Les dernières statistiques le confirment, l'écart entre les riches et les pauvres a continué de se creuser au Canada entre 1999 et 2005. Cette tendance s'observe depuis 20 ans. Et les familles avec enfants sont les plus touchées.

Les dernières statistiques le confirment, l'écart entre les riches et les pauvres a continué de se creuser au Canada entre 1999 et 2005. Cette tendance s'observe depuis 20 ans. Et les familles avec enfants sont les plus touchées.

Aujourd'hui, en moyenne, les ménages canadiens les plus riches, qui font partie de la tranche supérieure de 10 %, sont millionnaires. À l'autre extrémité, un ménage sur sept a une valeur nette de zéro ou est endettée.

Selon une étude de Statistique Canada rendue publique hier, la portion de la richesse nationale détenue par les 10 % plus riches est passée de 56 % à 58 % entre 1999 et 2005. En 1984, cette part s'établissait à 52 %. Auparavant, entre 1970 et 1984, l'écart entre riches et pauvres s'était rétréci.

Pendant ce temps, les ménages faisant partie des 50 % moins riches n'ont pas amélioré leur sort, au contraire. Ils possédaient au total 5 % de la richesse en 1984. En 1999, ils n'en détenaient plus que 3,9 % et en 2005, 3,2 %.

Entre 1984 et 2005, l'avoir des 10 % plus riches a plus que doublé, passant de 534 000 $ en 1984 à 723 000 $ en 1999 et à 1,2 million en 2005. Par contre, l'avoir des 50 % plus pauvres stagne depuis 20 ans.

Les familles avec enfants sont encore plus touchées par l'écart croissant entre riches et pauvres, précise l'étude. " L'inégalité de la richesse a augmenté beaucoup plus chez les couples non âgés avec enfants et les familles monoparentales que chez les personnes seules et les couples non âgés sans enfants. " C'est un peu le syndrome " Tanguy " qui fait mal aux jeunes familles. " La richesse des jeunes familles et des jeunes personnes seules recule entre 1984 et 2005 parce que les salaires des jeunes hommes sont moindres, a expliqué à La Presse René Morissette, coauteur de l'étude. Ils passent plus de temps à l'école, ils sont moins susceptibles d'avoir un emploi à temps plein et quand ils en ont un, il est moins payant qu'autrefois. " Un groupe s'en tire relativement bien : les personne âgées seules ont vu leur richesse médiane doubler, de 48 000 $ à 100 000 $, entre 1984 et 2005.

Tous les montants tiennent compte de l'inflation : ils sont en dollars constants de 2005.

Les auteurs de l'étude, M. Morissette et Xuelin Zhang, identifient plusieurs facteurs qui contribuent au creusement de cet écart. Au premier chef : la richesse immobilière. Les 20 % plus riches ont vu la valeur de leur résidence principale augmenter de 155 000 $ entre 1984 et 2005. Les 20 % plus pauvres ont vu cette valeur stagner, d'autant plus qu'ils sont en majorité des locataires. En moyenne, le boom immobilier a plus que compensé les pertes subies en Bourse au tournant de l'an 2000 par les 20 % plus riches.

Autre facteur : les héritages. Là aussi l'écart se creuse. En 2005, seulement 10 % des ménages du cinquième inférieur ont déclaré avoir reçu un héritage, alors que c'était le cas de 36 % des ménages faisant partie du cinquième supérieur. Et, en toute logique, la valeur de l'héritage reçu était 10 fois plus importante chez les riches que chez les pauvres : 13 200 $ contre 136 600 $.

L'enquête de 2005 se fonde sur un échantillon de 5400 familles, contre 15 000 pour les deux enquêtes précédentes. Mais ses conclusions principales sont fondées sur la même rigueur méthodologique, assure M. Morissette.