Harry Potter est le seul sorcier à pouvoir vaincre Lord Voldemort. Mais ses pouvoirs ne lui seront d'aucune utilité contre son nouvel ennemi: Le-Libraire-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Harry Potter est le seul sorcier à pouvoir vaincre Lord Voldemort. Mais ses pouvoirs ne lui seront d'aucune utilité contre son nouvel ennemi: Le-Libraire-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Au fil de ses aventures, le jeune magicien a provoqué malgré lui une guerre de prix dans les librairies.

Une guerre menée par Le-Libraire-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom – aussi connu sous le nom de Amazon –, qui offre Harry Potter and the Deathly Hallows à moitié prix.

Il s'agit de la deuxième fois où le géant du commerce électronique renonce à faire des profits avec les aventures de Harry Potter.

Les librairies traditionnelles ont dû réagir. Archambault, qui avait offert des rabais de 27% et de 30% sur le prix suggéré par l'éditeur lors du lancement des deux tomes précédents, est encore plus généreux cette fois-ci avec un rabais de 40%.

Indigo Chapters a coupé la poire en deux: 20% de rabais en librairie et 46% de rabais en ligne. Seul Renaud-Bray, qui offre 22% de rabais autant dans ses librairies que sur son site internet, semble tenir à sa marge de profits.

Amazon se défend d'avoir lancé les hostilités. Son porte-parole éclate de lire en apprenant l'identité du Libraire-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

«Nous ne nous soucions pas de la concurrence, dit Shawn Sundwall, porte-parole d'Amazon au Canada. Nous essayons de répondre aux demandes de nos clients et le reste se fait généralement par lui-même.

Certaines librairies aux États-Unis n'offrent pas de rabais et elles vendront beaucoup de livres de Harry Potter. Nous ne nous excuserons quand même pas d'offrir à nos clients les prix qu'ils demandent.»

Les clients sont de plus en plus nombreux à joindre les rangs du Libraire-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Jeudi dernier, à deux jours du lancement officiel de Harry Potter and the Deathly Hallows, Amazon avait déjà vendu 2,2 millions de livres dans le monde entier, comparativement à 1,5 millions de pré-ventes pour le tome précédent. Au Canada, il s'agit déjà du livre le plus vendu de l'histoire d'Amazon.ca.

«Nous sommes très contents des ventes, dit M. Sundwall. Comme la série est de plus en plus populaire, nous nous attendions à dépasser la marque établie par le sixième tome. Mais jamais de façon aussi décisive.»

Amazon, une solution populaire dans les petites villes

Afin de mousser ses ventes, Amazon a lancé un concours visant à déterminer la ville la plus folle des aventures de Harry Potter.

Au Canada, c'est Banff, un îlot touristique de 6700 habitants en Alberta, qui a raflé la palme décernée à la ville ayant commandé, au prorata de sa population, le plus de livres de Harry Potter sur Amazon. Les Territoires-du-Nord-Ouest ont été couronnés parmi les provinces et territoires.

Aux États-Unis, les gagnants sont Falls Church, une ville d'à peine 10 000 habitants en banlieue de Washington, et le district de Columbia, le deuxième État/district le moins populeux du pays.

«Nous ne sommes pas surpris de voir des petites villes en tête de liste, car le commerce en ligne y est très populaire», dit M. Sundwall.

Amazon ne fera pas un sou avec Harry Potter, a confirmé son PDG Jeff Bezos lors de l'assemblée annuelle de la société le mois dernier.

Mais le libraire en ligne compte bien tirer profit de l'achalandage à la hausse afin de se faire des nouveaux clients. Il offrira d'ailleurs 5$ de rabais en août à ceux qui ont acheté Harry Potter and the Deathly Hallows chez lui.

«C'est une occasion de montrer l'étendue de notre bibliothèque, dit M. Sundwall. Au contraire des librairies, nous n'avons pas de contraintes d'espace et nous pouvons offrir plus de livres.»

Malgré la concurrence d'Amazon, les librairies traditionnelles trouveront encore leur compte avec la sortie des dernières aventures de Harry Potter.

Après tout, l'éditeur britannique Bloomsbury a annoncé une hausse de 17% de ses commandes à l'extérieur du Royaume-Uni.

Selon le Globe and Mail, l'éditeur canadien Raincoast aurait fait imprimer 1,3 million de livres, soit 100 000 exemplaires de plus que le tome précédent.

«Nous faisons très peu de profits avec Harry Potter, mais nous nous gardons tout de même une petite marge. Ce qui est payant, c'est l'achalandage. Nous profitons de Harry Potter pour attirer des gens dans nos librairies. Ils vont peut-être acheter un autre livre ou revenir une autre fois», dit Caroline Rivest, directrice adjointe aux achats et à la mise en marché chez Archambault, qui prévoit une hausse de 40% de son chiffre d'affaires hebdomadaire cette semaine.

Toutes les librairies n'auront pas cette chance. Celle de l'Université McGill aura beau se faire des nouveaux clients, elle ne vendra pas davantage de manuels scolaires en plein mois de juillet.

«En considérant les dépenses de notre party de lancement et notre rabais de 30% sur le livre, Harry Potter ne nous fera pas faire beaucoup d'argent, dit la responsable des achats Kim Petherson. Pour nous, la sortie du livre signifie davantage une soirée en l'honneur de Harry.»