La situation a littéralement tourné au vinaigre au Journal de Québec, là où quelques heures après le déclenchement d'un lock-out des 140 journalistes et employés de bureau, les pressiers ont voté massivement en faveur d'une grève.

La situation a littéralement tourné au vinaigre au Journal de Québec, là où quelques heures après le déclenchement d'un lock-out des 140 journalistes et employés de bureau, les pressiers ont voté massivement en faveur d'une grève.

Dans une proportion de 97 %, les pressiers du Journal de Québec ont décidé de déclencher une grève. Cette décision est directement liée à la décision de la direction de mettre en lock-out hier matin son équipe rédactionnelle et ses employés de bureau représentés par d'autres syndicats.

«Ils n'avaient pas envie de rentrer à l'intérieur alors que les autres seraient sur le trottoir, a déclaré Pierre Bellerose, du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Ils ont voté par solidarité.»

Le lock-out déclenché par la direction de Quebecor, qualifié d'«agression planifiée» par les représentants syndicaux du Journal de Québec, fait suite à celui qui a touché ses 2200 employés de Vidéotron et celui de ses 120 pressiers du Journal de Montréal.

«C'est à se demander si la direction de Quebecor connaît d'autres façons de négocier avec ses employés», a déclaré à La Presse Denis Bolduc, porte-parole des syndicats mêlés à ce conflit.

Selon lui, les employés voyaient venir la situation depuis longtemps. «En septembre dernier, ils ont engagé 14 nouveaux cadres, reprend M. Bolduc. Nous sommes passés de 33 à 47 cadres. On a aussi créé une salle de nouvelles dans les bureaux du Toronto Sun pouvant accueillir des journalistes pigistes.»

Les syndicats ont aussi appris qu'une agence de sécurité, qui était récemment à la recherche d'agents pouvant servir lors de «conflits de travail» a été embauchée par le Journal de Québec.

«Cette firme assure la sécurité au journal depuis quelque temps, dit Denis Bolduc. Drôle de hasard, non ?»

Dans un communiqué émis dimanche, la direction du Journal de Québec et de Corporation Sun Media a dit souhaiter que les employés s'adaptent «à la nouvelle réalité du marché» en acceptant, notamment, de collaborer davantage à l'internet.

L'employeur voudrait également que ses journalistes adoptent la semaine de cinq jours, au lieu de quatre comme c'est le cas présentement.

Pour la direction, c'est le «refus» des syndicats d'en venir à une entente qui a mené au décret du lock-out. Les syndicats ne voient pas les choses du même oeil. «C'est quand même incroyable, dit Denis Bolduc. Nous étions prêts à négocier et on nous impose cela.»

La direction du Journal de Québec promet que le quotidien «ne subira aucune interruption de publication et que les mesures mises en place permettront de continuer d'offrir un produit d'excellente qualité».

Selon le directeur des ressources humaines, Ronel Tremblay, l'impression du journal sera assurée par le personnel cadre.

Les syndicats s'interrogent toutefois sur les moyens que prendront les cadres pour atteindre leurs objectifs sur le plan rédactionnel. «Les textes des journalistes peuvent normalement être publiés dans les différents journaux de Quebecor, dit Jérôme Dussault, secrétaire du Syndicat des employés de l'information du Journal de Montréal. Nous allons toutefois regarder cet aspect de plus près. Ce qui est sûr c'est qu'ils ne pourront pas utiliser des pages complètes montées à Montréal.»

Convention à l'horizon

Ce lock-out n'inspire rien de bon aux employés du Journal de Montréal qui doivent négocier leur convention collective en 2008.

«C'est sûr que ça peut être un indicateur de ce qui s'en vient pour nous, dit Jérôme Dussault. Cette situation nous inquiète», ajoute-t-il tout en reconnaissant que cela influe sur le climat de travail au sein de Quebecor.

Quatre syndicats représentent les employés de bureau, de rédaction, d'imprimerie et de la publicité du Journal de Québec. Les représentants publicitaires ont récemment conclu de justesse une entente avec l'employeur.