Les dépenses de consommation des ménages ont fortement ralenti en août aux Etats-Unis, alors que l'inflation atteignait son plus haut niveau en plus de onze ans, a indiqué vendredi le département du Commerce.

Les dépenses de consommation des ménages ont fortement ralenti en août aux Etats-Unis, alors que l'inflation atteignait son plus haut niveau en plus de onze ans, a indiqué vendredi le département du Commerce.

Les dépenses ont progressé de 0,1% par rapport à juillet et leurs revenus ont augmenté de 0,3%. Les analystes tablaient sur une hausse de 0,2% des dépenses et de 0,3% des revenus.

La hausse des revenus est la plus faible enregistrée depuis novembre 2005.

"Il est clair que l'euphorie des consommateurs touche à son terme", a estimé l'économiste indépendant Joel Naroff.

En juillet, les dépenses avaient augmenté de 0,8% et les revenus de 0,5%.

"Cela va dans le sens de la Fed qu'une modération de l'économie va contenir l'inflation", a-t-il ajouté.

Cependant l'inflation a donné des signes de vigueur persistante.

L'indice mesurant les prix liés aux dépenses de consommation (PCE) a progressé de 0,2%, après +0,3% le mois précédent, et l'indice de base (hors alimentation et énergie) a augmenté de 0,2% après +0,1%.

Cela porte l'inflation annuelle à 3,2% pour l'indice des prix en août (après +3,4%) et à 2,5% pour l'indice de base (après +2,3%).

L'indice PCE de base est celui que privilégie la Réserve fédérale (Fed) pour évaluer l'inflation.

A 2,5%, il est au plus haut depuis avril 1995, et il faut remonter à janvier 1995 pour trouver un chiffre plus élevé. Il est aussi nettement au dessus de ce que la banque centrale juge tacitement acceptable en matière d'inflation (entre 1% et 2%).

Les inquiétudes vis-à-vis de l'inflation s'étaient un peu relâchées ces derniers temps du fait de la baisse des prix de l'énergie, mais une partie des analystes avertit que la menace reste très présente.

"L'inflation pourrait accélérer d'ici la fin de l'année, et si cela se produit la Fed va être dans une position très intéressante", a affirmé M. Naroff.

"Les marchés pourraient appeler à cor et à cri une baisse des taux mais l'inflation être bien trop élevée pour cela", selon lui.

La Réserve fédérale (Fed) fait le pari que le ralentissement de la croissance (2,6% au deuxième trimestre après 5,6% au premier) permettra de ramener l'inflation sous contrôle.

Lors de ses deux dernières réunions, elle a préféré laisser ses taux inchangés à 5,25% pour ne pas étouffer la croissance mais s'est réservé la possibilité de relever de nouveau ses taux en cas de dérapage de l'inflation.

L'inflation a ainsi réduit à la fois les dépenses et les revenus en août : le revenu disponible a progressé de 0,2% et les dépenses ont reculé de 0,1%, baissant pour la première fois depuis septembre 2005.

Les ménages ont moins acheté de biens durables (-1,3%) comme des voitures ou des machines à laver par exemple, et dans une moindre mesure moins de biens non durables (-0,2%). La seule progression a été enregistrée pour les services (+0,1%).

"Pour l'avenir, la confiance des consommateurs a rebondi en septembre du fait de la chute des prix de l'essence et de l'amélioration des perspectives d'inflation. Cependant, il n'est pas sûr que le regain de confiance se traduise par un rebond de la consommation", a estimé Brian Bethune de Global Insight.

L'indice de confiance des consommateurs, établi par l'université du Michigan, a été révisé en hausse à 85,4 points pour septembre contre 84,4 points annoncés initialement et 82 points en août, selon les statistiques publiées vendredi.

"Les comportements d'achat ont été fortement affectés par la détérioration des conditions sur le marché immobilier, donc un rebond est probable en septembre et en octobre mais il ne serait pas surprenant que cette reprise se dégonfle du fait des anxiétés sur l'ampleur et la durée de la correction du marché immobilier", a-t-il ajouté.

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