La crise du crédit, qui fait flancher les Bourses, a des effets jusque chez BCE (T.BCE).

La crise du crédit, qui fait flancher les Bourses, a des effets jusque chez BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]].

Des investisseurs craignent que le consortium mené par Teachers n'arrive pas à trouver le financement nécessaire à l'acquisition. Mais l'acquéreur se fait rassurant.

Un simple coup d'oeil au titre de BCE illustre bien que quelque chose cloche.

Récapitulons: la caisse de retraite des enseignants ontariens et ses partenaires offre 42,75$ l'action pour BCE.

Or, le titre de l'entreprise montréalaise a fini la journée de vendredi à 38,85$, en baisse de 25 cents. C'est 3,95$ de moins que le prix offert par Teachers, soit plus de 10% d'écart.

Gabriel Lancry, de Scotia McLoed, ajoute à cet écart les dividendes de 73 cents à venir et y voit là une bonne affaire, surtout que le titre est descendu jusqu'à 37,55$ au cours de la séance d'hier.« Vous êtes à presque 20% (de rendement) sur six mois», calcule-t-il.

Mais tout ça, c'est évidemment si la transaction se finalise. Et si elle se finalise au prix annoncé. Il y a «un risque très faible à mon avis», de dire M. Lancry, à propos de la transaction qui s'élève à 51,7 milliards de dollars.

Son collègue Gareth Watson exprime la même opinion, en d'autres mots: «À ce moment-ci, nous croyons encore que les chances que la transaction soit conclue sont plus grandes que les risques qu'elle n'avorte», écrit-il.

Tous les analystes ne sont toutefois pas du même avis. Dans une note publiée jeudi, Rick Franklin, de la firme américaine Edward Jones, a recommandé à ses clients de vendre le titre tout de suite, même s'il s'échange à quelque 10% du prix d'achat annoncé.

«Nous reconnaissons écrit-il, le risque que les termes de la vente de BCE puissent être renégociés en raison de la crise du crédit qui s'est aggravée ces dernières semaines.»

Au téléphone vendredi, M. Franklin tient à préciser un élément: «Je ne veux pas mettre d'huile sur le feu», dit-il dès le début de l'entretien. «Nous ne disions pas, ajoute-t-il en pesant ses mots, que l'entente ira de l'avant ou non... Je voulais simplement rappeler qu'il y avait un risque.»

Ce risque, Teachers et BCE ont tenté de le dissiper vendredi. Chez BCE, c'est le vice président exécutif des communications et du développement qui a été désigné. «Je nie catégoriquement que nous sommes en discussions avec qui que ce soit au sujet d'un nouveau prix», confiait-il à La Presse Affaires, vers 15h.

Un seul ajout à sa brève déclaration: surveillez le site Internet de Teachers, ils émettront sous peu un communiqué.

À 17h30, Teachers émet finalement ces quelques lignes: la caisse de retraite des enseignants ontariens et ses partenaires (Providence Equity Partners et Madison Dearborn Partners) «sont toujours résolument en faveur des conditions de l'entente finale conclue le 30 juin, selon laquelle ils se porteront acquéreurs de BCE.»

Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale, n'avait pas eu ces précisions de Teachers quand on lui a parlé en après-midi. Mais déjà, il disait croire que «cette entente se finalisera probablement», même si ce ne sera pas facile dans le contexte actuel. Il juge même que la vente pourrait être complétée plus tard que prévu.

Opération risquée

L'opération, dit-il, devient «de plus en plus risquée». Achèterait-il aujourd'hui des titres de la plus grande entreprise de téléphonie canadienne? Il s'agit d'une valeur raisonnable, répont-il.

Et celui qui a recommandé à ses clients de vendre le titre de BCE jeudi, que fait-il maintenant que le titre continue de baisser? En recommande-t-il l'achat à 38,85? s'enquiert La Presse Affaires.

Un grand rire se fait entendre au bout du fil. «Prochaine question, ajoute le CFA, Rick Franklin. Non, on ne fait pas de changements de recommandation vite comme ça.»