Est-ce une bonne ou une mauvaise dette? La question de sa pertinence ne se pose qu'avant de la contracter. "Une fois que la dette est là, sa provenance n'a plus aucune importance", soutient le planificateur financier Éric Brassard. "Il ne faut pas faire une deuxième gaffe si la dette en était une au départ."

Est-ce une bonne ou une mauvaise dette? La question de sa pertinence ne se pose qu'avant de la contracter. "Une fois que la dette est là, sa provenance n'a plus aucune importance", soutient le planificateur financier Éric Brassard. "Il ne faut pas faire une deuxième gaffe si la dette en était une au départ."

Quel que soit son objet, il faudra faire avec. C'est alors la question du taux d'intérêt qui prime.

"Que faire avec le dollar qu'on a en excédent? demande Éric Brassard. Est-il préférable de rembourser une dette, mettre de l'argent dans mes REER ou mes épargnes études, faire des placements hors REER? Il faut envoyer l'argent où il travaille le mieux."

On comparera le taux d'intérêt des dettes avec le rendement des placements -impôts considérés. Et on appliquera le précieux dollar où il est le plus rentable. " Ce n'est pas grave d'être endetté si l'argent travaille bien ailleurs" énonce Éric Brassard.

Première dette

La conseillère Nathalie Lacharité utilise cette approche pour contrôler les dettes de consommation de ses clients. Elle leur brandit d'abord un joli tableau qui dépeint l'étalement du remboursement de la dette.

"Je leur montre combien de temps ça va durer et combien ça va coûter s'ils ne paient que le montant minimum. C'est sûr que c'est démoralisant." Là réside d'ailleurs l'objectif de la démonstration.

Elle peut ensuite amener, fort opportunément, un programme de contrôle budgétaire qui dégagera une petite marge de manoeuvre. Cette somme -250$ par mois par exemple- sera ajoutée à la mensualité minimale de la dette qui comporte le taux d'intérêt le plus élevé. Pendant ce temps, les autres dettes continuent à être remboursées au minimum.

Une fois la première dette acquittée, le versement minimal qui lui était consacré et les 250$ (par exemple) sont appliqués à la seconde dette en liste, en sus du versement minimal de cette autre dette. Et ainsi de suite...

Vos dettes sont dispersées?

Une autre approche consiste à regrouper ses dettes.

Car, si vous pensez que vos dettes ont leur propre personnalité, que vous tenez à respecter, vous perdez peut-être des centaines de dollars chaque année.

Un exemple éloquent de l'importance de la dépersonnalisation des dettes a été donné par les chercheurs Moshe Milovsky, de l'Université York, et Anna Abaimova, du Individual Finance and Insurance Center (IFID).

S'il peut paraître plus rassurant et plus simple de contenir chaque dette dans sa case bien identifiée, les deux chercheurs ont montré (dans une étude financée par Manuvie), que réduire l'éparpillement des dettes peut faire économiser 1000$ par année.

Ils ont donné l'exemple de deux familles typiques, que nous appellerons Lavigueur et Lavertu, aux prises avec la même dette totale de 94 709$, répartie entre hypothèque (76 000$), prêt auto (10 250$), carte de crédit (2450$) et marge de crédit (5695$), chacune assortie de son propre taux d'intérêt et de sa période d'amortissement. Ces dettes correspondent aux obligations moyennes des ménages canadiens.

Dans les deux cas, les familles Lavertu et Lavigueur consacrent au remboursement de l'ensemble de leurs dettes le même montant de 1000$ par mois. Les deux familles maintiennent également un coussin de sécurité de 2700$ dans un compte courant.

La famille Lavertu décide toutefois de consolider l'ensemble de ses dettes dans une marge de crédit à taux préférentiel. Elle réduit ainsi ce que les auteurs appellent la diversification des dettes dans l'espace. "Bien que du point de vue psychologique, la famille Lavertu aurait préféré devoir de plus petits montants à un plus grand nombre de créanciers, soulignent les deux chercheurs, ils comprennent les bénéfices qu'ils tirent à ne pas se piéger avec des comptes mentaux." Ou, en d'autres termes, avec des cases imaginaires.

Le taux préférentiel est fluctuant et induit un facteur de risque dans l'opération. Les chercheurs ont effectué des milliers de simulations avec des taux préférentiels fluctuants pour démontrer qu'après un an, la dette totale de la famille Lavertu était en moyenne inférieure de 929$ à celle de la famille Lavigueur. Dans des conditions d'intérêts défavorables -le quart des probabilités-, les gains sont encore de 776$.

La diversification des dettes peut également s'étaler dans le temps. Pendant que le compte d'épargne stagne à des taux d'intérêt lilliputiens, les intérêts payés sur les dettes progressent à pas de géant.

La famille Lavertu décide donc d'utiliser son coussin de sécurité de 2700$ pour réduire le montant total de la dette, qui se trouve ainsi ramené à 92 000$. La marge de crédit fournira le coussin nécessaire si une malchance survenait.

En ajoutant cette mesure à la consolidation des dettes, la famille Lavertu épargnera en moyenne 1063$ après un an par rapport à leurs voisins -toujours en conservant le même versement mensuel de 1000$. Pour ce qui concerne les dettes, concluent les auteurs, il y a avantage à mettre tous ses oeufs dans le même panier.

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