L'automobile est un gros pollueur. Annuellement, chacun des 19 millions de véhicules en marche au Canada envoie cinq tonnes de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère. Depuis décembre dernier, les entreprises et les automobilistes canadiens ont une nouvelle façon de combattre ce fléau: la carte Clean Air Pass.

L'automobile est un gros pollueur. Annuellement, chacun des 19 millions de véhicules en marche au Canada envoie cinq tonnes de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère. Depuis décembre dernier, les entreprises et les automobilistes canadiens ont une nouvelle façon de combattre ce fléau: la carte Clean Air Pass.

Acheter une Clean Air Pass permet de compenser pour la pollution produite par ses propres déplacements en voiture.

" En fait, on achète des crédits qui servent à réduire les émissions de gaz carbonique globales d'une quantité équivalente à celles produites par son véhicule ", explique Bryce Conacher, président de Reknewco, l'entreprise torontoise qui a démarré ce projet.

Sur le site Web de Clean Air Pass (www.cleanairpass.com) se trouve une petite application du ministère des Ressources naturelles, qui permet de connaître les émissions annuelles de gaz carbonique de sa voiture. L'année, le modèle, la cylindrée et le kilométrage annuel moyen sont utilisés dans ce calcul plus ou moins précis (il ne tient pas compte de l'entretien du véhicule, entre autres).

En échange d'un paiement ajusté en fonction du volume de gaz à effet de serre dont on est responsable, on obtient une carte de membre, un autocollant pour pare-brise et un certificat attestant la transaction. Pour un seul véhicule, la carte coûte de 20 à 200 $.

Pour les parcs automobiles, Reknewco propose des solutions sur mesure. Tout se fait par commerce électronique.

Les parcs automobiles des entreprises sont justement la principale cible de la Clean Air Pass. C'est la façon la plus rapide d'enrôler beaucoup de véhicules dans le programme. M. Conacher souhaite s'entendre rapidement avec au moins une grande entreprise, en espérant que ça fera boule de neige.

" Nous sommes en discussion avec une entreprise nationale de camionnage, et une de location de voitures, mais ça pourrait en être une autre. Au Québec, j'aimerais que des sociétés comme Bombardier ou Bell Canada soient intéressées à compenser la pollution générée par leur parc automobile ", dit-il.

La manifestation (ou non) de cette conscience environnementale déterminera le succès de la Clean Air Pass. Bryce Conacher est confiant. " Les changements climatiques sont un problème de taille, qui ne va pas se résoudre lui-même. Cela exige un effort volontaire des entreprises et des consommateurs. Quand on les sensibilise à ce sujet, la réaction est généralement rapide et positive. "

Des crédits et des arbres

Depuis son lancement en décembre, la Clean Air Pass a compensé pour l'équivalent de 3,5 millions de kilomètres parcourus en automobile. Ce sont pas moins de 1100 tonnes de gaz carboniques épargnées à l'atmosphère. Pour y parvenir, Reknewco procède de deux façons: en plantant des arbres et en achetant des crédits à la Bourse climatique de Chicago.

Ainsi, si un client passe par le site de la Fondation canadienne de l'arbre pour acheter sa carte, ou s'il l'exige tout simplement, Reknewco refilera l'argent à la fondation. Celle-ci plantera suffisamment d'arbres pour absorber une quantité de gaz carbonique égale à celle produite par la voiture du client.

L'autre option est un peu plus complexe. Pour chaque carte émise, Reknewco achète des crédits à la Bourse climatique de Chicago (CCX). En gros, une entreprise qui parvient à éliminer ses gaz à effet de serre au-delà du niveau cible imposé par CCX obtient des crédits, qu'elle peut revendre à d'autres entreprises plus polluantes, sur le portail sécurisé qui tient lieu de Bourse électronique.

Reknewco achète un certain nombre

de ces crédits au nom des propriétaires d'une carte Clean Air Pass. Il sera bientôt possible d'échanger ces crédits à la Bourse climatique de Montréal, annoncée récemment par la Bourse de Montréal en partenariat avec CCX. De cette façon, l'argent sera investi au Canada, ce que privilégie Reknewco.

Cela dit, pour le moment, seulement 25 % de la somme payée pour une Clean Air Pas va à l'achat de crédits, le reste servant à financer le programme. Reknewco assure que cette proportion devrait s'inverser d'ici la fin de l'année.

L'entreprise aimerait aussi s'associer à des projets concrets de réduction des émissions polluantes, et utiliser la Clean Air Pass pour financer en partie leur développement. Pour le moment, aucun projet n'a intéressé Bryce Conacher, mais il garde l'oeil ouvert.

" Notre but est simple: aider à développer des technologies réduisant la pollution ", dit-il.

Et, au passage, inviter les entreprises qui font beaucoup de route à faire leur part.

© 2006 La Presse. Tous droits réservés.