Le groupe de médias Dow Jones (DJ) attend un verdict décisif lundi, son actionnaire majoritaire, la famille Bancroft, devant trancher d'ici la fin de journée sur l'offre de rachat lancée par le magnat des médias Rupert Murdoch.

Le groupe de médias Dow Jones [[|ticker sym='DJ'|]] attend un verdict décisif lundi, son actionnaire majoritaire, la famille Bancroft, devant trancher d'ici la fin de journée sur l'offre de rachat lancée par le magnat des médias Rupert Murdoch.

L'offre de M. Murdoch, qui propose 5 G$ US pour racheter Dow Jones et son fleuron, le quotidien financier Wall Street Journal, divise profondément la famille Bancroft, qui contrôle le groupe depuis 1902.

Après une réunion infructueuse lundi dernier des 33 membres de la famille actionnaires de Dow Jones, le représentant légal de la famille, Michael Elefante, a fixé aux Bancroft une échéance ce lundi à 17h pour recueillir les votes de chacun, selon le Wall Street Journal.

M. Elefante fera ensuite part des résultats au conseil d'administration de Dow Jones. Des informations qui n'ont pas été commentées par le porte-parole des Bancroft.

Selon le Wall Street Journal, qui suit de près les débats internes aux Bancroft, près de 28% des votes de la famille étaient favorables à une cession à ce stade, là où M. Murdoch a besoin de 30% des voix pour réussir.

Le score a refroidi le camp News Corp [[|ticker sym='NWS'|]]   : «Si jamais les votes devaient rester aux niveaux actuellement rapportés (par la presse, NDLR), il est hautement improbable que nous donnions suite à l'offre», a déclaré Andrew Butcher, un porte-parole de News Corp.

La famille Bancroft est partagée sur une cession, sur fond d'inquiétudes pour l'indépendance éditoriale notoire du Wall Street Journal, si le prestigieux quotidien financier devait passer dans le giron de News Corp., le groupe de Rupert Murdoch.

L'empire des médias de ce dernier compte notamment une presse à grand tirage comme le tabloïd The Sun ou le guide de programmes télé Gemstar-TV Guide, aux côtés de la chaîne d'information Fox News et des studios de cinéma 20th Century Fox.

L'offre de M. Murdoch sur le groupe familial est pourtant généreuse  : avec un prix de 60 $ US par action, elle représente une prime de 65% sur le cours de Bourse de Dow Jones avant l'annonce (36,33 $ US), le 1er mai. Sur les 5 G$ US, 1,2 irait aux Bancroft, selon le pro rata de leur participation.

Les 33 membres Bancroft détiennent ensemble 24% du capital, mais bien plus en droits de vote (64%), ce qui rend leur verdict décisif.

Pour réussir, Rupert Murdoch n'a besoin que de 30% sur ces 64%, sachant que le reste des actionnaires est plutôt favorable (le conseil d'administration a recommandé l'offre à ses actionnaires).

Mais les prises de positions tranchées de certains membres-clés de la famille rendent l'issue incertaine.

Le clan des opposants à une cession compte entre autres Christopher Bancroft, figure importante de la famille qui siège au conseil d'administration de Dow Jones, et la doyenne Jane Cox MacElree, qui contrôle 15% des droits de vote.

Signe de la haute teneur émotionnelle des débats, Mme MacElree a cédé en fin de semaine 5,5% sur ces 15%, refusant de peser sur l'avenir du groupe familial alors que ses deux enfants sont partagés entre les «pro» et les «anti».

Le clan des «pro» compte en effet son fils Crawford Hill et l'une des trois branches de la famille, les Cooks, qui détiennent 23% des droits de vote.

À ces deux camps s'ajoutent également certains membres et conseillers qui voudraient voir Murdoch relever son offre, une perspective peu plausible.

Le marché, initialement persuadé qu'un accord verrait le jour, se risque peu à prendre les paris. À la Bourse de New York, l'action Dow Jones oscille ainsi depuis début de mai entre les 52 et 60 $ US, fluctuant au gré des informations sur le sujet. Depuis une semaine, l'action s'est figée autour des 54 $ US.