Benoit Demers a quatre enfants. Soit de multiples occasions de les voir tomber malades ou développer des allergies. Et autant de chances de voir l'administration de leurs médicaments varier d'un service de garde à l'autre.

Benoit Demers a quatre enfants. Soit de multiples occasions de les voir tomber malades ou développer des allergies. Et autant de chances de voir l'administration de leurs médicaments varier d'un service de garde à l'autre.

«Ma plus jeune était malade. Après l'avoir emmenée chez le médecin, je l'ai laissée au CPE (centre de la petite enfance). J'ai dû remplir et signer un formulaire pour autoriser l'administration du médicament ", raconte Benoit Demers, qui dirige la firme Informatique DLD Solutions Santé, avec sa conjointe Lise Lambert et Yves Desrochers.

«En partant, poursuit-il, je me suis rendu compte que, même si je suis très sensibilisé au monde de la santé, je n'avais pas donné toute l'information à l'éducatrice sur le médicament que ma fille avait à prendre.»

L'idée de Pharmagarde venait de naître. Pour Benoit Demers, dont la compagnie se spécialise dans les logiciels destinés aux officines de pharmacie depuis 1989, il s'agit d'uniformiser l'information entre le pharmacien, les parents et le personnel des services de garde, CPE ou garderie privée.

«On aide une éducatrice, qui doit donner un médicament à un enfant, à bien le faire. On sécurise du même coup le parent qui sait que l'éducatrice a la même information que lui. L'objectif, c'est d'être certain que les enfants sont bien soignés», résume-t-il.

Le fonctionnement de Pharmagarde est aussi simple que son principe, selon Benoit Demers. Le parent demande à son pharmacien une fiche Pharmagarde qui contient l'ensemble de l'information relative à l'enfant et au médicament, l'autorisation des parents, ou encore l'horaire des prises du médicament conçu selon les besoins de l'enfant.

Au parent de remettre ensuite le feuillet au personnel du service de garde. «On suggère que le feuillet soit donné autant pour la prise de médicament que pour avertir l'éducatrice des effets secondaires d'un médicament», dit-il.

S'y rajoute une bande détachable qui sera incluse dans le classeur à anneaux Pharmagarde en la possession de l'éducatrice.

" Avec le cartable, on la rejoint dans son quotidien. D'un seul coup, elle peut voir l'ensemble des enfants qu'elle a à gérer, et les médicaments qu'elle doit administrer au fil de la journée ", dit M. Demers.

Le classeur permet aussi d'archiver l'information sur les médicaments par onglet. De concert avec l'Association québécoise des allergies alimentaires, l'entreprise rajoutera à l'automne un onglet sur les allergies pour aider les éducatrices à s'occuper des enfants allergiques.

Depuis le début de l'année, 33 000 classeurs à anneaux ont été produits et envoyés, aux frais de l'entreprise, aux éducateurs et éducatrices du Québec. Un investissement de 500 000 $, qu'Informatique DLD compte récupérer avec la vente des logiciels Pharmagarde aux pharmaciens. " La réaction des éducateurs et des parents a été très positive, constate Benoit Demers. On espère maintenant que les parents encourageront leurs pharmaciens à se doter du logiciel. "

Garder son indépendance

Car, en dépit de l'appui de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, la réaction des pharmaciens est plus lente que prévu.

«Toutes les principales bannières du Québec auraient aimé avoir l'exclusivité du produit, admet le président. Depuis le début, on a toujours voulu rester neutres. On a refusé d'afficher de la publicité car notre projet en est un de santé publique.»

Une indépendance souhaitable pour l'entreprise qui veut être présente dans toutes les chaînes et pharmacies du Québec. «Parmi les utilisateurs de Pharmagarde, nous avons des Proxim et des Jean Coutu, dit-il. On est allés chercher des clients que l'on ne rejoint pas normalement.»

L'entreprise a signé des ententes avec les pharmacies Brunet, Familiprix et, tout récemment, avec les pharmacies affiliées à la bannière CENTRESanté situées dans les Loblaws, Maxi et Provigo au Québec.

La prochaine étape est de réussir une percée en milieu scolaire. «On a une demande tellement forte qu'on bouge pour le printemps, indique M. Demers. On est en train de développer un modèle destiné aux services de garde des écoles.»

Une véritable surprise pour l'entreprise qui avait estimé son créneau aux 0 à 5 ans seulement. Avec une moyenne de 3,4 prescriptions par année par enfants de 0 à 9 ans au Québec, Pharmagarde a de beaux jours devant lui, croit désormais le PDG.

L'entreprise lorgne déjà les autres provinces canadiennes. «Notre produit est unique au Canada, ajoute Benoit Demers. Je pense que j'ai du travail encore pour un bon bout de temps. La roue est partie.»

Pour en savoir plus : www.pharmagarde.com

LE CONCEPTPharmagarde, un logiciel et un classeur à anneaux qui sécurisent la prise de médicament des enfants en service de garde.

POURQUOI ON AIME

Pour le lien de confiance qui se crée entre le pharmacien, les parents et le service de garde. Pour le bon usage de la technologie au service de la santé. Pour le souci d'indépendance des créateurs de Pharmagarde.