Patricia Dunn, l'ex-présidente du Conseil d'administration du groupe informatique américain Hewlett-Packard (HP), a évoqué un "cauchemar" pour caractériser l'affaire d'espionnage qui a secoué le Conseil d'administration de l'entreprise et a abouti à sa démission.

Patricia Dunn, l'ex-présidente du Conseil d'administration du groupe informatique américain Hewlett-Packard (HP), a évoqué un "cauchemar" pour caractériser l'affaire d'espionnage qui a secoué le Conseil d'administration de l'entreprise et a abouti à sa démission.

Evoquant sa nomination à la tête de ce Conseil d'administration début 2005, Mme Dunn a indiqué qu'elle s'attendait à ce qu'il y ait "des défis dans l'exercice des responsabilités importantes qui m'étaient confiées mais, même dans mes pires cauchemars, je n'aurais pu imaginer que ce qui se produit aujourd'hui puisse arriver à HP".

Le texte du témoignage que Mme Dunn devait présenter jeudi devant une Commission de la Chambre des représentants américains a été publié mercredi soir ainsi que celui de l'actuel PDG du groupe, Mark Hurd.

Ce dernier avait annoncé la semaine dernière le départ immédiat de Mme Dunn de ses fonctions à la tête du Conseil d'administration. HP avait reconnu quelques jours auparavant que les membres du CA s'étaient espionnés les uns et les autres, ainsi que des journalistes, pour tenter de trouver l'auteur de fuites vers la presse concernant leurs délibérations.

"La plupart des directeurs m'avaient dit dans les premières semaines de mon mandat de présidente qu'avec la recherche d'un nouveau PDG, prendre des mesures pour mettre fin aux fuites au sein du Conseil d'administration serait ma principale priorité", a encore affirmé Mme Dunn.

Elle avait été nommée à la tête du Conseil après le départ quelque peu mouvementé de la PDG précédente Carly Fiorina en janvier 2005. Mark Hurd avait été lui nommé PDG en mars de la même année.

Dans son témoignage Mark Hurd a lui précisé qu'au total neuf journalistes et leurs familles, deux employés actuel d'HP et sept membres actuels ou passés du Conseil d'administration avaient fait l'objet de violations de leur vie privée.

Les détectives de la firme d'investigation engagée par Mme Dunn avait notamment utilisé un procédé connu aux Etats-Unis sous le nom de "pretexting" et consistant à se faire passer pour l'abonné afin d'obtenir ses relevés téléphoniques.

L'audition organisée jeudi par la Commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants doit notamment se pencher sur la légalité de tels agissements.

Les autorités judicaires fédérales et de Californie ont également ouvert des enquêtes sur cette affaire mais aucune inculpation n'a encore été prononcée.

"Ce qui a commencé comme une enquête normale et sérieuse sur les fuites émanant du Conseil d'administration du groupe vers la presse concernant des informations sensibles pour le groupe, s'est transformé en une enquête clandestine qui a violé les principes et les valeurs de HP", a affirmé Mark Hurd dans son témoignage.

Hewlett Packard est l'un des tous premiers groupes informatiques au monde et emploie 150.000 personnes. Le scandale lié aux écoutes fait la Une de la presse américaine depuis plusieurs semaines et a abouti au départ de Mme Dunn ainsi que d'autres cadres du groupe.

L'auteur des fuites, George Keyworth, l'un des membres du Conseil d'administration, avait finalement été identifié et a lui aussi démissionné.

Mme Dunn a souligné dans son témoignage qu'elle encourageait le Congrès "à envisager une législation qui aiderait davantage les entreprises à protéger les intérêts des actionnaires dans les situations où ces intérêts et la protection de la vie privée entrent en conflit".

"S'il y avait eu par exemple une administration officielle vers laquelle HP avait pu se tourner pour mener une enquête légale, acceptée et protégée sur la base de menaces prouvées contre l'intégrité du groupe provenant de la publication non autorisée de délibération de son Conseil d'administration, les évènements en question ne se seraient pas produits", a-t-elle affirmé.

HEWLETT PACKARD

jld/liu