Le chef de l'opposition, Mario Dumont, et son collègue adéquiste de Chauveau, Gilles Taillon, lancent le chiffre et accusent le gouvernement Charest de «camouflage» dans ce dossier.

Le chef de l'opposition, Mario Dumont, et son collègue adéquiste de Chauveau, Gilles Taillon, lancent le chiffre et accusent le gouvernement Charest de «camouflage» dans ce dossier.

La Caisse de dépôt et placement du Québec pourrait perdre jusqu'à 4 milliards $ dans la crise dite des «papiers commerciaux», selon l'Action démocratique.

Le chiffre a été lancé mercredi à l'Assemblée nationale par le chef de l'opposition, Mario Dumont, et son collègue adéquiste de Chauveau, Gilles Taillon, qui accusent le gouvernement Charest de «camouflage» dans ce dossier.

L'Action démocratique a tenté à plusieurs reprises hier à l'Assemblée nationale de savoir du premier ministre Jean Charest quelle valeur la Caisse détient en hypothèques à risque et quelle proportion de ces investissements inclut-elle dans d'éventuelles pertes.

Selon des données qui circulent et dont le chef adéquiste a fait état sans les prendre à son compte, la Caisse détiendrait la moitié des 35 milliards $ d'hypothèques à risque possédées au Canada, soit une valeur de quelque 17 milliards $.

Les pertes subies dans ce portefeuille seraient évaluées à une somme variant entre 1,5 milliard $ et 4 milliards $.

À l'Assemblée nationale, M. Dumont a rappelé que toutes les banques canadiennes avaient, au cours des dernières semaines, rendu publiques leurs provisions pour pertes. Dans un geste de transparence, la Caisse, qui gère l'argent de tous les Québécois, devrait en faire autant, ont clamé MM. Dumont et Taillon.

Le député Taillon a même soutenu que, si la Caisse s'était procuré tant d'éléments à risque dans son portefeuille d'investissements, c'est qu'elle avait reçu une commande de rendement très élevé de la part du gouvernement.

Il croit que ce sont les retraités qui vont devoir payer pour ce risque couru par la Caisse. Cette dernière gère les sommes que lui confient notamment la Régie des rentes et le Régime de retraite des employés du gouvernement et du secteur public.

Par comparaison, M. Dumont a rappelé que l'équivalent ontarien de la Caisse, le régime Teachers, avait investi très peu dans les hypothèques à risque, suivant en cela les recommandations de l'agence d'évaluation Standard & Poor's qui jugeait, dès 2002, que ce type d'investissements était fragile.

"Irresponsable"

Pour sa part, tant la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget que le premier ministre Jean Charest ont qualifié le chef de l'Action démocratique "d'ir- responsable" dans ce dossier.

Mme Jérôme-Forget a rappelé que Standard & Poor's avait conservé la cote de crédit AAA, la note la plus élevée, à la Caisse de dépôt et placement, jugeant que la Caisse était entièrement capable de remplir toutes ses obligations financières.

Mme Jérôme-Forget a dit de plus qu'elle avait alerté le président de la Banque du Canada, David Dodge, qui est au courant du dossier.

Elle a aussi rappelé qu'un groupe de travail, créé en septembre dernier et regroupant les principaux acteurs financiers du Canada, était mandaté pour revoir l'ensemble des hypothèques à risque et trouver une façon de limiter les pertes pour les 22 institutions financières qui en détiennent. Le groupe est présidé par l'avocat Purdy Crawford. Le rapport du groupe est attendu pour le début de 2008.

Selon la ministre, ce n'est pas en mettant tous les chiffres sur la place publique qu'on réglera le problème. Mais elle avoue qu'elle n'est pas très heureuse que la Caisse se soit procurée tant de titres hasardeux. "La Caisse va faire son mea-culpa en temps opportun", a-t-elle conclu.

Entre-temps, le président de la Caisse, Henri-Paul Rousseau, comparaîtra devant une commission parlementaire de l'Assemblée nationale la semaine prochaine pour faire le point sur la situation.