Le projet de fusion GDF-Suez fait l'objet d'intenses négociations entre la France et la Belgique, sur le rôle de l'Etat belge dans le futur ensemble et les remèdes envisagés pour réduire la position dominante des deux groupes en Belgique, touchant notamment au nucléaire belge.

Le projet de fusion GDF-Suez fait l'objet d'intenses négociations entre la France et la Belgique, sur le rôle de l'Etat belge dans le futur ensemble et les remèdes envisagés pour réduire la position dominante des deux groupes en Belgique, touchant notamment au nucléaire belge.

Les deux groupes français ont pourtant déjà transmis à la Commission européenne plusieurs solutions pour remédier aux problèmes de concurrence soulevés par leur projet de fusion en Belgique.

Mais le gouvernement belge juge ces remèdes insuffisants.

Le groupe privé d'énergie et d'environnement Suez pourrait ainsi être contraint de céder une partie de sa production nucléaire en Belgique, de l'ordre de 900 mégawatts, affirme lundi le Figaro, alors que Suez entendait jusqu'ici préserver ses sept réacteurs nucléaires, exploités par sa filiale Electrabel et représentant 5.800 mégawatts.

Par ailleurs, les autorités françaises et belges, ainsi que les deux groupes, poursuivent des discussions pour attribuer à l'Etat belge une "golden share" (action spécifique) dans la future entité, a rapporté lundi le porte-parole du ministre belge de l'Economie, Marc Verwilghen.

Chez Suez, on affirme que des "discussions sont toujours en cours" avec le gouvernement belge, sans en préciser le contenu.

Suez rappelle toutefois le voeu des deux groupes de procéder à des "échanges" d'actifs et non à de simples cessions, afin de préserver la dimension du nouvel ensemble fusionné.

Depuis l'annonce de l'opération en février, les autorités belges répètent pour leur part qu'elles souhaitent profiter de ce mariage pour ouvrir leur marché de l'énergie, actuellement très peu concurrentiel, à de nouveaux acteurs.

Suez et GDF sont très présents sur les marchés belges de l'électricité et du gaz.

Dans le gaz, GDF est le seul en Belgique à concurrencer l'omniprésent Distrigaz, filiale de Suez à 61,85%. Aussi les deux groupes ont-ils promis de créer un "nouveau concurrent", qui récupèrera les clients de Distrigaz et de la SPE (Société de production d'électricité), détenue à 25,5% par GDF, ainsi que des contrats d'approvisionnement.

Dans l'électricité, alors que la fusion ferait passer sous le même toit Electrabel, filiale de Suez à 99%, et la SPE, GDF prévoit de céder sa participation dans SPE.

Mais aucune cession d'une partie de l'activité nucléaire de Suez ne fait partie des remèdes transmis à la Commission européenne, qui ne demandait pas une telle mesure, selon le ministre français de l'Economie, Thierry Breton.

Sur la table des négociations, affirmait samedi le quotidien belge Le Soir, figurent la cession par Electrabel de plus de 3.000 mégawatts à un électricien étranger par le biais d'échanges d'actifs, et à la SPE. L'allemand E.ON est cité, selon Le Soir.

Quant à la "golden share" belge, qui permet de s'opposer à des décisions allant à l'encontre des intérêts nationaux, elle a été au coeur d'une rencontre jeudi entre le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, et le président français, Jacques Chirac, en marge du sommet de la francophonie à Bucarest.

L'idée aurait également été approuvée par le patron de Suez, Gérard Mestrallet, lors d'une réunion vendredi avec M. Verhofstadt, selon une source gouvernementale.

A cet égard "les intérêts de la Belgique seront préservés", a assuré lundi la présidence française.

Reste à savoir comment cette nouvelle action spécifique belge cohabitera avec celle de l'Etat français, qui portera sur les réseaux de transport, les terminaux méthaniers et les stockages.

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are/ros