Au cours des trois premiers mois de l'année 2007, le taux d'occupation des principaux hôtels de Montréal a dépassé celui de l'année précédente. Cette embellie pourrait cependant être de courte durée.

Au cours des trois premiers mois de l'année 2007, le taux d'occupation des principaux hôtels de Montréal a dépassé celui de l'année précédente. Cette embellie pourrait cependant être de courte durée.

En dépit de l'augmentation importante du nombre de chambres à louer, le taux d'occupation a jusqu'ici maintenu une bonne performance, souligne à La Presse Affaires William Brown, vice-président principal de l'Association des hôtels du Grand Montréal. Par contre, les défis à venir seront difficiles à relever, note-t-il.

Gilles Larivière, président de Horwath Horizon Consultants, craint que le cumul de l'offre de nouvelles chambres d'hôtel contribue à faire fléchir le taux d'occupation de 1% ou 2% au cours des deux prochaines années.

Tourisme Montréal et Bill Brown ont dévoilé hier que le taux d'occupation pour les trois premiers mois de 2007 a atteint le niveau de 54,16 %, comparativement à 53,28 % il y a un an. Pour mars 2007, le taux d'occupation se situe à 59,8 %, comparativement à 59,3% l'an dernier. Le prix moyen des chambres est passé de 125,49 $ à 126,54 $. L'Association des hôtels du Grand Montréal regroupe 71 grands hôtels qui disposent de 16 561 chambres.

Trop de nouvelles chambres d'hôtel à Montréal ? Gilles Larivière trouve «qu'il y en aura beaucoup, en effet. Chaque fois que Montréal ajoute plus de 500 à 600 chambres par année, ça met de la pression sur le marché de l'hôtellerie».

Deux ou trois autres facteurs risquent de nuire au taux d'occupation, reconnaît Bill Brown.

«D'abord, Montréal accueillera beaucoup moins de grands congrès au cours des deux prochaines années. Les hôtels devront donc travailler beaucoup plus fort pour attirer de nouveaux clients. Ensuite, on ne sait pas encore quel sera l'impact de l'obligation de présenter son passeport (cette année, pour l'avion, et en janvier 2008, pour la voiture) sur les touristes américains. Enfin, il y aura une élection présidentielle aux États-Unis en 2008 et, d'habitude, les citoyens américains voyagent moins à l'étranger durant une telle période.»

Gilles Larivière ne s'attend «pas à une grande croissance de la clientèle hôtelière à Montréal en 2007 et 2008. Cela posera peut-être de petits problèmes, notamment dans l'Ouest-de-l'Île qui verra arriver de nouvelles chambres sur le marché. Ce n'est peut-être pas seulement le 450, soit la banlieue, mais aussi le reste du Québec qui va devoir céder des congrès à Montréal».

«Le taux d'occupation pourrait ainsi se stabiliser à Montréal, mais baisser dans les régions. Même la ville de Québec risque de perdre des clients au profit de Montréal, qui va accentuer son offensive», selon Gilles Larivière.

Raymond Saint-Pierre, vice-président à l'exploitation d'Atlific pour l'est du Canada, un gestionnaire d'hôtels, croit plutôt que Montréal tentera d'aller chercher des congrès ailleurs au pays.

Par ailleurs, le prix des chambres se maintient à un haut niveau à Montréal, mais il pourrait faiblir, enchaîne Gilles Larivière. Le tourisme à Toronto a subi ces dernières années les contrecoups de crises, comme le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), et ses hôtels ont dû abaisser le prix des chambres pour ramener la clientèle.

«Le prix moyen des chambres d'hôtel à Montréal se retrouve ainsi aussi élevé que celui de Toronto, mais ce n'est pas naturel, selon le président de Horwath Consultants. Ce prix de Montréal est actuellement sur un plateau. Toronto, pour sa part, va améliorer sa performance sur le marché et le prix de ses chambres, qui a même baissé de 30 % durant plusieurs mois, va repartir à la hausse.»

Par ailleurs, la vigueur du dollar canadien rend le Canada moins attrayant pour les touristes des États-Unis et des autres pays, souligne Gilles Larivière. Les Canadiens sont tentés d'en profiter pour aller visiter d'autres pays. Le taux de change du dollar canadien a monté trop vite, de 75 cents à 90 cents, par rapport au billet vert américain, et la vitesse de sa hausse a eu un impact important sur le tourisme à Montréal, au Québec et ailleurs au Canada.

Le rattrapage du côté des touristes américains, dont le nombre a diminué au Canada, va devoir s'étendre sur une période plus longue que prévu, craint le président de Horwath Consultants. «Cette situation ne se résorbera pas avant 2009.»