Déterminé à faire valoir ses droits, le plombier Benjamin Falardeau s'est plaint auprès de différents organismes depuis trois ans, mais rien ne bouge. Police, autorités boursières, ordre des comptables, tous se défilent devant son dossier.

Déterminé à faire valoir ses droits, le plombier Benjamin Falardeau s'est plaint auprès de différents organismes depuis trois ans, mais rien ne bouge. Police, autorités boursières, ordre des comptables, tous se défilent devant son dossier.

En 2003, Falardeau a d'abord déposé une plainte pour fraude à la police de Montréal, par l'entremise de son détective, Lucien Doucet. Mais la police ne considère par l'affaire comme une fraude, puisque Falardeau a consenti de son plein gré à confier 336400$ d'argent liquide aux courtiers pour investissement aux Bahamas.

Falardeau a ensuite dénoncé son comptable à l'Ordre des comptables agréés, affirmant que c'est lui qui l'a d'abord incité à investir aux Bahamas et l'a référé aux courtiers Marc Beauchamp et Marc Beaudoin. Ce comptable était également le vérificateur des états financiers des deux minuscules entreprises où les deux tiers de son argent ont été engloutis. Devant l'Ordre, le comptable a nié catégoriquement la version de Falardeau; le plombier n'a d'ailleurs pas de preuves documentées contre lui. Dossier fermé.

En 2003, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a aussi été alertée. Mais aujourd'hui, trois ans plus tard, le dossier est toujours dormant au service du contentieux. "L'enquête est terminée et le dossier est rendu au service du contentieux, qui examine la possibilité d'intenter des poursuites ou non. La décision sera prise bientôt. C'est un dossier qui est suivi avec beaucoup de sérieux", affirme le porte-parole de l'AMF, Frédéric Alberro.

Le plaignant sera informé de la décision de l'AMF dès qu'une décision du contentieux aura été prise, nous dit M. Alberro, qui ne peut expliquer la lenteur du processus.

Le printemps dernier, désespéré, Falardeau a décidé de faire une croix sur cette affaire. Mais la publication de l'enquête de La Presse sur Marc Beaudoin et Martin Tremblay, à la mi-novembre, a ravivé le feu qui l'animait. Falardeau a alors contacté La Presse, après avoir déposé une énième plainte, cette fois auprès de l'Association des courtiers en valeurs mobilières (ACCOVAM), l'organisme qui réglemente les conseillers en placement.

"Sa plainte va être prise en considération. Et il sera mis au courant s'il y a enquête ou non", a dit à La Presse Claudine Bienvenu, porte-parole de l'ACCOVAM.

Dès 1998, l'ACCOVAM et la CVMQ avaient enquêté sur les activités de Marc Beaudoin, qui avait alors été congédié par Merrill Lynch pour diverses irrégularités. À l'époque, Beaudoin avait refusé de dire à son patron la provenance d'une enveloppe de 10000$ de billets de banque. Les autorités boursières ont accepté de le réadmettre dans la profession à l'automne 1999 avec des conditions de surveillance particulière, mais Beaudoin est de nouveau viré par son nouvel employeur Canaccord Capital, en novembre 2000, en lien avec le scandale Jitec. Le conseiller en placement passe alors chez Rampart Securities puis, en 2001, chez Research Capital.

Marc Beaudoin a continué de faire l'objet d'une surveillance particulière jusqu'en mai 2002, indique Mme Bienvenu, de l'ACCOVAM. Des rapports mensuels sur son travail ont été transmis aux autorités entre 1999 et 2002 par ses employeurs Canaccord (1999-2000), puis Rampart Securities (2000-2001) et enfin Research Capital. La surveillance a cessé après que les autorités n'eurent pas jugé bon de sévir contre Beaudoin au terme de leurs enquêtes.

"Je n'en reviens pas, je n'en reviens tout simplement pas que personne n'ait rien fait avec mon dossier. J'ai envoyé des courriels à la GRC, à la Sûreté du Québec, à l'Autorité des marchés financiers, à tout le monde et il n'y a jamais rien qui s'est passé. C'est aberrant", dit M. Falardeau, qui affirme avoir consulté son nouvel avocat et son psychiatre avant de raconter sa troublante histoire à La Presse.