Une fois par génération se présente une occasion de réaliser une acquisition transformatrice à un prix d'aubaine.

Une fois par génération se présente une occasion de réaliser une acquisition transformatrice à un prix d'aubaine.

Une telle occasion s'offre actuellement aux patrons de banques européennes. La question est de savoir s'ils auront le courage de la saisir.

Quelle transaction réaliser? Acheter une banque d'affaires de Wall Street.

Bien des gens pourraient rire d'une telle proposition. La plupart des banquiers préféreraient acheter un sandwich aux algues pour le dîner plutôt que de prendre le contrôle d'établissements en train de sombrer dans la déroute du marché des prêts hypothécaires à risque.

Pourquoi verser des milliards de livres ou d'euros pour des paquets de problèmes?

Il reste que la crise du crédit a fait grandement pâtir les actions de toutes les banques et le dollar américain chute à des niveaux records. Cela signifie que les banques de Wall Street deviennent très abordables.

Les gros prêteurs européens savent depuis des années que, pour affronter la concurrence à l'échelle mondiale, ils doivent disposer d'une position avantageuse sur Wall Street. Mais la tâche leur a échappé. Soit les cibles n'étaient pas à vendre, soit elles étaient trop chères.

Ce n'est plus le cas.

Certains des grands patrons qui ont connu le plus de succès ont fondé leur réputation sur leur habileté à acheter des entreprises précisément au moment où personne d'autre n'était intéressé.

Un exemple: lorsqu'il était à la tête de BP, John Browne a pris le contrôle de son concurrent américain Amoco en 1999 au moment où les prix du pétrole chutaient.

La même occasion se présente maintenant dans le secteur bancaire.

Le titre de Lehman Brothers s'échange à un ratio de seulement sept fois les bénéfices, comme c'est le cas pour Bear Stearns. Morgan Stanley s'échange à un prix équivalent à six fois les bénéfices.

Pour certains des acheteurs potentiels, les banques de Wall Street sont maintenant si peu chères qu'ils n'auraient pas à fouiller très profondément dans leur bas de laine pour en faire l'acquisition.

HSBC Holdings, par exemple, a une valeur de 210 milliardsUS, Banco Santander, d'Espagne, vaut 135 milliardsUS et Credit Suisse Group, 70 milliardsUS.

Et il y d'autres acheteurs potentiels, y compris Industrial & Commercial Bank of China, dont la capitalisation boursière actuelle est de 335 milliardsUS.

Et Royal Bank of Scotland Group, qui pourrait acheter Morgan Stanley plutôt que ABN Amro Holding, des Pays-Bas.

Il faut bien admettre que les banques européennes présentent un dossier peu reluisant quant à leurs acquisitions sur Wall Street. Credit Suisse a mordu la poussière avec son achat de Donaldson, Lufkin & Jenrette Inc au prix de 13 milliards US en l'an 2000.

Deutsche Bank n'a guère eu plus de chance avec son acquisition de Bankers Trust.

Mais ils ont fait ces transactions au plus fort du marché et avec une devise faible. Aujourd'hui, ils achèteraient sur un marché faible et avec une devise forte. Ça fait une grosse différence.

Le secteur des banques d'affaires et le dollar américain sont dans un période creuse. Mais il serait idiot de penser qu'ils ne vont pas se relever. Le déficit commercial américain s'amenuise et l'essor économique se poursuit.

Les États-Unis demeurent la plus grande puissance économique mondiale et les banques d'affaires de Wall Street sont les plus innovatrices de la planète.

Il se peut qu'on observe un dollar américain faible de nouveau. Il se peut qu'on voie le prix des actions des banques d'affaires malmené de nouveau. Mais les deux en même temps? Cela semble improbable.

C'est une occasion unique. Les banques européennes tentent de conquérir Wall Street depuis des années. Les affaires, tout comme la guerre, sourient aux braves.

Pas de doute que toute banque européenne qui mettrait la main sur une firme de Wall Street ferait une très bonne affaire.