Après plusieurs de ses rivales, la banque d'affaires Merrill Lynch (MER) a effectué vendredi une opération vérité sur ses comptes, en dépréciant de près de 5,5 G$ US la valeur de crédits devenus difficilement négociables depuis la tourmente financière de l'été.

Après plusieurs de ses rivales, la banque d'affaires Merrill Lynch [[|ticker sym='MER'|]] a effectué vendredi une opération vérité sur ses comptes, en dépréciant de près de 5,5 G$ US la valeur de crédits devenus difficilement négociables depuis la tourmente financière de l'été.

L'ampleur de ces dépréciations devraient faire chuter les comptes de la banque new-yorkaise dans le rouge au troisième trimestre. Sa perte nette pourrait atteindre jusqu'à 50 cents par action, selon son communiqué.

En dépit de la crise qui a fait rage cet été sur les marchés hypothécaires et du crédit, les analystes prévoyaient jusqu'ici que l'établissement devrait être en mesure de rester bénéficiaire, de l'ordre de 1,24 $ US par action, contre 2 $ US enregistrés l'an dernier à la même époque.

Comme cela avait déjà été le cas pour d'autres, le marché ne lui en a pourtant pas tenu rigueur, préférant que le ménage soit fait une fois pour toute.

Merrill Lynch a expliqué qu'elle a voulu prendre en compte dans ses livres une valeur plus réaliste, plus proche des conditions du marché, pour deux classes d'actifs : les obligations adossées à des crédits hypothécaires à risque («subprime») et des crédits accordés à des fonds d'investissement.

Le plus gros de l'effort - 4,5 G$ US - a porté sur les obligations adossées à des crédits hypothécaires. La banque assure avoir également réduit «de manière significative» sa présence sur ce marché. La banque a aussi revu à la baisse de 967 M$ US la valeur des crédits aux entreprises, notamment celles ne présentant pas les meilleures garanties.

«En dépit d'une solide performance dans la plupart des nos activités au troisième trimestre, le marché a été beaucoup plus difficile dans certaines de nos activités obligataires-changes-matières première que nous l'avions prévu plus tôt au cours de ce trimestre», a reconnu le PDG du groupe, Stan O'Neal.

Cité dans le communiqué, M. O'Neal s'est dit «déçu» de la performance de la banque dans l'hypothécaire et le financement des fonds d'investissement. «Nous pouvons faire un meilleur boulot pour gérer ce type de risque, comme nous l'avons fait» dans d'autres activités, a ajouté M. O'Neal, avant de mentionner le départ, annoncé jeudi, du responsable de la division obligataire.

La banque souligne que son activité a été soutenue au cours du trimestre écoulé, avec des hausses de plus de 20% sur ses principaux métiers et des performances «solides» à l'étranger, notamment dans la région Pacifique.

Contrairement à sa rivale Citigroup, Merrill Lynch ne s'est pas engagé sur un retour aux bénéfices au quatrième trimestre. M. O'Neal a toutefois perçu «les signes d'un retour à la normale sur un certain nombre de marchés».

La plupart des banques américaines ont pâti de cette crise estivale qui a fait plonger la firme au taureau, mais dans des proportions moindres.

Le numéro un américain Citigroup devrait afficher un résultat net au troisième trimestre en retrait de 60% sur son niveau de l'année précédente. Bear Stearns a vu son résultat net trimestriel reculer de 61%, à 171,3 M$ US, et Morgan Stanley de 17%, à 1,54 milliard de dollars.

La banque régionale Washington Mutual a annoncé vendredi que son résultat net devrait être en retrait de 75% sur son niveau du troisième trimestre 2006.

En Europe, la première banque allemande, Deutsche Bank, a indiqué que la crise pèserait à hauteur de 2,2 milliards d'euros sur ses comptes. Ses concurrentes SachsenLB et IKB ont frôlé le désastre ces derniers mois.

Au Royaume-Uni, la banque Northern Rock avait dû appeler à son secours la Banque d'Angleterre et les deux plus grandes banques suisses, UBS et Credit Suisse, ont également subi d'importants revers financiers.