Le dollar canadien a subi jeudi sa pire dégringolade en plus d'une semaine tandis que les ventes au détail ont progressé en avril à une cadence moins vive que ce que les économistes avaient prédit.

Le dollar canadien a subi jeudi sa pire dégringolade en plus d'une semaine tandis que les ventes au détail ont progressé en avril à une cadence moins vive que ce que les économistes avaient prédit.

Les investisseurs ont diminué leurs paris que la Banque du Canada haussera son taux directeur plus de deux fois cette année après que l'activité dans le secteur du détail, en excluant les ventes d'automobiles, eut été étale.

Des rapports gouvernementaux publiés cette semaine ont montré que les ventes de gros ont baissé de manière imprévue en avril, baisse la plus marquée en près de quatre ans.

Par ailleurs, une mesure de l'inflation a progressé en mai dans une proportion moindre que ce que les analystes avaient estimé.

«C'est le troisième rapport qui ne correspond pas aux attentes», signale Shaun Osborne, stratège en chef en matière de devises de TD Securities, à Toronto.

«Cela est susceptible de convaincre les investisseurs privilégiant une position acheteur que tous les bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans le prix de la devise canadienne et qu'ils n'auront pas de nouveaux motifs de pousser la devise à la hausse», ajoute-t-il. Une position acheteur est un pari que le huard va s'apprécier.

Jeudi à Toronto, le huard s'échangeait en fin de journée à 93,05 cents US, en baisse de 0,67 cents US par rapport à la veille. C'est la baisse la plus marquée depuis le 12 juin dernier. Un dollar américain achète 1,0747$ CAN.

Les ventes au détail ont progressé de 0,4% en avril, ce qui a fait suite à une hausse révisée de 1,8% en mars, a précisé hier Statistique Canada à Ottawa. Selon l'estimation moyenne de 24 économistes sondés par Bloomberg, le marché prévoyait une hausse de 1%. En excluant les automobiles, il n'y a pas eu de croissance des ventes en avril alors que l'augmentation avait été de 1,1% en mars.

Le taux de rendement des contrats à terme sur les acceptations bancaires de décembre, une indication de ce que seraient les taux d'intérêt au cours de ce mois, a baissé de trois points de base, ou 0,03 point de pourcentage, à 4,91%.

La Banque du Canada a laissé son taux directeur à 4,25% depuis mai 2006. Les décideurs de la banque centrale se réunissent de nouveau le 10 juillet prochain.

La Banque du Canada a fait savoir le 29 mai dernier qu'elle pourrait majorer les taux d'intérêt «à court terme» si l'inflation dépasse sa cible de 2%. Le taux d'inflation fondamentale, qui exclut l'énergie et certains prix dans le domaine de l'alimentation, a grimpé de 2,2% en mai par rapport à un an plus tôt, soit moins que la prévision médiane de 2,3% recueillie lors d'un sondage de Bloomberg.

«Les gens réduisent leurs paris quant à une deuxième hausse de taux», avance Andrew Busch, stratège en matière de devises de Harris Nesbitt Corp., à Chicago, division de la Banque de Montréal.

«La question est de savoir si un dollar canadien plus fort nuit à l'économie», ajoute-t-il.

Le huard s'est apprécié de près de 9% cette année et il a atteint 94,79 cents US le 4 juin dernier, un sommet de 30 ans. Mardi, Greg Sorbara, ministre des Finances de l'Ontario, soutenait qu'un dollar fort faisait mal aux manufacturiers.

Pour leur part, les ministres des Finances des provinces demandent à David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada, de ne pas hausser les taux d'intérêt.

Un rapport de Statistique Canada publié mardi montrait que les ventes de gros avaient reculé de 3,1% en avril comparativement à une progression de 0,4% qu'avaient anticipé les participants à un sondage de Bloomberg.

Le huard a réduit ses pertes en partie au moment où le pétrole brut s'échangeait à près de 70$US le baril, un sommet de neuf mois. Les produits de base tels que le pétrole, l'or, l'argent et le cuivre forment environ la moitié des exportations canadiennes.