La CSeries risque de coûter beaucoup plus cher que ce qui était prévu au départ.

La CSeries risque de coûter beaucoup plus cher que ce qui était prévu au départ.

Le développement de la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] devait à l'origine nécessiter des investissements de 2,1 milliards de dollars US.

Un analyste de la firme Scotia Capitaux, James David, calcule toutefois que la facture pourrait grimper de 19 à 29%.

«Les choses ayant changé, surtout avec une plus grande utilisation de matériaux composites, nous pensons que les coûts de développement de 2,1 milliards US devront être révisés à la hausse pour atteindre potentiellement 2,5 ou 2,7 milliards US», écrit M. David dans son plus récent rapport.

Benoît Poirier, un analyste de chez Valeurs mobilières Desjardins, croit également que Bombardier devrait revoir les coûts de sa CSeries «étant donné que la plateforme a évolué».

«La proportion de matériaux composite est passée de 20% à 46%», écrit-il.

Des conditions

Il croit que Bombardier devra aller de l'avant avec le projet, en autant que l'entreprise remplisse deux conditions: sécuriser des commandes fermes représentant de 50 à 100 appareils et conclure des partenariats pour assurer le financement du projet.

M. Poirier estime qu'Airbus pourrait constituer un partenaire intéressant. «Nous sommes surpris de voir que Boeing s'associe aux programmes de biréacteurs régionaux de la Russie et du Japon alors qu'Airbus ne s'est associé à aucun programme, écrit M. Poirier. Nous croyons que ce pourrait être la prochaine étape.»

Pour sa part, James David, de Scotia Capitaux, croit que l'implication de la Chine dans le projet de CSeries augmentera avec le temps.

En vertu d'une entente annoncée à l'occasion du salon aéronautique du Bourget en juin dernier, la société chinoise AVIC I investira 400 millions US dans la CSeries, notamment au niveau de la conception et de la production du fuselage arrière de l'appareil.

En retour, Bombardier investira 100 millions US dans le biréacteur régional d'AVIC I, l'ARJ21-900, apportant ainsi aux Chinois une expertise additionnelle au niveau de la technologie et de la mise en marché.

«Nous pensons que le véritable but de Bombardier avec cette entente est de sous-traiter le plus grand nombre possible de composants dans des pays à bas coûts, de façon à se positionner face à une possible offre d'Airbus et de Boeing», écrit l'analyste.

Il rappelle que la CSeries et l'ARJ21-900 sont destinés à des marchés différents mais que leurs fuselages auront la même circonférence.

«Cela met la table pour la fabrication de tout le fuselage en Chine, et peut-être pour plus encore», écrit M. David.

Il ajoute que Bombardier pourrait regarder du côté de la Chine pour l'aider à garantir le financement des ventes de la CSeries.

«Nous ne nous attendons pas à une décision sur la CSeries avant l'année prochaine, mais nous continuons à croire que Bombardier a bien l'intention de lancer l'appareil dès que les conditions nécessaires seront en place.»

Chez Bombardier, on n'a pas voulu commenter une possible augmentation des coûts de développement de la CSeries. L'entreprise se fait discrète ces jours-ci parce qu'elle rendra publics ses résultats pour le deuxième trimestre mercredi.

La plupart des analystes s'attendent à un bénéfice par action, hors éléments inhabituels, de quatre cents par action, comparativement à trois cent pour la même période de l'année dernière.

Bombardier a déjà fait savoir qu'elle radiera son investissement de 164 millions US dans Metronet, le vaste projet de restauration du métro de Londres qui a connu des délais et des dépassements de coûts importants.

M. David s'attend plutôt à un bénéfice par action de cinq cents par action. Il a modifié sa recommandation à la hausse, affirmant que le titre de Bombardier devrait avoir une performance supérieure à celle du reste de l'industrie.

«Le titre de Bombardier a reculé de façon significative au cours des dernières semaines et nous croyons qu'une solide occasion d'achat a émergé», écrit-il.

Fadi Chamoun, de la firme UBS, prévoit également un bénéfice par action de cinq cents par action.

«Bombardier Transport devait bénéficier d'une plus grande utilisation de sa capacité en Europe et une plus grande efficacité opérationnelle», écrit-il.