On n'avait pas vu cela depuis 1991, en pleine récession. Le Canada a acheté plus de matériel automobile des États-Unis qu'il ne leur en a vendu.

On n'avait pas vu cela depuis 1991, en pleine récession. Le Canada a acheté plus de matériel automobile des États-Unis qu'il ne leur en a vendu.

Cette situation insolite a déjoué les experts, mais a surtout fait fondre à 3,9 milliards seulement le surplus commercial en juillet. Il s'agit de l'excédent le plus faible depuis janvier 2005, rapportait hier Statistique Canada.

Dans l'ensemble, les exportations ont gagné du terrain pour le troisième mois d'affilée, mais la progression des importations a été plus rapide encore, d'où la diminution du surplus de façon générale.

Les livraisons à l'étranger de produits énergétiques, on s'en doute bien avec les cours records du brut au cours du mois, étaient à la hausse, tout comme celles de biens industriels, de produits agricoles et de machines équipement, des aéronefs en particulier.

Outre les produits forestiers qui cordent les reculs, le ralentissement de 7,2% des livraisons de matériel automobile serait passé inaperçue si elle n'avait été jumelée à l'accélération des importations de matériel roulant sur routes. En juillet, les concessionnaires soldent d'habitude leurs stocks pour faire place aux nouveaux modèles de la rentrée.

Les entreprises canadiennes ont acheté en contrepartie beaucoup plus de camions que d'ordinaire. Les ventes de poids lourds ont connu une poussée de 19,4% pour atteindre un sommet de 1,6 milliard. Du coup, elles ont propulsé de 11,2% les importations de matériel automobile.

" Cela nous a conduits à un déficit net record du commerce de matériel automobile de 932 millions, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. C'est le premier déficit depuis 1991 alors que le surplus mensuel moyen était de 800 millions depuis un an. "

Même à 800 millions, il s'agit encore d'une détérioration face aux deux milliards en moyenne des années 2001 et 2002, avant que le huard ne prenne son envol face au billet vert.

L'agence fédérale n'avait aucune explication précise à fournir sur cette singularité sinon qu'elle résulte en partie du lissage de ses données brutes pour tenir compte des variations saisonnières. C'est ce qu'on appelle la désaisonalisation en jargon statistique.

Bernard Lupien, analyste des données du commerce international à l'agence fédérale, a précisé à La Presse Affaires que, tant du côté export qu'import, les données brutes de juillet reflètent des baisses d'environ 30%, depuis des années. Dans le cas des importations, la baisse était de 19% seulement cette fois-ci à cause du rebond des achats de camions. Le lissage des données a entraîné le déficit statistique.

Plusieurs entreprises choisissent de devancer de quelques mois le renouvellement d'une partie de leurs parcs de véhicules pour échapper quelque temps aux coûts des nouvelles normes anti-pollution qui entreront en vigueur, dès janvier. Les systèmes de refroidissement et d'échappement qui équiperont les modèles 2007 sont plus chers en plus d'augmenter de 1% la consommation de carburant.

La hausse des ventes de pétrole et de gaz naturel, d'aéronefs et d'autres machines n'ont pu compenser le déficit du secteur automobile. Résultat, l'excédent avec notre voisin diminue pour un troisième mois d'affilée à 7,9 milliards. Fait à signaler, nos exportations chez l'Oncle Sam ont progressé de 2,4%, mais nos achats de biens américains ont grimpé de 4,1%.

Cela dit, le déficit commercial américain s'est quand même aggravé. Il s'est creusé jusqu'à l'abysse de 68 milliards US, une profondeur inégalée. Le prix du pétrole y est pour beaucoup, mais les entreprises ont vu leurs ventes à l'étranger diminuer alors que, tout comme les consommateurs, elles se sont montrées friandes de biens étrangers.

Tant du côté américain que canadien, les données sur la balance commerciale vont de contenir l'expansion de l'économie au troisième trimestre.

Dans le cas du Canada, il s'agirait du cinquième trimestre d'affilée de la sorte.

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