Si Hydro-Québec réussit à faire stopper la production de la centrale au gaz de TransCanada Energy pour cause de surplus d'électricité, Gaz Métro (T.GZM.UN) perdra son plus important client au Québec et devra encaisser des millions de dollars de pertes.

Si Hydro-Québec réussit à faire stopper la production de la centrale au gaz de TransCanada Energy pour cause de surplus d'électricité, Gaz Métro [[|ticker sym='T.GZM.UN'|]] perdra son plus important client au Québec et devra encaisser des millions de dollars de pertes.

La société en commandite estime que l'arrêt de production de la centrale de Bécancour lui fera perdre 4,4 M$ en 2007-2008 et 5,5 M$ en 2008-2009.

Pour limiter ses pertes, Gaz Métro a demandé à la Régie de l'énergie d'augmenter le tarif du gaz livré à TransCanada Energy (TCE), dont la facture sera ultimement payée par Hydro-Québec en guise de compensation pour l'arrêt de production.

«Gaz Métro et ses clients ne peuvent pas faire les frais des mauvaises prévisions d'Hydro», a plaidé hier le porte-parole de l'entreprise, Frédéric Krikorian, en rappelant que son entreprise a investi 45 M$ en 2004 pour construire une conduite sous le fleuve afin d'alimenter la centrale.

Le prolongement du réseau de Gaz Métro avait dû être réalisé de toute urgence, parce qu'Hydro-Québec disait avoir absolument besoin de l'énergie fournie par la centrale de TransCanada Energy pour l'hiver 2006-2007.

La société d'État était même intervenue devant la Régie de l'énergie en 2004 pour appuyer la demande de prolongation de réseau de Gaz Métro.

La Régie avait accordé à Gaz Métro le feu vert pour cet important investissement, en tenant compte du fait que la rentabilité de la prolongation du réseau était garantie par le contrat d'une durée de 20 ans conclu entre TCE et Hydro-Québec.

Dès l'an dernier, Hydro-Québec a tenté de négocier avec TCE l'arrêt de la production de sa centrale de Bécancour, sans succès. La Régie de l'énergie a finalement obligé Hydro à revendre ses surplus sur les marchés extérieurs.

Cette année, Hydro est revenue à la charge devant la Régie avec une entente dûment conclue avec TCE, qui accepte d'interrompre la production de sa centrale moyennant une compensation financière de 54 millions de dollars.

La société d'État plaide que la revente des surplus sur les marchés extérieurs lui coûterait 56 millions, soit 2 millions de plus, parce que le prix de vente de cette énergie serait inférieur à son coût.

Ce scénario, s'il satisfait TCE et surtout Hydro, qui pourrait continuer à exporter de l'énergie à bons prix sans risquer d'inonder le marché et de voir les prix diminuer, est toutefois catastrophique pour Gaz Métro. Pour limiter les dégâts, Gaz Métro réclame donc une augmentation de tarifs à TCE.

Si la Régie donne son aval à cette augmentation de tarifs, la perte de Gaz Métro serait réduite de 2 millions de dollars pour 2007-2008, mais Hydro devrait augmenter d'autant sa compensation à TCE.

Les deux scénarios, soit l'arrêt de la production de la centrale et la vente des surplus sur les marchés, deviendraient alors équivalents sur le plan économique pour Hydro-Québec.

Gaz Métro espère que la Régie de l'énergie tiendra compte de toutes les parties en cause dans cette affaire.

«L'intérêt public ne s'arrête pas à celui d'Hydro-Québec», a plaidé l'entreprise devant la Régie.

La centrale au gaz de Bécancour, la première au Québec, aurait dû être le plus important client du distributeur Gaz Métro, avec une consommation de 32 milliards de BCF sur un volume total de 200 BCF (milliards de pieds cubes) et des revenus attendus de 10 millions sur un chiffre d'affaires annuel de 500 millions.

La perte de 4,4 millions prévue pour 2007-2008 s'alourdirait encore si, comme c'est probable, Hydro et TCE s'entendent pour prolonger l'arrêt des activités de la centrale en 2009.

La perte de Gaz Métro pour 2008-2009 serait de 5,5 millions «et devrait être compensée par une augmentation des tarifs de tous les autres clients», prévient la société.

Les parts de la société en commandite Gaz Métro s'échangent à la Bourse de Toronto, Depuis que l'arrêt des activités de TCE au Québec est connu, la valeur des parts de Gaz Métro a dégringolé.

Mercredi, le titre a fini la journée à 14,47$, en baisse de 18 cents.