Tout porte à croire que Robert Dépatie a «avalé de travers» les déclarations de Karen Redford, présidente de Telus Québec, qui s'oppose à l'idée de réserver du du spectre sans-fil à Vidéotron.

Tout porte à croire que Robert Dépatie a «avalé de travers» les déclarations de Karen Redford, présidente de Telus Québec, qui s'oppose à l'idée de réserver du du spectre sans-fil à Vidéotron.

C'est du moins ce que l'on peut croire avec l'allocution qu'il a prononcée jeudi midi devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Il y a deux semaines, à quelques mois d'une enchère du gouvernement fédéral pour des fréquences sans fil, Mme Radford a sonné la charge contre Vidéotron. Elle déclarait que la filiale de Quebecor Média devait payer le même prix que les autres.

De son côté, Vidéotron espère qu'Industrie Canada lui réservera une partie des fréquences afin de faciliter l'entrée d'un quatrième concurrent alors que Rogers (qui détient aussi Fido), Telus et Bell contrôlent les fréquences. Ainsi, la compagnie québécoise pourrait bâtir son réseau au lieu de faire une location auprès de Rogers.

«Selon certains membres de l'industrie, dit Robert Dépatie, le fait de rendre une partie du spectre accessible à de nouveaux joueurs revient à demander aux contribuables de les subventionner. Je n'hésite pas à dire qu'il s'agit d'un argument risible et ceci, pour deux raisons.»

«La première, enchaîne le grand patron de Vidéotron, c'est que ces entreprises oublient qu'elles ont elles-mêmes bénéficié de ces mêmes conditions avantageuses pour acquérir du spectre par le passé. À leurs débuts, en 1984, Bell, Cantel, Quebec Tel et BC Tel ont tous reçu du spectre, réservé et sans frais d'acquisition.»

Le même scénario s'est produit en 1995, rappelle le dirigeant. Microcell (Fido, avant son achat par Rogers) et Clearnet ont eu leur chance.

Deuxièmement, M. Dépatie nie demander un cadeau au gouvernement fédéral.

«Ce que nous proposons, corrige-t-il, c'est deux choses l'un  : soit que le gouvernement réserve une partie du spectre qui sera mis à l'encan à de nouveaux venus, une pratique répandue dans le monde et utilisée au Canada dans le passé. Soit qu'il impose un plafond sur la quantité de spectre que les joueurs actuels pourront acquérir.»

Selon Robert Dépatie, il y a de la place pour tout le monde dans le sans-fil. À titre de preuve, il souligne que Verizon, Sprint et AT&T se partagent 179 MHz de spectre pour desservir 168 millions de clients aux États-Unis.

Comparativement, Rogers, Telus et Bell se divisent 195 MHz pour... 15 millions de clients.

Le grand manitou de Vidéotron qualifie donc de «sans aucun fondement» l'allégation de Karen Radford, de Telus, selon laquelle la filiale de Quebecor Média veut être privilégiée et n'investira pas autant que ses concurrentes.

«Nous ne demandons pas une subvention, précise-t-il, nous demandons au gouvernement de permettre que de nouveaux joueurs soient autorisés à livrer une véritable concurrence aux entreprises en place. Je rappellerai d'ailleurs à Mme Radford que nous nous sommes engagés à investir au moins un demi-milliard de dollars dans notre nouveau réseau sans fil.»

Au passage, M. Dépatie ne se gêne pas pour servir une baffe aux acteurs qui dominent présentement dans le sans-fil au Canada. Il soutient que la facture de l'utilisateur moyen est 60% plus élevée ici qu'aux États-Unis, croit que les services offerts ici «sont à des prix qui défient l'imagination» et il se demande pourquoi.

En somme, une raison de plus de faire entrer Vidéotron dans la danse...

«Une déclaration [comme celle de Karen Radford] ne témoigne que d'une chose, à mon avis : la peur des joueurs en place d'avoir tout d'un coup des vrais concurrents, qui vont offrir des prix plus avantageux aux consommateurs et qui vont les forcer à réduire leurs propres tarifs.»