Qu'est-ce qui est rare, qui coûte près de 1 milliard de dollars et qui risque d'embêter royalement le gouvernement de Jean Charest à l'approche des élections ?

Qu'est-ce qui est rare, qui coûte près de 1 milliard de dollars et qui risque d'embêter royalement le gouvernement de Jean Charest à l'approche des élections ?

Ce sont les terminaux méthaniers qui pourraient être construits dans l'est du Québec et qui suscitent encore beaucoup de controverse.

L'un des deux projets, Énergie Cacouna de Pétro-Canada, a déjà obtenu le feu vert conditionnel de la commission environnementale fédérale-provinciale qui l'a examiné. Il ne manque plus que l'accord gouvernemental, qui tarde à venir.

Le projet Rabaska, à Lévis et piloté par Gaz Métro, est actuellement scruté en audiences publiques par la même commission, composée du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) et de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale.

De mémoire de BAPE, on n'avait jamais vu ça : 627 mémoires avaient déjà été déposés lors du début des audiences publiques, lundi dernier.

C'est plus que deux fois le nombre que le BAPE reçoit généralement dans les dossiers qui lui sont soumis, ce qui démontre l'intérêt suscité par les terminaux méthaniers.

Pétro-Canada et TransCanada veulent importer par bateau du gaz naturel liquéfié qui serait regazéifié dans un terminal de 660 millions construit à Cacouna.

Gaz Métro et ses partenaires veulent faire la même chose en face de l'île d'Orléans, dans des installations dont le coût estimé est de 840 millions.

Destiné à des clients de l'Ontario, du Québec et du nord-est des États-Unis, le gaz importé remplacerait graduellement le gaz de l'Ouest canadien dont les réserves diminuent.

" Si on n'accepte pas un projet comme celui-là, on n'acceptera jamais rien ", dit Gaston Déry à propos du projet de Gaz Métro, Enbridge et Gaz de France à Lévis. M. Déry est le porte-parole de Pôle Québec-Chaudière-Appalache, un organisme de développement économique qui soutient le projet.

Dans le mémoire soumis conjointement avec la Chambre de commerce de Québec et la Chambre de commerce de Lévis, l'organisme affirme que la région ne peut laisser passer une telle occasion de développement.

" Des grands projets comme ça, il n'y en a pas deux mille au Québec ", souligne-t-il, en précisant que le terminal méthanier profiterait à toutes les entreprises du Québec, en leur donnant accès à une source d'approvisionnement supplémentaire en gaz naturel.

Le projet aura des impacts sur l'environnement et le milieu de vie de la population environnante, convient Gaston Déry, mais c'est le cas de tous les projets de développement, dit-il.

" Si on ne veut pas accepter ça, arrêtons tout le développement économique et allumons des lampes à l'huile. "

En outre, selon lui, il existe des moyens de limiter ces impacts et le promoteur a démontré qu'il avait l'intention de faire le maximum en ce sens.

Yves St-Laurent, porte-parole de la coalition de citoyens qui s'oppose au projet, est d'accord avec lui sur ce point : Gaz Métro a bien joué ses cartes. " Ils ont fait un travail extraordinaire pour nous vendre l'invendable ", soutient-il.

Pour Yves St-Laurent et les autres opposants au projet, les projets de terminaux méthaniers ne visent qu'un seul objectif, à savoir répondre aux besoins en gaz naturel des Américains qui ne veulent plus de telles installations chez eux.

Partout ailleurs dans le monde, soutient-il, les terminaux méthaniers s'implantent loin des zones habitées, ce qui est loin d'être le cas à Lévis, où 200 familles habitent dans un diamètre de cinq kilomètres de l'emplacement choisi.

Ce qui dérange surtout les opposants à Rabaska, c'est l'arrivée de l'industrie lourde dans leur milieu de vie avec les risques d'incendie, d'explosion ou de déversement qui peuvent survenir dans le processus de manutention de grandes quantités de gaz naturel.

À Gros-Cacouna, qui fait partie de l'Association des plus beaux villages du Québec, la population s'est prononcée majoritairement en faveur du projet de terminal méthanier de Pétro-Canada. Fort de cet appui, le projet semble avoir de meilleures chances de se réaliser que celui de Gaz Métro, qui affronte plus d'opposition parmi la population.

Le projet de Pétro-Canada est toutefois incomplet, puisqu'il doit obligatoirement inclure un gazoduc de 240 kilomètres entre Gros-Cacouna et Saint-Nicolas, où il rejoindra le lien existant qui transporte le gaz naturel vers les clients québécois.

Ce projet de gazoduc estimé à 330 millions doit lui aussi être étudié et approuvé par la commission environnementale avant que le terminal méthanier puisse voir le jour.

Pour transporter son gaz à partir de Saint-Nicolas, Pétro-Canada devra aussi s'entendre avec Gaz Métro, le copropriétaire de ce gazoduc qui dessert le Québec. La solution de rechange, soit construire un autre lien à côté, serait trop coûteuse.

Les deux promoteurs ont donc intérêt à s'entendre, d'autant qu'un seul des deux projets de terminaux méthaniers suffirait pour répondre à la demande prévisible de gaz naturel.

Gros-Cacouna ou Lévis? La réponse appartient au gouvernement québécois.

ÉNERGIE CACOUNA (Pétro-Canada)+ accord conditionnel du BAPE

+ acceptation de la population locale

- projet qui doit être complété par un gazoduc de 250 km

RABASKA À LÉVIS (Gaz Métro)

+ projet connu en entier

+ la Caisse de dépôt est un actionnaire de poids

- contesté par la population locale