Les tarifs préférentiels consentis par Hydro-Québec à ses gros clients industriels comme Norsk Hydro ne font décidément plus école, même au sein de la société d'État.

Les tarifs préférentiels consentis par Hydro-Québec à ses gros clients industriels comme Norsk Hydro ne font décidément plus école, même au sein de la société d'État.

À l'époque de ces "cadeaux" aux alumineries et autres entreprises énergivores, dans les années 80, Hydro-Québec disposait d'un imposant surplus de 5000 mégawatts (MW). "Il fallait même déverser de l'eau des barrages tellement il y en avait", rappelle Jean-Thomas Bernard, professeur de l'Université Laval et titulaire de la Chaire économique de l'énergie électrique.

N'empêche. Les ententes à long terme conclues avec Norsk Hydro - tout comme avec 12 autres gros clients industriels - ont coûté les yeux de la tête au Québec. "Le contexte est différent aujourd'hui, avoue Richard Aubry, d'Hydro-Québec. C'était un risque que nous avons pris à l'époque. Et cela n'a pas rapporté ce que l'on pensait."

Selon le professeur Bernard, l'aide consentie par Québec en rabais d'électricité équivaut à une subvention directe annuelle d'environ 160 000 $ par emploi.

Pour le professeur d'économie à l'Université Laval Gérard Bélanger, il ne fait pas de doute que les aides consenties à ces entreprises énergivores demeurent néfastes pour le développement industriel du Québec.

Ainsi, le Québec doit envoyer un signal clair aux grands consommateurs : l'électricité au Québec ne se vend plus à rabais. Si cette électricité nous coûte 7 ¢ le kilowattheure à produire et qu'on la vend 3 ¢, ce n'est payant pour personne.

"À ce compte-là, on est mieux de vendre notre électricité aux Américains, elle risque d'être beaucoup plus rentable", ajoute Jean-Thomas Bernard.

D'après lui, le même kilowattheure vendu ici à la grande industrie à près de 4 ¢ vaudrait jusqu'à 12 ¢ sur le marché spot américain.

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