Travailler n'a jamais été aussi agréable. Fruits et bagels gratuits, salle de gym sur place, service de nettoyeur : certaines entreprises ont compris que dorloter ses employés, c'est payant. Une façon d'attirer les meilleurs. Et surtout, de les garder.

Travailler n'a jamais été aussi agréable. Fruits et bagels gratuits, salle de gym sur place, service de nettoyeur : certaines entreprises ont compris que dorloter ses employés, c'est payant. Une façon d'attirer les meilleurs. Et surtout, de les garder.

Cette philosophie est appliquée à fond chez Ubisoft, une entreprise qui crée des jeux vidéo. Le mardi, on distribue des paniers de fruits et le vendredi, des bagels. Les employés ont aussi accès à un gym ouvert six jours par semaine.

L'entreprise offre également un service de conciergerie pour employés débordés. Pas le temps de faire poser ses pneus d'hiver?

Pas de problème, Ubisoft s'en charge. Et c'est gratuit. Le même principe s'applique pour un service de femme de ménage, de nettoyeur, de mise au point de bicyclette, alouette

Pour Ubisoft, il s'agit de créer un environnement qui stimule la créativité des troupes, soutient Cédric Orvoine, le responsable des relations publiques de l'entreprise.

«La créativité, pour nous, c'est la clé. Et on ne peut pas être créatif juste de 8 à 5», indique-t-il.

Plusieurs entreprises des technologies de l'information partagent cette philosophie. Par exemple, chez Autodesk, une entreprise qui développe des logiciels, le déjeuner est gratuit et la machine à expresso est fournie.

Le vendredi après-midi, les salariés peuvent déguster une bière ou un verre de vin tout en jasant avec leurs collègues.

Mais attention. Les employés ont beau avoir une grande liberté, ils doivent, en contrepartie, atteindre les objectifs fixés.

«C'est très soft sur les protocoles, mais assez hard sur les résultats», résume Benoît Fillion, directeur des ressources humaines chez Autodesk.

Pour sa part, Softimage, une entreprise qui oeuvre dans le domaine des logiciels, a voulu créer un environnement relaxant en installant des tables de billard et de mini soccer dans la cafétéria.

Les employés bénéficient aussi des services d'un massothérapeute toutes les deux semaines.

Récemment, Softimage a reçu le prix «Entreprise vélosympathique» décerné par Vélo Québec. L'entreprise offre notamment un parc de stationnement et un vestiaire muni de douches à ses employés cyclistes.

Générosité ou rentabilité?

Tous ces avantages relèvent-ils d'une générosité pure et simple de la part de l'employeur? Selon Michel Tremblay, professeur aux HEC Montréal et titulaire de la chaire de commerce Omer DeSerres, les entreprises octroient ces bénéfices surtout pour attirer des travailleurs qualifiés.

«La main-d'oeuvre est rare et elle a le choix des employeurs. Ceux-ci essaient donc d'être bons et généreux», dit-il.

Le but des entreprises est aussi de garder leurs employés en santé. «Il y a une volonté d'augmenter la productivité et réduire le nombre de congés de maladie», poursuit M. Tremblay.

«Ce n'est pas juste de la charité et de la philanthropie, souligne Normand Fafard, conseiller en ressources humaines agréé et associé chez Normandin Beaudry. C'est good for business d'avoir des employés en santé.»

D'où ça vient?

Selon M. Fafard, le fait d'offrir des avantages autres que le salaire est une tendance américaine. Le phénomène a commencé dans les années 90, dans le secteur des technologies de l'information.

À l'époque, il était difficile de trouver de la main-d'oeuvre qualifiée dans ce nouveau domaine, explique-t-il. «En plus des salaires intéressants, il fallait offrir toutes sortes d'avantages.»

Mais les fermetures d'entreprise qui ont suivi l'éclatement de la bulle technologique, au début des années 2000, ont refroidi les employeurs. «Ces avantages ont disparu aussi vite que la bulle a éclaté», poursuit-il.

Aujourd'hui, les entreprises ont recommencé à distribuer les avantages, mais le secteur des technologies de l'information n'est plus le seul à en bénéficier.

«D'autres domaines ont vécu ou anticipent une pénurie de main-d'oeuvre», explique M. Fafard.

Le Cirque du Soleil est un exemple d'entreprise qui offre une panoplie de services à ses employés, sans être dans le secteur du multimédia.

Plusieurs de ces bénéfices touchent le domaine du spectacle: billets gratuits pour le Cirque, mais aussi pour des spectacles de danse ou de théâtre, tirages pour des voyages à Las Vegas ou à New York.

Les employés ont aussi droit à des représentations gratuites, présentées par des artistes qui se remettent d'une blessure ou qui sont en perfectionnement.

La cantine fait également partie de la marque de commerce du Cirque. Oubliez les repas fades et douteux: le chef François Martin offre une variété de petits plats originaux, d'une qualité exemplaire, et qui portent tous des noms particuliers.

L'expérience gastronomique ne s'arrête pas là. Les employés sont aussi conviés à des BBQ, ou à se régaler de tire sur neige. Et certains vendredis, un chariot rouge équipé d'une clochette arpente les couloirs en distribuant du maïs soufflé chaud et beurré.

Ces avantages ne garantissent peut-être rien aux employeurs, mais peuvent avoir un effet positif sur l'attitude des salariés, constate Michel Tremblay, des HEC.

«Dans une certaine mesure, les employés vont travailler plus, parce qu'ils n'ont pas le sentiment d'être achetés. Ils ont plutôt le sentiment d'être bien traités.»

Saviez-vous que...

- Ubisoft a la réputation d'organiser des fêtes légendaires.

- CGI, récemment nommé parmi les 15 meilleurs employeurs à Montréal, offre un programme d'achat d'actions. Les employés - chez CGI, on les appelle plutôt «membres» - qui détiennent des actions sont en quelque sorte propriétaires de l'entreprise.

- La société pharmaceutique Merck Frosst, qui se taille une place parmi les 100 meilleurs employeurs au Canada, offre non pas une, mais deux garderies. Elles peuvent accueillir jusqu'à 150 bambins.

- Chez Google, les employés peuvent profiter d'un système de navette qui les transporte au travail. La navette est équipée de sièges en cuir et d'un accès wi-fi à l'internet.

Une façon amicale de glaner quelques heures supplémentaires de travail aux employés, au lieu de les laisser rager derrière leur volant.

- Google offre aussi une panoplie de services: petits plats préparés par des chefs, coiffeur, médecin, mur d'escalade, terrain de volley, piscines, locaux pour chiens.

Les ingénieurs peuvent aussi consacrer 20 % de leur temps rémunéré à des projets personnels.

- Après un an, cinq ou dix ans de service, les employés du Cirque du Soleil reçoivent un manteau avec l'emblème du Cirque. Après 15 ans, les salariés reçoivent une oeuvre d'art, créée par un artiste de la relève.

Celui-ci peint 15 reproductions presque identiques de la même oeuvre, qui sont distribuées aux 15 prochains employés qui fêtent leurs 15 ans. Quand il n'y en a plus, le même manège se répète, mais avec un autre artiste.

- L'entreprise québécoise Papiers Cascades, qui a aussi été nommée parmi les 100 meilleurs employeurs au Canada, donne une somme d'argent aux salariés qui veulent construire ou acheter une maison.

Toutefois, cette norme s'applique seulement à ceux qui travaillent à Kingsey Falls, où est situé le siège social de l'entreprise, ou dans certaines municipalités.