Certaines entreprises cherchent à multiplier leur présence à l'étranger. Arontec, elle, a choisi la voie inverse. Elle restreint dorénavant ses marchés après avoir vendu des maisons en bois pièce sur pièce aux quatre coins de la planète. Une décision qui n'a pas été facile à prendre.

Certaines entreprises cherchent à multiplier leur présence à l'étranger. Arontec, elle, a choisi la voie inverse. Elle restreint dorénavant ses marchés après avoir vendu des maisons en bois pièce sur pièce aux quatre coins de la planète. Une décision qui n'a pas été facile à prendre.

Arontec est un fabricant de maisons sur mesure, vendues en kit et assemblées selon le mode de construction pièce sur pièce. La PME de Sainte-Agathe-des-Monts utilise la méthode en queue d'aronde, une méthode ancestrale qui donne à ses produits un aspect qui rappelle les résidences des premiers colons de la Nouvelle-France. Ce type de maison et son côté " ma cabane au Canada " est très prisé partout dans le monde, comme en fait foi le tableau de chasse d'Arontec.

Depuis sa fondation en 1972, la PME a fabriqué quelque 3000 maisons entièrement en bois. Par le simple bouche à oreille, près de 1000 d'entre elles ont été érigées hors de nos frontières, notamment en Colombie, en France, en Israël, au Japon, en Russie, etc.

" Mais depuis 2000, on refuse de s'éparpiller. Et ça, il y a des gens dans notre équipe qui avaient de la difficulté à le comprendre. Je leur ai dit : il vaut mieux bien faire son travail dans quelques endroits plutôt que de le faire moins bien partout dans le monde. C'est comme courir plusieurs lièvres à la fois ", explique Denis Piché, président d'Arontec.

" En ce moment, ajoute-t-il, nous avons des demandes jusqu'en Australie. Et nous en avons aussi plusieurs qui viennent de la Chine, mais nous avons décidé de ne pas y donner suite. L'éparpillement peut rapidement devenir un problème si on ne fait pas attention. "

Bref, faire rayonner son entreprise à l'échelle planétaire n'est pas une sinécure, croit M. Piché. La PME, qu'il a co-fondée en 1972 avec son père et ses frères, a exporté " par accident " une première maison en France il y a plusieurs années. Les choses ont ensuite déboulé. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire, notamment lorsque des clients à des milliers de kilomètres d'ici refusaient d'honorer la totalité du paiement de la maison...

" Nous ne vendons pas des crayons, mais des maisons. C'est une opération très complexe. Il faut en connaître long sur la culture du pays avant d'y construire une maison. Aujourd'hui, les entreprises se font faire un site Internet et elles reçoivent des demandes de prix de partout dans le monde. J'ai appris qu'il vaut mieux concentrer ses efforts plutôt que de diluer ses énergies ", explique Denis Piché.

La PME, dont le chiffre d'affaires demeure confidentiel, préfère maintenant se concentrer sur une poignée de marchés : le Québec et l'Ontario; la Nouvelle-Angleterre, de même que l'Europe occidentale et plus particulièrement la France, où la maison en bois est très appréciée pour ses avantages écologiques.

L'Hexagone est d'ailleurs l'un des châteaux forts d'Arontec; l'entreprise y exporte près de la moitié des quelque 100 maisons qu'elle construit annuellement. Ironiquement, la Nouvelle-Angleterre, notre voisine, n'est toujours pas friande des maisons pièce sur pièce made in Sainte-Agathe-des-Monts.

UN VIRAGE VERT

Denis Piché croit que les entreprises de construction doivent à tout prix prendre le virage vert. " Le domaine de la construction engendre tellement de pollution que si on ne prend pas ce virage-là, on arrivera à rien. Il ne faut pas reculer devant l'effort de réduction des gaz à effet de serre (GES) ", estime M. Piché.

Non seulement le secteur crée-t-il des déchets solides, mais selon Environnement Canada " les activités de construction et de démolition sont une importante source de polluants atmosphériques ". " À cause de changements climatiques annoncés, croit Denis Piché, il en coûtera 17 % moins cher pour chauffer une maison en hiver au Québec. Mais à l'inverse, en été, on va crever de chaleur dans nos maisons. "

M. Piché considère qu'Arontec fait déjà des efforts en matière environnementale. " En partant, nos maisons sont entièrement en bois, un matériau naturel et renouvelable. Une maison conventionnelle produit 15 % de déchets solides; nous, ce n'est que 5 %. Nous dépassons les normes Novoclimat (contre les pertes d'énergie) et l'isolant que nous utilisons ne contient aucune trace de formaldéhydes. "

Le président d'Arontec veut aller plus loin. " Faut prendre encore plus soin de nos forêts. On veut se diriger vers des maisons qui seront construites avec du bois issu de forêts certifiées FSC (Forest Stewardship Council, un label international qui garantit une exploitation responsable des forêts). " Autre bonne nouvelle pour l'environnement, les baby-boomers seraient de plus en plus à la recherche de maisons vertes. "

Employés au bureauÉlément intéressant : Arontec, du fait que ses maisons sont toutes fabriquées sur mesure, emploie plus de monde dans ses bureaux que dans ses usines. En période de pointe, la PME fait travailler 50 personnes. Il en coûte environ 125 $ le pied carré pour s'offrir une maison Arontec. La PME dit concurrencer deux autres fabricants québécois de maisons pièce sur pièce évoluant dans son secteur.

L'entreprise possède deux usines en bordure de la route 117 au nord de Sainte-Agathe-des-Monts. C'est là que sont préparées, telles les pièces d'un puzzle géant, les poutres de bois en queue d'aronde ainsi que les fermes de toit (chevrons). Chaque maison est ensuite assemblée par un entrepreneur en construction indépendant.