La défaite de samedi contre les Maple Leafs de Toronto a fait mal aux partisans du Canadien. Et au comptable de George Gillett.

La défaite de samedi contre les Maple Leafs de Toronto a fait mal aux partisans du Canadien. Et au comptable de George Gillett.

Le propriétaire du Canadien de Montréal devra dire adieu aux revenus des séries éliminatoires, que La Presse Affaires a évalués à 2,3 M$ pour chaque match présenté au Centre Bell.

Selon nos calculs, une élimination en quatre matchs contre les Sabres de Buffalo - que le Tricolore aurait affrontés en première ronde s'il avait gagné à Toronto samedi - aurait rapporté 4,6 millions au club de hockey montréalais.

Et la conquête de la Coupe Stanley, dont rêvent tant les partisans du club? Environ 27,4 millions, à condition que le Canadien élimine ses adversaires en six ou en sept matchs à chacune de ses quatre confrontations.

Heureusement pour George Gillett, les finances du Canadien se portent mieux que le moral des joueurs de Guy Carbonneau. Selon Forbes, Gillett et la brasserie Molson Coors, qui détient 20 % des actions, auraient empoché des profits de 19,8 millions $CAN (17,5 millions $US) en 2005-2006. Le Canadien a toutefois essuyé des pertes de 90 millions entre 2001 et 2003.

Au contraire de la plupart de ses rivaux, le Canadien n'a pas à participer aux séries éliminatoires pour générer des profits.

«Le Canadien a l'édifice le plus achalandé de la Ligue et il est l'une des équipes qui ont le plus de revenus en produits dérivés et en droits de télédiffusion. Il fait partie des trois ou quatre clubs de la LNH qui n'auront jamais de problèmes financiers», dit Jean Gosselin, vice-président en marketing sportif au cabinet de relations publiques National.

Une participation aux séries aurait néanmoins rempli les coffres du Canadien, qui génèrent selon nos calculs des revenus de 2,3 millions par match avec la vente des 21 773 sièges (2,1 millions par match) et des 135 loges (0,2 million par match) du Centre Bell. Les autres sources de revenus comme les concessions alimentaires, la vente de bière, les articles à l'effigie de l'équipe et les commanditaires n'ont pas été comptabilisées par La Presse Affaires.

Il y a fort à parier que les revenus des billets et des loges correspondent aux profits réalisés lors d'un match de séries. Selon le magazine financier Forbes, les salaires versés aux joueurs de Guy Carbonneau représentent 55 % des dépenses de l'équipe sur une base annuelle. Et une partie des autres dépenses de l'équipe, comme l'impôt foncier du Centre Bell et les salaires versés aux employés salariés, sont des dépenses fixes.

Même si le Canadien ne dévoile pas ses résultats financiers - le président Pierre Boivin a d'ailleurs refusé de répondre aux questions de La Presse Affaires -, il est réaliste de penser que les revenus des concessions alimentaires, de la vente de bière, des articles à l'effigie de l'équipe et des commanditaires parviennent à payer les dépenses d'exploitation du Centre Bell.

Selon les chiffres de Forbes, les dépenses d'exploitation du Centre Bell sont estimées à 409 000 $CAN par match du Canadien, en considérant que la moitié des dépenses de l'équipe (à l'exception des salaires des joueurs) sont des dépenses fixes. Selon ce scénario très prudent qui ne tient pas compte de plusieurs sources de revenus, le Canadien empocherait un profit de 1,9 million par match de séries éliminatoires présenté au Centre Bell.

Mais les insuccès de l'équipe sur la patinoire - depuis 1997, l'équipe n'a participé que quatre fois aux séries - finiront-ils par avoir des répercussions sur leurs résultats financiers? Pas à court terme. Car les nouveaux partisans ont beau rêver du trophée de Lord Stanley, ils sont moins intransigeants que leurs prédécesseurs.

«Le Canadien a réussi à conserver l'intérêt de ses partisans dans un contexte où il est plus difficile de gagner, dit M. Gosselin. Les nouveaux partisans sont plus jeunes et ils sont habitués à une autre réalité: une ligue à 30 clubs où il y a une grande parité. Depuis samedi, les partisans ne sont pas choqués parce que l'équipe n'a pas fait les séries. Ils sont choqués parce qu'ils ont l'impression que l'équipe n'a pas tout fait pour participer aux séries, que Kovalev n'a pas joué à la hauteur de son talent, que Bob Gainey n'a pas fait d'échanges pour améliorer le club.»

Mais l'habile stratégie de marketing du Canadien ne pourra pas faire des miracles éternellement, pense M. Gosselin.

«Même la meilleure campagne de marketing ne remplace pas une victoire, dit-il. Le Canadien est une entreprise de divertissement, au même titre que Céline Dion. Si Céline décide de faire comme Kovalev et de ne pas chanter comme elle en est capable deux soirs sur trois, elle ne verra pas son contrat renouvelé à Las Vegas.»

Avis au talentueux numéro 27 du Tricolore...

Le calcul des revenus

Le Centre Bell contient 21 273 sièges. Pour les matchs du Canadien, le prix des billets varie entre 8,77 $ et 160 $.

Il existe 15 catégories de sièges, avec chacun un prix différent. Comme le Canadien n'a pas voulu nous fournir le nombre de sièges dans chacune des catégories, nous avons dû faire des estimations à partir des 11 catégories de sièges les plus importantes quant au nombre de sièges.

Nous avons donc divisé le Centre Bell en 11 unités. À titre d'exemple, les sièges de catégorie bleue (27,60 $ par billet) représentent deux unités tandis que les sièges de catégorie prestige (162 $ par billet) ne représentent qu'une unité (il y a deux fois plus de sièges de catégorie bleue que de sièges de catégorie prestige).

Nous avons fait nos calculs avec les prix Optimum, soit ceux utilisés par le Canadien pour la douzaine de matchs les plus importants de la saison régulière. Quant aux revenus générés par les loges, nous les avons estimés à 150 $, le prix généralement fixé pour un match des séries selon nos informations.

Un propriétaire de loge doit acheter 10 billets par match, mais il a la possibilité d'en acheter 10 de plus. Pour les fins de notre calcul, nous avons établi que chacun des 135 propriétaires de loges du Centre Bell achète 12 billets pour un match en séries. Les données financières tirées du magazine Forbes sont celles de la saison 2005-2006.

CANADIEN DE MONTRÉAL

Valeur: 230 M$

Profits annuels: 17,5 M$

Masse salariale: 43,6 M$

Propriétaires: George Gillett et Molson Coors

Prix d'achat: 185 M$ en 2000