CTVglobemedia a franchi la barrière clé pour toute acquisition dans le secteur de la diffusion en obtenant le feu vert du CRTC afin de mettre la main sur le diffuseur CHUM.

CTVglobemedia a franchi la barrière clé pour toute acquisition dans le secteur de la diffusion en obtenant le feu vert du CRTC afin de mettre la main sur le diffuseur CHUM.

Toutefois, le CRTC force l'acheteur à vendre les stations de télé CityTV dans cinq grandes villes du pays. La compagnie a 30 jours pour présenter son plan.

Rappelons qu'en juillet 2006, CTVglobemedia annonçait une offre de 52,50 $ par action ou 1,7 G$ pour se procurer 12 chaînes de télé locale et 21 canaux spécialisés comme MusiMax, MusiquePlus et les stations locales A-Channel.

Cela s'ajoute à un empire qui comprend déjà le réseau CTV et le quotidien The Globe and Mail et dans lequel BCE détient une participation de 15%.

Toutefois, l'autorité réglementaire a exprimé, lors des audiences publiques, de forts doutes sur la possession éventuelle de CityTV à Toronto, Vancouver, Winnipeg, Edmonton et Calgary.

Le CRTC disait que CityTV aurait donné à CTVglobemedia une deuxième station de télé locale de même langue dans ces marchés, ce qui est contre les règles.

De son côté, l'entreprise alléguait que la prise de contrôle donnerait enfin à CityTV la stabilité financière qui lui manquait pour continuer à faire preuve d'audace.

Parmi les allégations de CTV, l'on retrouvait aussi la nécessité de combattre la fragmentation du marché publicitaire. Or, le CRTC craignait que la transaction ne lui donne la moitié du gâteau dans le monde télévisuel au pays.

Le Conseil n'a visiblement pas avalé cela, refusant de contourner les principes. «Notre politique vise à maintenir la diversité des voix dans le système canadien de radiodiffusion», affirme Konrad von Finckenstein, président du CRTC.

«Certaines exceptions à la politique ont été accordées dans le passé pour des stations en difficulté dans des marchés secondaires, ajoute M. Finckenstein. CTVglobemedia a demandé au Conseil de faire exception à la politique en présentant des arguments basés sur la parité concurrentielle et l'impact des nouveaux médias. Toutefois, le Conseil n'a pas été convaincu.»

Avare de commentaires, CTVglobemedia a préféré limiter sa réaction à un communiqué, invoquant le besoin d'examiner la décision avant d'en dire plus.

L'achat de CHUM a aussi fait l'objet de résistances de l'actionnaire minoritaire Jarislowski Fraser, qui détenait 15,5% des actions de catégorie B quand la transaction a été annoncée. La firme de conseil en placements affirmait que la vente était injuste pour les petits actionnaires, même si elle générait une belle valeur.

Une bouée pour TQS ?

Le groupe de pression Friends of Canadian Broadcasting a salué la décision concernant CityTV. Le regroupement estime qu'il fallait défendre la diversité des nouvelles locales et des choix pendant les heures de grande écoute.

«Si le Conseil avait approuvé la transaction telle que proposée, il y aurait eu une bonne raison de s'attendre à un duopole dans la télé conventionnelle privée anglophone», avance Ian Morrison, porte-parole de Friends of Canadian Broadcasting.

«Ce duopole aurait permis à CTV de jouir d'un avantage permanent structurel contre CanWest Global», précise M. Morrison.

Selon le porte-parole, la décision de vendredi a un impact potentiel au Québec.

«Si le CRTC avait laissé CTV mettre la main sur CityTV, dit-il, rien n'aurait empêché TVA d'avaler TQS, créant ainsi un monopole de TV privée francophone au Canada.»