La mort du train léger à Ottawa - le plus important projet de l'histoire de la capitale à 1 milliard $ - freinera l'économie régionale en 2007.

La mort du train léger à Ottawa - le plus important projet de l'histoire de la capitale à 1 milliard $ - freinera l'économie régionale en 2007.

L'annulation du projet, début décembre, sous la gouverne du nouveau maire d'Ottawa, Larry O'Brien et du conseil, est l'un des faits saillants de l'année 2006 sur la scène municipale.

La fin du train léger aura un impact sur l'économie en freinant sa croissance l'an prochain, selon le Conference Board du Canada, qui vient de publier son portrait économique des grandes villes du Canada, édition hiver 2007.

«Si on enlève le projet de train léger, nous estimons que la croissance économique d'Ottawa-Gatineau chutera d'environ un demi point. Donc au lieu d'être 3,2 %, la croissance devrait se chiffrer à 2,5 % en 2007», a expliqué Mario Lefebvre, économiste et directeur des prévisions métropolitaines au Conference Board.

Ce demi point de pourcentage représente une perte de 200 millions $ pour l'économie locale, selon M. Lefebvre. Le train léger, dont la construction devait débuter fin 2006 et se terminer en 2009, représentait 3100 emplois directs et 5500 indirects.

30 000 nouveaux postes

Malgré le retrait du train léger, Mario Lefebvre ne s'inquiète pas outre mesure pour l'économie d'Ottawa-Gatineau, qui s'est bien portée en 2006 et qui devrait maintenir le rythme en 2007, avec une croissance raisonnable de 2,5 %. Ce n'est pas Calgary, avec 4 %, mais Ottawa-Gatineau, avec la fédéral et ses milliers d'emplois, la haute technologie et la construction qui se maintient, est une région stable, affirme M. Lefebvre.

"Il s'est créé 30 000 nouveaux jobs dans la région d'Ottawa-Gatineau en 2006. Le nombre de travailleurs est passé de 618 000, en 2005, à 648 000." Pour 2007, le Conference Board prévoit une légère baisse de 0,5 % du nombre d'emplois, à 645 000.

Le taux de chômage à Ottawa-Gatineau Gatineau était de 5,6 %, en novembre dernier, selon Statistique Canada, plus bas que la moyenne nationale de 6,3 %.

Les effectifs au gouvernement fédéral, le plus important employeur de la région, ont chuté légèrement de 0,9 % à 112 400, en 2006, selon le Conference Board. Mais l'emploi dans la fonction publique devrait augmenter légèrement en 2007, malgré l'incertitude provoquée par un gouvernement minoritaire.

Haute technologie : des emplois mais peu d'investissement

L'un des faits saillants de 2006 est le retour en force des emplois en haute technologie. Le nombre de postes dans ce secteur névralgique a atteint 78 147, à 853 du sommet de l'an 2000. "En terme d'emploi, nous sommes à peu près de retour où nous étions lors du boom", dit Jeffrey Dale, président du Centre de recherche et d'innovation d'Ottawa (OCRI).

L'arrivée du centre d'appel du fabricant d'ordinateur Dell, et ses 2500 postes, a joué un grand rôle dans la croissance de l'emploi en haute technologie.

Le nombre d'entreprises est également en hausse, selon les plus récents chiffres d'OCRI. En juin dernier, le nombre d'entreprises atteignait 1841, comparativement à 1811, six mois plus tôt.

Ce qui vient toutefois gâcher un peu la fête du "high tech", ce sont les investissements, qui ne sont toujours pas au rendez-vous, rendant la vie plus difficile aux entrepreneurs qui veulent fonder une nouvelle compagnie, ou qui veulent croître. En 2006, les entreprises de haute technologie de la région ont obtenu environ 190 millions $ en capital-risque, comparativement à 359 millions $, en 2005. "Nous n'avons pas vu de chiffres aussi bas depuis 1997-1998", souligne Jeffrey Dale.

Construction et revente

En 2006, la construction résidentielle a déjoué plusieurs pronostics. Les analystes anticipaient un léger ralentissement, mais l'activité s'est maintenue.

De janvier à novembre 2006, les mises en chantier de maisons neuves étaient en hausse de 16 % à 7763 unités à Ottawa-Gatineau, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

À Ottawa, la SCHL anticipe que les constructions neuves augmenteront de 4982, en 2005, à 5700, en 2006, pour revenir à 5200 unités, en 2007. À Gatineau, la construction de maisons neuves, augmentera de 3992, en 2005, à 4100, en 2006, pour ensuite chuter à 3850 unités, en 2007, selon les prévisions de la SCHL.

Les analystes s'entendent pour dire qu'il n'y aura pas d'effondrement du marché de la construction résidentielle, mais plutôt un retour à des niveaux normaux après quelques années folles.

Du côté de la revente, les agents immobiliers d'Ottawa et de Gatineau, ont connu une bonne année. Les ventes sont en hausse des deux côtés de la rivière des Outaouais. À Gatineau, la revente a atteint environ 4100 unités, en 2006, comparativement à 3992, en 2005. La SCHL anticipe une baisse de 6 %, à 3850 pour 2007.

À Ottawa, les agents immobiliers ont vendu plus de 13 500 maisons, en 2006, surpassant les 13 300 transactions de 2005. Pour 2007, la SCHL prévoit 14 000 transactions de maisons existantes.

L'industrie forestière souffre

Tout n'est cependant pas rose dans l'économie régionale. En Outaouais rurale, 2006 aura été une année difficile pour l'industrie forestière. Quelque 1800 travailleurs sont au chômage en Outaouais.

La force du dollar canadien, la concurrence mondiale, le ralentissement du secteur de la construction aux États-Unis et les réductions des coupes imposées par la Commission Coulombe sont tous des éléments qui provoquent une tempête parfaite dans l'industrie forestière.

Une bonne saison touristique

Côté tourisme, l'autre secteur névralgique de l'économie régionale, le scénario se répète : les visiteurs du Canada ont compensé pour les Américains qui hésitent encore à venir ici.

Tourisme Ottawa rapporte une hausse de 3,5 % grâce aussi aux visiteurs d'affaires qui viennent brasser du "business" avec le gouvernement.

Tourisme Outaouais chiffre la hausse des activités à 5 %. L'Outaouais a continué de gruger des parts de marché des autres régions du Québec, avec 5 %, contre 4 %, en 2005.

Soixante-dix pour cent des visiteurs viennent du Québec et de l'Ontario, le reste d'outre-mer ou des États-Unis. Le train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield a connu une année record, avec la clientèle qui a bondi de 11 % à 53 700 voyageurs.

Tous ces éléments réunis font dire à Mario Lefebvre, du Conference Board qu'Ottawa-Gatineau a de nouveau profité d'une bonne stabilité. "Il se passe de belles choses dans la région au niveau de l'économie. La région a le pouvoir d'attirer des gens des autres provinces. L'administration publique tient encore une grande place. Le petit train va loin."