Comme la plupart de ses rivaux, le Canadien de Montréal commence sa saison de hockey ce soir (mercredi).

Comme la plupart de ses rivaux, le Canadien de Montréal commence sa saison de hockey ce soir (mercredi).

La saison de la LNH a toutefois commencé samedi dernier à Londres. La visite éclair des Ducks d'Anaheim et des Kings de Los Angeles dans la capitale britannique a relancé le débat sur la présence de la LNH en Europe.

La LNH ne ferme d'ailleurs pas la porte à l'arrivée de clubs européens dans ses rangs. Mais elle reste très prudente.

Et pour cause: les difficultés logistiques sont énormes. Comme les profits potentiels, soutiennent les partisans d'une expansion européenne.

Niet. Alex Kovalev est catégorique. Malgré tout l'amour qu'il voue à sa Russie natale -après tout, n'a-t-il pas déjà été le capitaine de l'équipe nationale, l'honneur ultime qu'on peut faire à un hockeyeur russe? -, l'attaquant du Canadien ne veut rien savoir d'une équipe de la LNH à Moscou.

«Je n'aime pas cette idée, dit le numéro 27 du Tricolore. Il y a déjà tellement de matchs dans la LNH. Je comprends qu'il est important d'exporter notre produit, mais ce serait tout simplement trop difficile d'avoir des équipes en Europe en raison des déplacements et du décalage horaire.»

À 34 ans, Kovalev n'a pas à s'inquiéter: il n'aura jamais à affronter une équipe russe de la LNH. Mais ses jeunes compatriotes, eux, pourraient bien devoir traverser l'océan Atlantique plusieurs fois par saison dans une dizaine d'années.

C'est du moins le souhait de Jean Gosselin, vice-président en marketing sportif à la firme de relations publiques National.

«Si on met de côté l'aspect logistique, le produit de la LNH a plus de chances de marcher en Europe qu'aux États-Unis, dit Jean Gosselin. En Europe, il y a des marchés de qualité qui ne sont pas exploités et qui souhaitent l'arrivée du hockey de calibre de la LNH. La Suède, la Finlande, la République tchèque, la Russie et l'Allemagne sont tous des pays où le hockey a des racines.»

Le spécialiste en marketing sportif chez National est tout aussi catégorique que l'énigmatique attaquant du Canadien.

Soit, la LNH se porte mieux depuis la signature de la dernière convention collective, il y a deux ans. Mais selon lui, le hockey ne suscitera jamais assez d'intérêt aux États-Unis pour intéresser la télévision américaine et ses liasses de billets verts.

«Aux États-Unis, le hockey est un produit régional, voire local, dit Jean Gosselin. Même les Blackhawks de Chicago, l'une des six équipes originales, ont de la misère à survivre. Le hockey est absent des grands réseaux de télévision. La LNH a une entente avec Versus, une chaîne qui, toutes proportions gardées, a un taux de pénétration similaire à celui de canal VOX. La solution serait que la LNH ferme quelques clubs aux États-Unis pour les remplacer par des clubs européens, mais elle ne le fera pas parce qu'elle est contrôlée par des Américains.»

Jean Gosselin a raison: officiellement, la LNH n'est pas favorable à une expansion européenne. Mais elle ne ferme pas la porte à jamais.

«Nous ne considérons pas cette possibilité à court ni à moyen terme, mais nous n'excluons pas cette possibilité dans l'avenir, même si je ne peux même pas mettre un échéancier là-dessus, a dit le commissaire adjoint Bill Daly à La Presse Affaires. Après le lock-out, nous avions d'autres priorités, notamment la stabilité de nos équipes en Amérique du Nord. Maintenant que la situation s'est améliorée, nous pouvons recommencer à penser aux marchés internationaux.»

Si la LNH décide de devenir la première ligue majeure de sport professionnel à traverser l'océan Atlantique, elle ne devra pas compter sur l'appui de la Fédération internationale de hockey sur glace, qui ne veut pas de clubs de la LNH sur le Vieux Continent.

«Nous ne pensons pas qu'il y a un marché en Europe pour une expansion de la LNH. Ce n'est pas réaliste de penser que la LNH peut arriver et remplacer les clubs européens existants, qui sont bien établis dans leur marché. Les amateurs de hockey européen vivent pour les rivalités régionales, un peu comme les partisans du Canadien vivent pour les matchs contre Boston et Toronto», a dit René Fasel, président de la Fédération internationale de hockey sur glace, à La Presse Affaires par l'entreprise de son porte-parole.

Le président de la Fédération internationale doute d'ailleurs que les amateurs de hockey nord-américains veuillent vraiment partager les meilleurs joueurs au monde avec l'Europe.

«Quelle aurait été la réaction des amateurs de hockey en Amérique du Nord si Sidney Crosby avait été repêché par l'Armée rouge de Moscou?» demande Fasel.

Une plus grande présence en Europe

Si René Fasel ne veut pas que la LNH ait un pied-à-terre en Europe, il l'accueillera toujours avec plaisir en visite. Des visites qui pourraient être de plus en plus nombreuses au cours des prochaines années.

«C'est toujours positif quand le hockey parvient à avoir de la visibilité en Europe, dit René Fasel. Cela dit, l'avenir de la LNH passe par des matchs contre des clubs européens.»

Et selon Fasel, l'avenir, c'est la Coupe Victoria, qui sera remise pour la première fois en septembre 2008.

Nommée en l'honneur de la patinoire Victoria de Montréal -qui a accueilli le premier match de hockey organisé en mars 1875-, la Coupe Victoria opposera une équipe de la LNH aux deux finalistes du championnat européen.

Les matchs seront disputés en Europe.

«Les amateurs de ho-ckey européens veulent savoir de quoi leurs meilleurs clubs sont capables contre des équipes de la LNH, dit René Fasel. En fait, ils se posent la question depuis le célèbre match nul de 3-3 entre le Canadien et l'Armée rouge en 1976.»

La LNH ne compte pas seulement sur la Coupe Victoria pour redorer son blason en Europe.

Cette année, elle a joué ses deux premiers matchs de saison régulière en Europe. Une idée de Anschutz Entertainment Group (AEG), le propriétaire des Kings de Los Angeles qui possède aussi l'aréna O2 de Londres, où les Kings et les Ducks se sont affrontés dans la capitale britannique.

«Nous voulons répéter l'expérience sur une base régulière dans l'avenir, promet le commissaire adjoint Bill Daly. Certaines questions de logistique peuvent compliquer la vie des équipes qui doivent se déplacer en Europe, mais la plupart d'entre elles voient cette expérience d'un bon oeil d'un point de vue commercial. D'ailleurs, l'appui des Ducks et les Kings, qui ont joué à Londres le week-end dernier, a été fantastique.»

Par contre, pas question d'envoyer une demi-douzaine d'équipes commencer la saison aux quatre coins de l'Europe dans un avenir rapproché.

«Nous ne voulons pas tant augmenter notre nombre de matchs en Europe que d'en faire un événement annuel que nous pourrions déménager d'un pays à l'autre et qui pourrait intéresser des partenaires commerciaux européens», dit Bill Daly.

Malgré la bonne volonté de la LNH, Jean Gosselin n'en démord pas.

Le circuit Bettman est en train de manquer le coche en étudiant les candidatures de villes américaines comme Kansas City et Las Vegas au lieu de celles de Stockholm et Prague.

«Il y a probablement quatre amateurs de hockey à Las Vegas, dit Gosselin. Et ce sont des Québécois qui travaillent pour le Cirque du Soleil!»

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