La police chinoise a libéré 217 personnes, dont 29 enfants, qui étaient exploitées comme des «esclaves» dans des briqueteries du centre de la Chine, une nouvelle illustration de la face sombre du miracle économique chinois.

La police chinoise a libéré 217 personnes, dont 29 enfants, qui étaient exploitées comme des «esclaves» dans des briqueteries du centre de la Chine, une nouvelle illustration de la face sombre du miracle économique chinois.

«Les ouvriers étaient recrutés et attirés par des trafiquants d'êtres humains dans les briqueteries, mais à leur arrivée ils étaient battus, affamés et forcés de travailler pendant de longues heures sans être payés», a indiqué l'agence Chine Nouvelle, citant la police de la province de Henan.

Contactée par l'AFP, le service des enquêtes criminelles de la police de Henan a confirmé l'information.

Selon Chine Nouvelle, 120 personnes ont été arrêtées après l'envoi de 35 000 policiers dans les 7500 briqueteries de cette province de l'intérieur pauvre du géant asiatique.

Cette opération a été décidée après la publication dans les médias chinois et sur l'internet d'une lettre de 400 parents du Henan, affirmant que leurs enfants avaient été kidnappés par des trafiquants et envoyés dans le Shanxi voisin pour être exploités dans des briqueteries illégales.

Les enfants ont disparu dans des stations de train, sur le chemin de l'école, ou alors qu'ils faisaient des courses, selon une enquête de l'hebdomadaire Southern Weekly, dans sa dernière édition publiée jeudi.

«J'étais à la station de métro de Zhengzhou début mars lorsqu'un groupe de trafiquants m'a drogué et m'a vendu comme esclave», a témoigné un jeune de 17 ans, Zhang Wenlong, cité dans le Southern Weekly.

Zhang a raconté qu'il travaillait de 5h du matin à minuit, se nourrissant seulement de légumes en conserve et de navets.

«Tout ce que nous pouvions faire était de regarder les gardes qui se régalaient de viande de chien et de bière», a-t-il dit.

La semaine dernière, 31 ouvriers, exploités depuis début 2006 dans une briqueterie dont le propriétaire était le fils du secrétaire du Parti communiste, avaient été secourus par la police dans un village du Shanxi.

Loqueteux, noirs de crasse, ils ont raconté leur longue journée de travail sous la surveillance de garde-chiourmes et de chiens, mais aussi les brimades et violences et les repas sommaires, sans légumes, juste des petits pains.

Le propriétaire, qui a été arrêté, a expliqué qu'il revendait les briques dix fois plus cher qu'il ne les achetait au directeur de la briqueterie.

Citant des sources policières, Chine Nouvelle a affirmé jeudi que la police du Henan allait pousser ses investigations jusque dans le Shanxi, en particulier pour vérifier les accusations d'exploitation des enfants.

Cette nouvelle affaire de travail forcé, impliquant des enfants, intervient alors qu'un rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) a dénoncé les «abus» et «atteintes flagrantes» aux droits des travailleurs dans plusieurs usines implantées en Chine fournissant des articles - sacs, casquettes etc - pour les Jeux olympiques de Pékin de 2008.

Selon ce rapport, présenté dimanche dernier, ces usines exploitent des enfants.

Les organisateurs des JO de Pékin ont promis de faire toute la lumière sur les accusations, mais, malgré son interdiction officielle, le travail des enfants persiste en Chine, notamment parce que les autorités locales ferment souvent les yeux.

Inaugurée à la fin de 1978, la politique d'ouverture et de réforme a permis au géant asiatique de devenir l'économie la plus dynamique au monde au prix, cependant, d'inégalités croissantes, de violations des droits des travailleurs et d'une montée des tensions sociales.