Devant ses disciples rassemblés au début de mai pour son assemblée annuelle, le gourou de l'investissement Warren Buffett a porté un dur coup aux fonds communs de placement. Trop de frais, pas assez de rendement!

Devant ses disciples rassemblés au début de mai pour son assemblée annuelle, le gourou de l'investissement Warren Buffett a porté un dur coup aux fonds communs de placement. Trop de frais, pas assez de rendement!

Selon Buffett, les investisseurs néophytes devraient plutôt se tourner vers des indices boursiers, à frais modiques.

Comme si ce n'était pas assez, au même moment, une étude confirmait que les fonds canadiens sont les plus coûteux de la planète. Ici, les frais annuels atteignent 1,84% en moyenne, par rapport à seulement 0,87% aux États-Unis. Un écart monstre de presque 1%!

Ces frais grugent une part considérable du rendement des épargnants. Par exemple, les fonds spéculatifs (hedge funds) qui sont particulièrement coûteux, prélèvent plus de 3% de frais. Depuis cinq ans, cela n'a laissé que 5% de rendement annuel aux investisseurs. C'est pourtant leur argent qui est en jeu.

À long terme, les investisseurs laissent ainsi filer des milliers de dollars. Sur 30 ans, un placement de 10 000$ dans un fonds commun qui réalise un rendement de 7%, rapportera 25 000$ de moins qu'un fonds qui affiche un rendement de 8%.

Mais comme les rendements sont toujours présentés une fois les frais prélevés, les investisseurs ne tiquent pas trop. Cela explique peut-être pourquoi les frais n'ont jamais fondu au Canada, malgré la concurrence.

Hasard ou coïncidence? Depuis la sortie de l'étude, des signes laissent entrevoir une tendance à la baisse des frais.

Fin mai, AIM Trimarck a réduit de 0,25% les frais sur une dizaine de fonds plutôt dispendieux. «Les investisseurs deviennent réticents à payer des frais au-delà du seuil psychologique de 2%», constate Rudy Luukko, de la firme d'évaluation de fonds communs Morningstar Canada.

Le lendemain, RBC Placements en direct dévoilait qu'une quarantaine de fonds de sa famille seraient disponibles à des frais de gestion réduit pour les investisseurs autonomes qui transigent directement sur internet ou par téléphone, sans obtenir de conseil.

Il faut savoir qu'une part importante des frais annuels des fonds communs (0,25% à 1,15%), sert à verser une commission de suivi à chaque année au conseiller qui a vendu le fonds et qui continue d'épauler son client.

«Il n'y a pas de justification pour qu'un courtier direct reçoive la même commission de suivi qu'un courtier de plein exercice», estime M. Luukko. Il ne serait pas surpris que les autres banques, toujours très rapides à se copier, emboîtent le pas.

«Si la tendance a un attrait, nous allons le constater. Pour l'instant, nous n'avons pas senti la curiosité de la part de nos clients», affirme toutefois Richard Dussault, premier vice-président chez BMO Ligne d'actions qui ne projette pas de réduire ses frais, à court terme.

Ce ne serait pas la première fois qu'une offensive pour réduire les frais dans l'industrie des fonds retombe à plat.

Rappelons qu'en 2004, le géant Fidelity a diminué les frais de ses fonds. Les concurrents n'ont pas bronché... Aussi, il y a trois ans, le courtier internet E*Trade Canada a tenté de vendre des fonds de différentes familles, sans commission de suivi. Des sociétés de fonds (dont les produits sont surtout distribués par des courtiers de plein exercice), l'ont forcé à reculer.

Mais en attendant une baisse généralisée des frais des fonds, les investisseurs disposent déjà de plusieurs façons d'investir à moindres frais. Voici des exemples...

Un coup de main de votre employeur

Les employés qui ont droit à un régime de retraite avec leur employeur ont tout avantage à maximiser leurs contributions, avant d'investir dans leur REER individuel.

«En faisant des cotisations optionnelles au régime de retraite, on profite de l'escompte de volume», indique Martin Dupras, conseiller principal pour la firme d'actuariat Groupe-conseil Aon.

Les frais de gestion dans un régime de retraite à cotisations déterminées sont de 0,9% à 1,1%, par rapport à environ 1,9% à 2,5% pour un fonds communs de placement comparable qu'on achète individuellement. Cet écart d'au moins 1% est énorme.

La différence est un peu moins grande (environ 0,8%) entre un REER collectif offert avec l'employeur, et un REER individuel. Mais il demeure très avantageux d'investir en groupe.

