Ayant passé sa jeunesse en milieu rural non loin de Paris, Christophe Perrin a longtemps restauré de vieilles voitures de marque Porsche. Puis un jour, une grande envie de vivre de la terre l'a étreint.

Ayant passé sa jeunesse en milieu rural non loin de Paris, Christophe Perrin a longtemps restauré de vieilles voitures de marque Porsche. Puis un jour, une grande envie de vivre de la terre l'a étreint.

Avec sa conjointe, Estelle Gagnon, il a d'abord rêvé de vignes pour ensuite se tourner vers la culture du cassis et des bleuets.

"Pour moi, compte tenu de mes origines, c'était un retour à la terre. J'avais connu ce style de vie plus jeune", raconte le copropriétaire de la Ferme Pérignon, qui s'est établi au Québec au début des années 1970.

C'est parce que les plants de bleuets et le cassis sont mieux adaptés au climat du sud du Québec, en comparaison de la vigne, que le couple a décidé de cultiver ces fruits après l'achat d'une terre à Hatley en 1994.

Les bleuets, on le sait, prolifèrent dans la région du Lac-St-Jean, pourtant bien plus au nord que l'Estrie. Mais le choix du cassis est peut-être plus surprenant pour certains.

"Les gens pensent souvent que ce fruit pousse dans les zones plus chaudes. Mais ce n'est pas le cas. À l'origine, on le retrouvait en Russie, en Pologne et en Norvège. Le fait qu'on en cultive en France et qu'il existence une ville nommée Cassis près de Marseille mêle probablement le public."

Christophe Perrin et sa conjointe ne se sont pas cassé la tête pour rentabiliser leurs 4000 plants de bleuets. Ils les ont rendus accessibles au grand public, qui est invité à en faire lui-même la cueillette. Le succès semble au rendez-vous pour cette portion des activités de l'entreprise. "On ne manque pas de clientèle de ce côté", assure le producteur.

Permettre de l'auto-cueillette dans les champs de cassis n'aurait sans doute pas été très vendeur. C'est pourquoi le couple a cherché à créer différents produits fabriqués à partir de ce fruit.

"On a essayé les confitures en premier, mais on a laissé tomber. À cause des normes qui existent, ce n'est pas simple de faire ce genre de choses pour des petits producteurs comme nous", indique M. Perrin.

Par la suite, la Ferme Pérignon a développé un nectar de cassis, pouvant être employé de diverses manières. Elle offre toujours ce produit, mais ne semble pas miser énormément sur lui. De plus, elle vend des purées de fruits utilisées dans la fabrication de sorbets.

Ce sont toutefois les trois boissons alcoolisées de l'entreprise qui apparaissent comme ses produits vedettes. Il s'agit d'un kir, d'une crème de cassis et d'un vin apéritif.

Nommé Le Massawippi, le kir contient du cidre et du cassis. Parce qu'il n'a que sept pour cent d'alcool, l'entreprise a le droit de transiger directement avec les épiciers plutôt que d'avoir à le commercialiser par le canal de la SAQ Alimentation. Cela représente un net avantage pour elle.

Il faut par contre obligatoirement se rendre dans une succursale de la Société des alcools du Québec pour dénicher une bouteille de crème de cassis. Ce produit a récemment valu à l'entreprise la coupe or de la Coupe des Nations, un concours ayant lieu à Québec auquel participent des dizaines de producteurs de boissons alcoolisées.

"À mon avis, c'est une des meilleures crèmes de cassis au monde, déclare le producteur. Entre autres, elle est moins acidulée et sucrée que plusieurs de ses concurrentes."

Dans le futur, Christophe Perrin aimerait bien lancer ce produit en France, où la population est amatrice de ce type de boissons. Il montre également beaucoup d'intérêt pour l'immense marché américain. Mais il préfère ne rien brusquer.