Pour la cinquième fois depuis mars, la Chine a relevé vendredi ses taux d'intérêt dans l'espoir de freiner les pires tendances inflationnistes depuis 1996 et la spéculation sur les marchés boursier et immobilier.

Pour la cinquième fois depuis mars, la Chine a relevé vendredi ses taux d'intérêt dans l'espoir de freiner les pires tendances inflationnistes depuis 1996 et la spéculation sur les marchés boursier et immobilier.

Mais les experts doutent que cela sera la dernière hausse.

Le taux directeur est ainsi passé de 7,02% à 7,29%, un sommet en neuf ans. Il s'élevait à 6,12% le 17 mars dernier.

En raison d'un excédent commercial qui a atteint un niveau record de 161,8 milliards US au cours des huit premiers mois de l'année, la Chine a dégagé des surplus de liquidités qui alimentent une inflation deux fois supérieure au taux cible de la banque centrale, tout en accroissant les risques d'une bulle spéculative.

Le premier ministre Wen Jiabao tente de refroidir les ardeurs de l'économie la plus dynamique de la planète, mais sans provoquer de ralentissement brusque qui pourrait provoquer des pertes d'emploi et des fermetures d'usine.

«L'inflation est la principale source d'inquiétude du gouvernement, a déclaré San Feng, économiste au Centre d'information d'État, à Pékin. Comme les dépôts bancaires génèrent des rendements négatifs, cela stimule l'investissement et la spéculation à la Bourse et sur le marché immobilier.»

La banque centrale de Chine veut resserrer sa politique monétaire et mieux contrôler le crédit, guider la croissance de l'investissement et stabiliser les perspectives inflationnistes. Le taux sur les dépôts à un an passera de 3,6% à 3,87%.

Les taux sont susceptibles de remonter encore cette année, selon Dariusz Kowalczyk, stratège en chef chez CFC Seymour, Glenn Maguire, économiste en chef pour l'Asie à la Société Générale, et Jing Ulrich, président de la division des investissement en Chine chez JPMorgan Chase.

La dernière hausse remonte a il y a moins d'un mois.

L'intervention chinoise contraste avec les efforts des banques centrales ailleurs dans le monde qui tentent de stimuler l'accès aux liquidités depuis le resserrement du crédit provoqué par la débâcle du marché des prêts hypothécaires aux États-Unis.

La Chine veut «prévenir tout dérapage des perspectives inflationnistes» et contenir l'afflux de capitaux vers un marché boursier surchauffé, a dit Julian Jessop, économiste chez Capital Economics, à Londres.

La valeur du CSI 300, principal indice boursier en Chine, a quadruplé en 12 mois.

En août, le prix moyen des maisons dans 70 grandes villes affichait une augmentation annuelle de 8,2%.

La quatrième économie de la planète a connu une croissance annuelle de 11,9% au cours du second trimestre. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le Chine devrait être le principal moteur de la croissance mondiale cette année.

La flambée des prix à la consommation nuit aux efforts du gouvernement visant à freiner la bulle spéculative.

Les ménages investissent sur les marchés boursier et immobilier plutôt que de laisser l'inflation éroder la valeur de leurs dépôts bancaires.

Le mois dernier, le gouvernement a réduit de 20% à 5% le taux d'imposition des intérêts créditeurs afin de stimuler l'épargne.

Les efforts du gouvernement visant à endiguer l'inflation et la croissance de la masse monétaire pourraient accélérer l'appréciation du yuan, a dit Craig Chan, stratège des marchés de change chez Lehman Brothers Asia, à Singapour.

La valeur des exportations seraient plus élevées, ce qui pourrait contribuer à ralentir l'afflux de liquidités en Chine.

«C'est l'occasion d'acheter des yuans et de miser sur sa force, non seulement face au dollar américain, mais aussi face à d'autres devises», a dit M. Chan.

La valeur de la monnaie chinoise «pourrait dépasser» les prévisions de Lehman, soit un dollar américain à 7,45 yuans en fin d'année.

Le yuan s'est apprécié de 10% face au billet vert depuis l'abandon du taux de change fixe en juillet 2005.