Les temps sont durs pour Jim Cramer, l'analyste financier le plus connu - et le plus coloré - aux États-Unis.

Les temps sont durs pour Jim Cramer, l'analyste financier le plus connu - et le plus coloré - aux États-Unis.

Avec ses recommandations à la vitesse de l'éclair, ses sautes d'humeur et son cri de ralliement - le célèbre «Booyah!» -, la vedette de la chaîne d'informations financières CNBC a toujours suscité la controverse dans les milieux financiers.

Cette fois-ci, l'animateur de Mad Money voit ses compétences remises en question par Barron's, l'une des revues financières les plus prestigieuses au pays de l'Oncle Sam.

La semaine dernière, Barron's a analysé ses recommandations des deux dernières années. Conclusion: Jim Cramer est peut-être une valeur sûre dans la guerre aux cotes d'écoute, il n'obtient pas les mêmes rendements sur les marchés boursiers.

Selon Barron's, les téléspectateurs de Mad Money qui ont suivi ses recommandations à la lettre ont obtenu un rendement de 12% sur deux ans. Les trois principaux indices boursiers américains - le SP&500 (+16%), le Dow Jones (+22%) et le Nasdaq (+14%) - ont tous fait mieux pendant la même période.

Comme CNBC ne compile pas les rendements de son animateur vedette, la chaîne de télévision s'est lancée dans une guerre de chiffres. Barron's admet toutefois que Jim Cramer a connu une meilleure année en 2007: son rendement de 3,2% se compare à celui des indices boursiers (le SP&500 en hausse de 2%, le Dow Jones en hausse de 4,9% et le NASDAQ en hausse de 3,7%).

Les conclusions de Barron's n'étonnent pas Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.

«Il faut traiter Mad Money pour ce que cette émission est vraiment: de la finance spectacle! C'est un bon vieux show de lignes ouvertes, dit-il. Cramer va au bâton 10 ou 12 fois par émission. Avec la loi de la moyenne, il doit avoir raison 6 fois sur 10. Mais j'ose espérer que personne ne le prend trop au sérieux.»

Malgré tout, Vincent Delisle n'est pas surpris des cotes d'écoute de Jim Cramer, qui attire chaque soir des fidèles dans 134 000 foyers américains.

«CNBC et Cramer suivent les modes, dit Vincent Delisle. Ils font ce que les gens veulent. Quand je fais des conférences, les gens me demandent toujours de faire du stock picking. Est-ce que je dois acheter Bombardier? Je leur réponds toujours la même chose: vous commencez par la fin. Gérer un portefeuille, ce n'est pas faire du stock picking, c'est obtenir un rendement satisfaisant en minimisant les risques. Gérer un portefeuille devrait être tout sauf excitant. Si ton portefeuille te fait vivre des émotions, c'est que tu n'as pas le bon portefeuille.»

Jim Cramer devrait survivre aux conclusions de Barron's, notamment en raison de sa longue feuille de route à Wall Street. Après ses études en droit à Harvard - où il a côtoyé le gouverneur de l'État de New York, Eliot Spitzer, et le PDG de Microsoft, Steve Ballmer -, Jim Cramer a fait son entrée chez Goldman Sachs à New York.

Entre 1987 et 2001, il a géré son fonds spéculatif (hedge fund), obtenant un rendement annuel de 24%. Il n'a donc pas que des détracteurs dans les milieux financiers.

«Son nom revient encore dans les conservations», dit Vincent Delisle. «Cramer a dit ça hier», me dit-on parfois.

«Ça me fait toujours sourire. C'est un peu comme si Bob Gainey se faisait dire de mettre Koivu à l'aile gauche parce que Ron Fournier l'a dit hier soir à la radio...»