Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a annoncé lundi qu'il retire une mesure controversée de son budget de mars dernier qui mettait fin à la possibilité pour les entreprises canadiennes de profiter de déductions fiscales sur les intérêts de leurs investissements à l'étranger.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a annoncé lundi qu'il retire une mesure controversée de son budget de mars dernier qui mettait fin à la possibilité pour les entreprises canadiennes de profiter de déductions fiscales sur les intérêts de leurs investissements à l'étranger.

Ottawa ne permettra toutefois pas aux entreprises de continuer à bénéficier de déductions fiscales d'intérêts dans plus d'un pays.

Le ministre a ainsi réagi aux pressions du milieu des affaires, selon qui la mesure contenue dans son budget lui ferait perdre plus de 1 milliard $ et nuirait à la compétitivité des entreprises canadiennes.

Devant les invités de la Chambre de commerce de Toronto, lundi matin, M. Flaherty a annoncé que les entreprises canadiennes pourront déduire les intérêts sur les prêts liés à leurs investissements à l'étranger, mais qu'elles ne seront pas autorisées à pratiquer le dédoublement en cette matière.

Des entreprises déduisent actuellement ces intérêts au Canada et ont recours à des paradis fiscaux et à d'autres mécanismes d'évitement fiscal afin d'obtenir une autre déduction pour la même dépense de placement.

«Voilà l'endroit où il faut tracer la ligne, a affirmé M. Flaherty. Aucune entente spéciale. Aucun avantage tiré des paradis fiscaux. Aucun traitement particulier pour un petit groupe de privilégiés.»

Une période de transition de près de cinq ans est prévue pour l'application des nouvelles règles.

Dans son effort de lutte contre les paradis fiscaux visant à améliorer l'équité fiscale, le ministre a par ailleurs indiqué qu'un comité consultatif d'experts sera chargé de trouver des moyens d'accroître l'équité et la compétitivité du régime de fiscalité internationale du Canada.

Le discours de M. Flaherty, durant lequel il a utilisé le langage du «gros bon sens», n'a pas semblé soulever l'enthousiasme des représentants des milieux d'affaires torontois à qui il s'adressait lundi.

Son allocution d'environ 20 minutes, a été accueillie par des applaudissements polis de la part de l'audience.

À Ottawa, Paul Crête, porte-parole du Bloc québécois en matière de finances a estimé que les changements apportés par Flaherty aux mesures fiscales sont «un aveu que sa motion d'origine n'était pas parfaite».

«On va voir ce qui ressort des travaux du comité d'étude, mais au moins on se donne du temps», a-t-il dit.

Cependant, M. Crête est déçu que le ministre ne parle nulle part de la Barbade, un paradis fiscal très utilisé par les Canadiens, alors qu'il dit partout vouloir faire la lutte aux paradis fiscaux.

Selon lui, la possibilité de déduire les intérêts sur des placements faits à l'étranger est «l'un des outils pour faire face à la compétition mondiale».

«Mais dire que la fusion Alcoa-Alcan découlait de cette mesure là, c'est étirer l'élastique», a affirmé M. Crête.