Le groupe Air France-KLM a annoncé jeudi qu'il explorait une éventuelle fusion avec son partenaire Alitalia en difficulté, tout en rappelant exiger au préalable une restructuration en profondeur pour ce mariage qui suscite les réserves du gouvernement italien.

Le groupe Air France-KLM a annoncé jeudi qu'il explorait une éventuelle fusion avec son partenaire Alitalia en difficulté, tout en rappelant exiger au préalable une restructuration en profondeur pour ce mariage qui suscite les réserves du gouvernement italien.

"A la demande d'Alitalia, nous avons ouvert une phase d'échange exploratoire", a déclaré le président d'Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta, lors de la présentation des résultats semestriels du premier groupe aérien européen.

"Depuis l'origine", a rappelé M. Spinetta, "les relations avec Alitalia ont toujours intégré une perspective de fusion à terme". Alitalia et Air France-KLM, partenaires au sein de l'alliance Skyteam depuis 2001, ont échangé une participation de 2% en 2002.

"Mais nous avons encore besoin de réponses sur trois points: le plan d'Alitalia est-il susceptible d'arriver à un équilibre économique satisfaisant pour la compagnie? Partageons-nous une même vision de la stratégie et du futur? Et quelles seraient les synergies qui résulteraient" d'un rapprochement, s'est interrogé le patron d'Air France-KLM, groupe lui-même né de la fusion des compagnies française et néerlandaise en 2004.

A la Bourse de Paris, les investisseurs ont très mal réagi à cette perspective. L'action Air France-KLM a chuté de 6,54% en clôture à 30,14 euros, dans un marché en baisse de 0,51%. Le titre Alitalia a lui aussi terminé en baisse de 2,21% à 0,92 euro à la Bourse de Milan.

Selon le directeur général délégué du groupe, Pierre-Henri Gourgeon, ces échanges de vue, amorcés "il y a moins d'un mois", pourraient durer "quelques semaines".

M. Spinetta a enfoncé le clou. "On n'est pas en discussion. On n'est pas en négociation", a-t-il réitéré jeudi soir sur la chaîne I-télé, en soulignant qu'"avant de s'engager dans un projet très ambitieux, il faut soigneusement mesurer l'intérêt économique de ce projet".

Alitalia a confirmé avoir noué des contacts avec Air France-KLM mais ceux-ci "sont encore dans une phase initiale et ne sont pas exclusifs". La compagnie nationale italienne explorerait en parallèle des opportunités d'alliance en Asie.

Depuis plusieurs mois, Air France-KLM insiste, en réaction à des rumeurs récurrentes de rapprochement, sur le fait qu'elle n'envisagera une fusion qu'après un redressement d'Alitalia, qui s'attend pour 2006 à une perte nette supérieure aux 167 millions d'euros de l'an dernier.

En octobre, M. Spinetta avait évoqué à demi-mot les conditions d'Air France-KLM pour épouser Alitalia. Rappelant l'existence en Italie de deux plateformes de correspondance, Rome et Milan, il avait affirmé qu'il y aurait "des choix à faire".

En outre, Alitalia, confrontée à une vive concurrence sur son réseau moyen-courrier, "souffre d'un problème de revenus". Dans ce cas, "il faut se demander s'il faut maintenir ou supprimer un certain nombre de lignes déficitaires", avait suggéré M. Spinetta.

Selon le Corriere della Sera, Air France-KLM demande le départ de 200 pilotes (soit un sur 10) et de 300 à 400 assistants de vol sur 5.000, ainsi que l'arrêt de trois avions longs-courriers et de 20 moyens-courriers.

Le dossier Alitalia sera évoqué vendredi entre le président du conseil italien Romano Prodi et le président Jacques Chirac lors du sommet franco-italien de Lucques (centre de l'Italie).

Dans une entretien au Figaro jeudi, M. Prodi affirme avoir "beaucoup de doutes" sur les intentions d'Air France concernant la compagnie aérienne italienne, détenue à 49,9% par l'Etat.

"Veut-elle créer un grand groupe européen de transport aérien dans lequel l'Italie ait aussi sa place ou simplement s'emparer du marché italien du transport aérien, qui est grand et riche?", ajoute-t-il.

dab/ft/mr t