Les gestionnaires de fonds d'actions canadiennes travaillent sûrement très fort. Pourtant, ils arrivent rarement à offrir à leurs clients des rendements supérieurs aux indices du marché boursier.

Les gestionnaires de fonds d'actions canadiennes travaillent sûrement très fort. Pourtant, ils arrivent rarement à offrir à leurs clients des rendements supérieurs aux indices du marché boursier.

Selon des données colligées par Standard & Poor's, moins de 10% des fonds communs de placement à gestion active sont parvenus à battre l'indice composite S&P/TSX au cours des cinq dernières années. La performance des gestionnaires a été légèrement supérieure pendant les neuf premiers mois de 2006: 26,7% de ces fonds ont surpassé l'indice.

Selon l'analyste David O'Leary, de Morningstar Canada, une société qui se spécialise dans l'évaluation des fonds, il faut faire une distinction entre les fonds qui sont réellement gérés de façon active et ceux qui ne le sont pas vraiment.

"Certains fonds ont pratiquement les mêmes titres que les indices et ils sont pratiquement pondérés de la même façon, déclare-t-il. Mais les sociétés de gestion ont avantage à dire qu'il s'agit de fonds gérés de façon active parce qu'ils peuvent ainsi imposer des frais de gestion plus élevés. Lorsque vous avez un fonds qui ressemble de près à l'indice, et que vous soustrayez des frais de gestion de 2,5%, il est bien difficile de le battre."

Selon lui, les fonds d'actions canadiennes véritablement gérés de façon active battraient l'indice dans une proportion de 40, 50, ou même 60%.

Luc R. Fournier, gestionnaire d'actions canadiennes à L'Industrielle Alliance, rappelle que les fonds communs de placement conservent toujours une petite fraction des montants investis sous forme d'argent liquide. Lorsque le marché boursier est en hausse, c'est un désavantage.

"Le fait qu'on ait cette encaisse, et qu'elle ne génère pas des rendements de 10%, cela veut dire qu'on ne bat pas les indices", déclare-t-il.

Mais à l'inverse, cette encaisse peut protéger les fonds en cas de baisse rapide des marchés boursiers. "Il y a plus de fonds qui battent les indices dans un marché baissier", soutient-il.

Il ajoute que les gestionnaires d'expériences, qui ont vécu la débandade des Nortel et compagnie, deviennent circonspects lorsqu'une société ou un secteur prend trop d'importance dans un indice.

"Il ne faut pas en mettre trop, on ne sait jamais quand ça va virer, lance-t-il. Mais lorsqu'on est moins pondéré que l'indice dans un secteur qui performe, comme ça a été le cas avec l'énergie, c'est sûr qu'on manque la game."

Les gestionnaires de fonds de placement d'actions canadiennes ont une meilleure performance lorsqu'il est question de sociétés de petite capitalisation: au cours des cinq dernières années, 47,2% de ces fonds ont battu l'indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX. David O'Leary affirme que les gestionnaires de fonds suivent un peu moins les indices dans cette catégorie de titres parce qu'aucun indice ne fait l'unanimité et parce qu'un grand nombre de sociétés ne font partie d'aucun indice.

Il ajoute que les sociétés de petites capitalisation sont beaucoup moins suivies par les analystes, il y a moins de rapports de recherche à leur sujet.

"Le gestionnaire de fonds professionnel qui investit dans ce secteur apporte de la discipline et de la connaissance, déclare-t-il. Il a plus de chance de trouver des titres mal évalués et d'en tirer avantage."

Yves Michaud, président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, tire quand même à boulets rouges sur l'industrie des fonds de placements.

"Quand on achète un fonds de placement d'un gestionnaire, c'est lui faire une confiance aveugle, affirme-t-il. La prudence, l'intelligence de l'investisseur, c'est d'investir dans des actions de sociétés dont il connaît la performance, la valeur économique ajoutée, le conseil d'administration. Personnellement, je n'ai pas de fonds de placement, et je n'en recommanderais pas."