Les conseillers financiers serinent aux futurs retraités qu'ils auront besoin de l'équivalent des trois cinquièmes de leurs revenus d'emploi pour couler leurs vieux jours comme un fleuve tranquille.

Les conseillers financiers serinent aux futurs retraités qu'ils auront besoin de l'équivalent des trois cinquièmes de leurs revenus d'emploi pour couler leurs vieux jours comme un fleuve tranquille.

Eh bien non, c'est plutôt quatre cinquièmes.

Et les Canadiens sont très loin du compte avec une épargne moyenne qui correspond à environ la moitié du remplacement de leur revenu d'emploi, selon l'analyse d'un vaste sondage mené par Fidelity Investments auprès de 2200 Canadiens âgés d'au moins 25 ans.

La firme de Boston, qui se classe huitième au Canada pour les ventes de fonds communs de placement, a calculé qu'un Canadien gagnant 80 000 $ en 2007 aura besoin de 68 249 $ à la retraite pour maintenir son style de vie. Cela correspond à 85 % de son revenu d'emploi.

Présentement, les Canadiens en sont bien loin avec 50 % en moyenne. À 53 %, le Québécois sort champion, mais d'un bien triste palmarès.

S'il est vrai que les gens âgés de 41 ans à 60 ans paraissent mieux préparés, ils restent encore bien loin du compte avec un taux de remplacement de 58 % seulement au Québec, ici encore champion canadien.

"Un taux de remplacement de 50 % minera sûrement les capacités de jouir d'une retraite agréable et active pour plusieurs tandis que, pour certains, il sera synonyme de difficultés à régler même les dépenses les plus essentielles", prévient-on.

Pour les gens à faible revenu, le Régime des rentes du Québec et la Sécurité de la vieillesse fédérale combleront en grande partie leurs revenus d'emploi.

Pour les plus hauts salariés, en revanche, il faudra compter surtout sur l'épargne personnelle et sur un régime de retraite parrainé par l'employeur, s'ils ont la chance d'y participer.

L'étude de Fidelity intitulée "Le nouveau visage de la retraite au Canada-Des solutions nouvelles pour des temps nouveaux" s'appuie sur des données démographiques et statistiques pour tirer ses conclusions. Ainsi, depuis 14 ans, la proportion des travailleurs canadiens participant à un régime à prestations déterminées (PD) est passée d'un sur trois à un sur quatre. Or, le régime PD garantit à vie le montant des prestations auxquelles auront droit ses participants. Les employeurs tendent à les remplacer par des régimes à cotisations déterminées, souvent à adhésion volontaire, qui ressemble à un régime enregistré d'épargne-retraite dans lequel l'employeur souscrit un certain pourcentage (4, 5 ou 6 %) du salaire du participant, si ce dernier en fait autant.

L'étude de Fidelity montre aussi que les retraités, surtout dans les premières années qui suivent leur sortie du marché du travail, maintiennent en général leur train de vie. Si les revenus de retraite ne sont pas au rendez-vous, alors l'appauvrissement sera plus rapide. Il pourrait survenir d'autant plus vite que l'âge de la retraite est de plus en plus jeune (61 ans en moyenne) alors que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter.

Beaucoup de Canadiens découvrent que la seule issue consiste à travailler plus longtemps.

Ceux qui comptent sur la vente de leur maison pour combler le manque à gagner font en général fausse route. L'expérience montre que les gens sont en général réticents à quitter leur quartier, leurs amis, leur routine.

Fidelity étant spécialisée dans la planification financière, on ne sera pas étonné qu'elle préconise le recours à un conseiller pour mieux planifier sa retraite.

Recommandations

Cela dit, la firme formule une série de recommandations. Aux particuliers, elle suggère l'épargne automatique et l'acquisition de connaissances financières.

Aux employeurs, elle propose de procurer l'essentiel à leurs employés, soit un régime de retraite, à les inciter à y participer quand ce n'est pas obligatoire (37 % ne le feraient pas) et à motiver les plus âgés pour qu'ils restent au travail.

Aux gouvernements enfin, Fidelity conseille d'abolir l'âge obligatoire de la retraite, de hausser l'âge maximum (71 ans) pour cotiser au Régime des rentes, d'assouplir quelques règles des régimes PD comme l'accès aux surplus ou les limites des cotisations maximales et d'imposer l'adhésion automatique aux régimes à cotisations déterminées, comme c'est le cas aux États-Unis, depuis l'an dernier.