Le premier appareil C-17 commandé par la Défense nationale a atterri sur le sol canadien samedi, à l'occasion du salon aéronautique d'Abbotsford, en Colombie-Britannique.

Le premier appareil C-17 commandé par la Défense nationale a atterri sur le sol canadien samedi, à l'occasion du salon aéronautique d'Abbotsford, en Colombie-Britannique.

Il n'y a cependant aucune trace des fameuses retombées industrielles promises au Canada par le manufacturier, le géant américain Boeing, et par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

«On trouve ça déplorable qu'il n'y ait toujours pas de nouvelles», a lancé Claude Boisvert, agent d'affaires à l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ).

Au bureau du ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, on fait valoir que le contrat conclu avec Boeing n'a été signé qu'il y a cinq mois.

«Boeing a 20 ans pour rencontrer ses obligations», a déclaré Isabelle Fontaine, directrice des communications du ministre Bernier.

Au Québec cependant, on s'inquiète de ce délai.

«Ça regarde mal, a déclaré Paule Brunelle, porte-parole du Bloc québécois pour l'industrie. S'ils attendent après les élections, ça veut dire que des retombées, il n'y en aura pas pour le Québec.»

Des élections partielles auront lieu le 17 septembre prochain dans trois circonscriptions du Québec. Le parti conservateur, minoritaire à Ottawa, aura fort à faire pour remporter la victoire: Outremont est un château fort libéral laissé vacant par Jean Lapierre alors que les circonscriptions de Saint-Hyacinthe-Bagot et Roberval étaient représentées par deux hommes forts du Bloc québécois, Yvan Loubier et Michel Gauthier.

Mme Fontaine a cependant refusé d'établir tout lien entre la tenue d'élections partielles au Québec et l'absence de nouvelles au sujet du programme de retombées industrielles lié à l'appareil C-17.

«Nous travaillons avec le constructeur et les fournisseurs potentiels et actuels pour que les annonces se fassent dans un avenir rapproché», a-t-elle soutenu.

Lorsque le gouvernement Harper a annoncé son ambitieux programme d'achats militaires, il y a plus d'un an, il a fait savoir que les manufacturiers choisis devraient générer au Canada des retombées industrielles d'un montant égal à celui des contrats.

La valeur des contrats devrait tourner autour de 17 milliards de dollars, soit 3,4 milliards pour quatre avions de transport stratégique géants, 4,9 milliards pour 17 avions de transport tactique, 4,7 milliards pour 16 hélicoptères de transport, 2,9 milliards pour trois navires de soutien et 1,2 milliard pour 2300 camions logistiques.

Le Québec fonde beaucoup d'espoir sur les retombées liées aux contrats dans le domaine de l'aéronautique.

En effet, 50% des emplois canadiens reliés à cette industrie sont au Québec. Les entreprises installées au Québec représentent 62% du chiffre d'affaires de toute l'industrie aéronautique canadienne.

«Nous nous attendons à des retombées à cette hauteur», a déclaré Mme Brunelle.

Or, le gouvernement fédéral n'a imposé aux manufacturiers aucun pourcentage minimum pour chacune des grandes régions du pays.

Ce qui fait craindre que Boeing, qui a remporté le premier grand contrat, celui des quatre avions des transport stratégiques C-17, ne dirige la majeure partie des retombées vers ses installations canadiennes à Winnipeg.

«Le constructeur doit distribuer de façon raisonnable les retombées à travers le pays, a affirmé Mme Fontaine. Sinon, ce ne serait pas recevable par le gouvernement du Canada.»

Cela ne satisfait pas Mme Brunelle.

«C'est inadmissible de voir que dans le cas de l'Ontario, on a toutes les retombées liées à l'industrie automobile, alors que dans le cas du Québec, les mêmes règles ne s'appliquent pas», a-t-elle déploré.

Le président et chef de la direction de CAE, Robert Brown, a dit s'attendre à ce que le gouvernement fédéral change de stratégie et demande à ce que les retombées soient bien en place avant de signer les deux autres grands contrats militaires prévus, soit l'achat des avions de transport tactique C130 et des hélicoptères CH-47. CAE, un manufacturier de simulateurs de vol, espère obtenir une part des retombées.

Mme Fontaine a déclaré que cette décision appartenait au conseil des ministres.

«Je ne me permettrais pas de spéculer ou de présumer de la décision du cabinet», a-t-elle déclaré.