Investissez en groupe

Les investisseurs qui sont membres d'une association ou d'un ordre professionnel, ont aussi accès à des fonds à faibles coûts.

Au Québec, les Fonds des professionnels sont disponibles pour les médecins, dentistes, architectes, pharmaciens et notaires. Les Fonds FMOQ sont destinés à la communauté médicale québécoise. Gestion Férique s'adresse aux ingénieurs.

Ces familles ont un point en commun : des frais très bas. Prenez le fonds Férique équilibré.

Les frais annuels sont d'à peine 0,73%, considérablement moins que la moyenne des fonds équilibrés mondiaux (2,4%). Grâce à une solide équipe de gestionnaires, ses rendements surpassent constamment la moyenne depuis 15 ans, indique Rudy Luukko.

Idem pour son fonds de revenus fixes et son fonds de marchés monétaires, toujours premiers de classe depuis des années.

Concentrez-vous

Les investisseurs plus fortunés peuvent faire des économies en concentrant leurs actifs dans des fonds qui perçoivent des frais moins élevés, moyennant un investissement initial plus important.

Par exemple, la famille montréalaise GBC (Pembroke) offre des fonds à frais inférieurs aux investisseurs qui ont les moyens d'injecter au moins 100 000$.

La famille Phillips, Hager & North (PH&N) est l'une de celles qui perçoit les frais les plus bas de l'industrie. Par exemple, ses fonds d'obligations exigent pratiquement 1% de moins que la moyenne des fonds comparables, ce qui leur permet de dégager des rendements supérieurs depuis fort longtemps.

L'investissement minimal est de 25 000$.

Visez les fonds moins coûteux

D'autres familles de fonds, disponibles au grand public, ont des frais beaucoup plus bas que la moyenne. On pense à McLean Budden, Beutel Goodman, Sceptre, Saxon...

Cette semaine, une nouvelle firme, misant sur des frais de gestion raisonnables, a fait son apparition. Les frais des fonds Steadyhand s'échelonneront de 0,65% pour le fonds de marché monétaire à 1,7% pour les fonds de petites capitalisations et d'actions mondiales.

En outre, les frais seront réduits de 20 à 40% pour les investisseurs qui injectent 100 000$ à 500 000$. Un rabais de 7 à 14% sera accordé aux clients fidèles qui conservent leurs placements au-delà de cinq ans et 10 ans.

Passez-vous de gestionnaire

Suivez le conseil de Warren Buffett : passez-vous de gestionnaire et investissez dans un indice. Toutes les banques offrent des fonds communs indiciels. Comme ces fonds ne sont pas gérés activement par un gestionnaire, leurs frais sont nettement inférieurs.

Certains fonds indiciels de série E de la famille TD, offert uniquement sur internet, ont des frais de gestion annuel aussi bas que 0,31%. Certains fonds de cette série, comme le fonds international (frais de gestion de 0,48%), est même meilleur marché que le iShare MSCI-EAFE, un fonds négocié en Bourse comparable offert par la famille Barclays.

Achetez des fonds négociés en Bourse

Mais la plupart du temps, les fonds négociés en Bourse (FNB) demeurent l'option la moins coûteuse pour investir dans un indice.

Au Canada, la famille Barclays qui domine l'industrie, a lancé plusieurs produits depuis un an. Une sérieuse concurrence aux fonds communs.

Prenez son dernier bébé, un FNB fondé sur l'indice Jantzi des entreprises canadiennes socialement responsables. Les frais de gestion seront de 0,5%. C'est quatre fois moins que le fonds commun Meritas indiciel Jantzi Social, qui trace le même indice avec des frais de 2%.

Faites-le vous-même

Les investisseurs qui peuvent prendre leur décision de placement eux-mêmes, peuvent acheter leurs fonds communs auprès d'une firme de courtage direct (par téléphone ou internet) au lieu de faire appel à un conseiller financier qui reçoit une commission à la vente en plus d'une commission de suivi à chaque année.

Obtenez une ristourne

Depuis 2006, certaines caisses populaires Desjardins offrent des ristournes aux investisseurs qui achètent des fonds de la famille Desjardins, comme c'est le cas depuis longtemps avec d'autres produits financiers comme les hypothèques ou les dépôts à terme.

«Ce n'est pas automatique, la décision revient à chaque caisse», prévient Marc Dubuc, vice-président marketing des Fonds Desjardins. En 2006, les ristournes payables sur la détention en Fonds Desjardins, pour l'année 2005, ont atteint environ 9,5 M$.