En décrétant qu'en moyenne, l'endettement des Québécois n'est pas excessif, on risque d'inciter au sophisme: «Les Québécois ne sont pas trop endettés; je suis un Québécois, donc je ne suis pas trop endetté.»

En décrétant qu'en moyenne, l'endettement des Québécois n'est pas excessif, on risque d'inciter au sophisme: «Les Québécois ne sont pas trop endettés; je suis un Québécois, donc je ne suis pas trop endetté.»

Abordons le problème différemment: «Plusieurs ménages québécois présentent un niveau d'endettement qui les rend vulnérables aux fluctuations de l'économie.»

On voit déjà la situation d'un autre oeil: «Ciel! Quels ménages? Suis-je du nombre?»

Plusieurs planificateurs financiers estiment que l'endettement n'est pas en soi un problème, dans la mesure où cet endettement résulte de choix conscients et assumés, et où le budget permet d'en soutenir les paiements.

«Un bon budget fait sérieusement avec le client permet toujours d'évaluer si le poids de la dette est trop lourd, relativement aux autres dépenses et aux revenus disponibles de la famille, observe Daniel Laverdière, directeur principal, Planification financière Banque Nationale. L'équilibre budgétaire demeure le premier exercice permettant d'assurer sa sécurité financière.»

L'hypothèque est habituellement la dette la plus lourde, celle qui sera la plus sensible aux fortes hausses d'intérêt. Votre budget vous permet-il d'affronter cette éventualité? Faites l'exercice: «Nous recommandons de vérifier si le budget est capable d'accepter une hausse de 2 %», avise Daniel Laverdière.

La même précaution s'applique aux autres dettes à taux fluctuants — marge de crédit ordinaire ou hypothécaire, tout particulièrement.

À ce propos, il recommande aux premiers acheteurs de maisons de considérer le terme de cinq ans, qui les préserve contre les hausses de taux. Si la situation budgétaire est tendue au terme de ces cinq ans, il est toujours possible d'étirer l'amortissement de cinq autres années pour franchir l'étape délicate.

L'autre risque réside dans les perturbations économiques, qui résulteraient en baisse de salaire ou perte d'emploi.

Or, fait valoir Daniel Laverdière, une perte d'emploi a un impact sur n'importe quel budget équilibré, quel que soit l'importance que le service de la dette y occupe. C'est le fonds de réserve — le coussin de sécurité, en d'autres mots —, correspondant à trois à six mois de revenus, qui doit permettre de parer l'estocade.

Il faut évidemment avoir pris la précaution de l'accumuler. Malheureusement, c'est justement l'épargne qui écope quand l'endettement prend ses aises dans un budget.

«S'il y a une inquiétude à y avoir, même si on constate que les actifs financiers se sont accumulés, c'est à propos de l'épargne de précaution, qui était beaucoup plus présente dans le budget des deux générations précédentes, reconnaît Mario Couture, économiste chez Desjardins. On tentait alors d'accumuler des sous pour prévoir les coups.»

Maintenant, on compte plutôt sur sa marge de crédit...

Enfin — et c'est là un des plus grands risques —, la place qu'occupe l'endettement dans un budget ne doit pas mettre la retraite en péril.

Un projection de retraite permettra de s'en assurer, avise Daniel Laverdière.

«Si l'épargne est insuffisante en raison d'une trop grande consommation actuelle, incluant la dette, des coupures au rythme de vie s'imposent afin d'atteindre un meilleur équilibre entre le court terme et le long terme. On voit alors si l'endettement est excessif, signe qu'on vit trop au présent, sans penser aux conséquences à long terme.»

Comment ça va, chez vous?