Malgré l'imminence de la campagne électorale, Québec ne joue pas au père Noël et maintient le contrôle de ses dépenses, ce qui lui permet de déclarer un budget équilibré.

Malgré l'imminence de la campagne électorale, Québec ne joue pas au père Noël et maintient le contrôle de ses dépenses, ce qui lui permet de déclarer un budget équilibré.

Le budget Audet affiche des dépenses de 53,6 G$, en hausse de 4 % par rapport à l'année précédente, et consacre 7,3 G$ au service de la dette, en maintenant son objectif de réduire cette dernière au quart du PIB d'ici une vingtaine d'années.

Ses revenus s'élèvent à 60,3 G$, soit 1,3 % de plus que l'an dernier, auxquels s'ajoute une contribution de 61 M$ des sociétés d'État. Une réserve de 500 M$ va à des ajustements voués à l'atteinte de l'équité salariale.

«C'est un budget responsable malgré les élections», se réjouit l'économiste en chef de la Banque Nationale, Clément Gignac. Les dépenses restent en ligne avec l'état de l'économie. Je suis agréablement surpris de cette discipline.»

C'est la santé qui rafle le gros des investissements avec 23,6 G$, ce qui représente une hausse de 6 % par rapport à l'année précédente.

Beaucoup plus modeste, le poste du développement économique a tout de même droit à une hausse de budget de 8,4 % ou 58,8 M$, ce qui le porte à 755,3 M$.

Le nouveau budget ne comprend pas de nouvelle somme pour le Fonds des générations, créé l'an dernier, consacré au remboursement de la dette et alimenté essentiellement par des redevances d'Hydro-Québec que la Caisse de dépôt doit faire fructifier.

Mais Québec rappelle que 500 millions de plus que prévu ont été versés à ce fonds, tel qu'annoncé en octobre, grâce à la vente de la participation d'Hydro-Québec dans Transelec Chile.

Selon le ministre Audet, 600 millions en tout auront été versés au fonds à la fin de la prochaine année.

Le gouvernement réitère que grâce à ce fonds, «le poids de la dette dans l'économie sera ramené à moins de 25 % dans moins de 20 ans».

En chiffres absolus, l'endettement a toutefois continué à augmenter durant la dernière année financière et Québec prévoit que la tendance se maintiendra, ce que l'opposition n'a pas manqué de dénoncer.

De 122,4 G$ pour l'année financière qui se termine, la dette passera à 125,4 G$ pour la nouvelle et à 127,6 G$ pour l'année d'après, même si son poids dans l'économie diminuera de 43,1 % à 41,6 %.

Le ministre Audet parle d'une «bonne dette», alimentée par des investissements dans les infrastructures, et qui n'hypothèque donc pas les finances publiques comme le font les emprunts destinés à «payer l'épicierie».

Si le budget de cette année n'affiche pas de déficit, Québec prévient que l'équilibre de celui de l'an prochain constitue un défi: une impasse de près de 1 G$ devra être résorbée.

Le critique péquiste François Legault soutient que les finances publiques sont en pleine détérioration sous le poids de la dette croissante.

Le Conseil du patronat s'inquiète également, et souligne que le trou de 1 G$ anticipé pourrait s'avérer plus profond si la croissance économique décevait.

Mais Clément Gignac, de la Banque Nationale, se fait plutôt rassurant. « Une dette qui augmente à cause des immobilisations, ça ne m'empêche pas de dormir.»

Les prévisions de Québec se basent sur le scénario d'une croissance raisonnable de l'économie québécoise au cours des deux prochaines années. Selon le gouvernement, cette économie se porte bien.

«En particulier, la demande des ménages et les investissements des entreprises sont restés élevés, ce qui a soutenu l'emploi et les rentrées fiscales», écrit Québec.

Rappelant que le PIB québécois a crû de 2 % par année depuis quatre ans, il prévoit un léger ralentissement à 1,8 % en 2007, sous l'effet d'une demande américaine plus modérée. Mais en 2008, à la faveur d'une reprise aux États-Unis, la croissance québécoise devrait bondir jusqu'à 2,5 %, prédit Québec.

«Il est probable que la croissance escomptée ne soit pas au rendez-vous, produisant une impasse nettement supérieure», avertit le Conseil du patronat.