Le secteur bancaire américain a eu droit à un nouveau lot de mauvaises nouvelles cette semaine, avec des révélations en série sur les pertes et les dépréciations rendues nécessaires par la prolongation de la crise sur le marché des instruments financiers complexes.

Le secteur bancaire américain a eu droit à un nouveau lot de mauvaises nouvelles cette semaine, avec des révélations en série sur les pertes et les dépréciations rendues nécessaires par la prolongation de la crise sur le marché des instruments financiers complexes.

Quatre grandes banques ont préparé le marché à d'autres mauvaises nouvelles, dans quelques paragraphes prospectifs glissés dans leurs rapports trimestriels d'activité, qui ont attisé l'extrême nervosité du marché.

Morgan Stanley, JPMorgan, Bank of America et Wachovia ont reconnu qu'elles allaient probablement devoir procéder à de nouvelles dépréciations d'actifs au quatrième trimestre, après un troisième trimestre déjà bien douloureux.

Les démissions

Ces révélations surviennent une semaine après la démission des PDG de deux banques prestigieuses, Citigroup et Merrill Lynch, payant le prix d'une stratégie impitoyable sur les placements à risques qui a conduit à des pertes encore plus lourdes que celles initialement annoncées aux administrateurs.

Dans le détail, Morgan Stanley a prévenu que son bénéfice net serait amputé de 2,5 milliards sur les deux premiers mois du quatrième trimestre, à cause de nouvelles dépréciations sur la valeur des titres adossés à des prêts hypothécaires à risques et d'autres produits structurés.

Au troisième trimestre, Morgan Stanley avait déjà déprécié pour 940 millions de dollars et accusé un recul de 7% de son bénéfice net.

De son côté, Wachovia a évalué à 1,1 milliard de dollars pour le seul mois d'octobre le coût de la crise financière, et veut passer au quatrième trimestre entre 500 et 600 millions de provisions, après 350 millions au troisième trimestre.

Bank of America, qui a déploré une chute de 32% de son bénéfice au troisième trimestre, n'a pas voulu donner de chiffres pour les mois à venir mais n'a pas caché son pessimisme.

«Nous nous attendons à ce que les perturbations du marché des crédits structurés se poursuivent», ce qui «devrait impacter négativement nos résultats au quatrième trimestre», a noté la deuxième banque américaine.

JPMorgan, qui s'en était bien tirée au troisième trimestre, a reconnu détenir encore un portefeuille «substantiel» de crédits à risques, avec la somme colossale de 40,6 milliards de dollars - là où d'autres ont avancé plus vite, comme Morgan Stanley, qui a réduit son exposition à 6 milliards. JPMorgan a du coup averti de possibles nouvelles dépréciations - après les 1,3 milliard du troisième trimestre - «si les conditions de marché devaient se dégrader pour cette classe d'actifs».

Ces révélations spontanées des banques surviennent alors que le régulateur boursier SEC avance de son côté dans l'examen des comptes de ces groupes pour évaluer de manière indépendante l'ampleur des dégâts de la crise bancaire.

Enquête confirmée

Merrill Lynch est d'ailleurs la première banque a avoir reconnu officiellement, jeudi, que le gendarme de la Bourse enquêtait sur ses comptes.

Selon des estimations récentes du cabinet CreditSights, il faut s'attendre au qutrième trimestre à des dépréciations de 9,4 milliards de dollars pour Merrill Lynch, de 5,1 milliards pour Goldman Sachs, de 3,9 milliards pour Lehman, de 3,8 milliards pour Morgan Stanley et de 3,2 milliards pour Bear Stearns.

Du côté des marchés boursiers, de grands mouvements ont secoué les valeurs bancaires la semaine dernière, avec notamment de fortes hausses vendredi en clôture.

«Nous en sommes au stade où c'est à peu près le même type de mauvaises nouvelles chaque jour», ironise Marc Pado, analyste chez Cantor Fitzgerald.

Hugh Johnson, analyste du cabinet éponyme, est plus alarmiste.

«Les inquiétudes s'intensifient désormais, avec pour crainte que la crise qui se répand chez les établissements financiers n'ait des conséquences sérieuses sur l'économie américaine dans son ensemble», à commencer par la consommation.