Le gouvernement du Québec songerait à mettre aux enchères 20 % de la capacité forestière dans le cadre d'un nouveau régime forestier.

Le gouvernement du Québec songerait à mettre aux enchères 20 % de la capacité forestière dans le cadre d'un nouveau régime forestier.

C'est ce que proposerait le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Béchard, dans un Livre vert qui serait déposé le 15 décembre à l'Assemblée nationale.

Ce projet fait bondir le président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), Guy Chevrette.

«Qu'est-ce qui va nous rester comme sécurité en approvisionnement et sur le contrôle des coûts? Nous avons perdu 22% de la capacité forestière, selon les calculs du Forestier en chef. De plus, 8% sera réservé aux aires protégées. On ajouterait 20% qu'on mettrait à l'encan. C'est le comble ! Il n'y a pas meilleure solution pour faire mourir l'industrie», prétend Guy Chevrette.

Cette orientation serait présentée dans le Livre vert que souhaite faire adopter le gouvernement avant Noël. Cette mise aux enchères pourrait fragiliser davantage des petites entreprises comme les scieries indépendantes, puisqu'elles n'auront pas les capacités financières d'AbitibiBowater pour miser sur le bois.

Selon ce que Le Quotidien a appris, ce livre vert serait déposé le 15 décembre, dans le but d'être adopté le 21 décembre. Suivrait une consultation en 2008 auprès des partenaires de l'industrie.

Sommet

Ce que déplore le plus Guy Chevrette, c'est que le gouvernement travaille en catimini, en parallèle du Sommet sur l'avenir du secteur forestier québécois, qui se tiendra à Québec, du 10 au 12 décembre.

Il a d'ailleurs communiqué son inquiétude au sous-ministre du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Normand Bergeron, dans une lettre datée du 16 novembre.

«Comment interpréter une telle démarche autrement que par le fait que le gouvernement ne participait véritablement aux travaux du Sommet, mais agissait plutôt en arrière-scène en préparant un Livre vert qu'il utiliserait ensuite pour reprendre la consultation d'un peu tout le monde ? C'est l'inverse de ce que nous souhaitons faire en travaillant tous ensemble, de bonne foi, au succès de cette démarche», peut-on lire dans la missive.

Les membres de l'industrie forestière pourraient même reconsidérer leur participation au Sommet, s'il est bidon. Le conseil administration du CIFQ se réunira vendredi. Les membres prendront une décision sur leur présence à cet événement.

«Je ne ferai pas de recommandations, même si ce n'est pas l'envie qui manque. Ça fait un an qu'on travaille sur ce sommet pour dégager des consensus et on va se ramasser simples figurants», témoigne le fougueux pdg.

Le Sommet sur l'avenir du secteur forestier québécois a été divisé en neuf chantiers: la gouvernance, la gestion intégrée des ressources, la gestion par objectifs et résultats, les aires protégées, l'intensification de l'aménagement, l'innovation, la consolidation et la restructuration de l'industrie des produits du bois, la culture forestière et les mesures à court terme.

Le Quotidien a tenté de joindre le bureau du ministre Claude Béchard pour obtenir des précisions, mais nous n'avons pas obtenu de retour d'appel.