que la cible d'inflation, la grande majorité des observateurs avaient prédit un nouveau tour de vis de la part de nos autorités monétaires la semaine prochaine.

Mardi, on apprenait que la rémunération hebdomadaire des travailleurs avait progressé en juin de 3,6% en un an. En mai, le rythme était de 2,9% seulement.

La crise du crédit qui secoue les marchés monétaires depuis le début du mois a tout chamboulé, à court terme du moins.

Aux deux questions que se posent nos autorités monétaires, Mme Douglas croit avoir déjà la réponse: «L'effet sur l'économie réelle canadienne sera minime.» TD prévoit d'ailleurs une nouvelle hausse de taux dès le 16 octobre.

Ce point de vue ne fait pas l'unanimité.

«La réponse à la première question posée par la Banque a été fournie par la Réserve fédérale qui a abaissé son taux d'escompte le 17 août, rappelle Ted Carmichael de JP Morgan. Il faudra plusieurs mois à répondre à la seconde de manière concluante.»

JP Morgan prévoit que la Fed abaissera à deux reprises les Fed Funds fixés depuis plus d'un an à 5,25%. Si la Banque du Canada n'abaissait pas le sien le 18 octobre, elle provoquerait une nouvelle poussée du huard néfaste aux exportations canadiennes.