Des rumeurs de fusion entre les géants métallurgiques Rio Tinto et BHP Billiton exercent des pressions à la baisse sur les actions d'Alcan à Wall Street et à la Bourse de Toronto.

Des rumeurs de fusion entre les géants métallurgiques Rio Tinto et BHP Billiton exercent des pressions à la baisse sur les actions d'Alcan à Wall Street et à la Bourse de Toronto.

Car si elle s'avère, une telle transaction mettrait hors jeu deux des principales entreprises qui sont pressenties pour acheter Alcan, en concurrence de l'offre annoncée lundi par sa rivale américaine Alcoa.

Par conséquent, en raison des chances moindres d'une surenchère pour Alcan, les investisseurs boursiers ont laissé reculer ses actions de 2,5 %, mercredi.

À Toronto, elles cédaient 2,40 $, à 86,30 $, alors qu'à New York, elles reculaient de 2,13 $US, à 78,15 $US. Un nombre encore important de 14,7 millions d'actions ont été échangées en tout aux deux Bourses.

Malgré ce repli, le cours boursier d'Alcan demeure supérieur de 5 % environ à la valeur de l'offre en argent et en actions d'Alcoa.

En fin de séance mercredi, alors que les actions d'Alcoa cotaient à 38,77 $US à New York, la valeur de son offre pour Alcan s'établissait à 74,52 $US l'action, ou l'équivalent de 82 $.

De l'avis d'analystes, cet écart suggère que, faute d'offres concurrentes et supérieures, les investisseurs boursiers s'attendent à ce qu'Alcoa bonifie sa première offre afin d'intéresser suffisamment d'actionnaires d'Alcan.

«À moins d'une enchère d'offres, je crois encore très probable qu'Alcoa doive augmenter son offre d'au moins 10 % pour obtenir le minimum requis (66,6 %) d'actions d'Alcan pour l'emporter», selon John Tumazos, analyste des mines et métaux chez Prudential Equity, à New York.

En attendant toute autre offre, la prochaine étape importante chez Alcan est la recommandation aux actionnaires de la part de son conseil d'administration.

Les administrateurs d'Alcan ont jusqu'au mardi 22 mai pour accepter ou rejeter l'offre initiale d'Alcoa, selon l'échéancier réglementaire des 10 jours ouvrables après l'annonce d'une OPA (offre publique d'achat).

Ensuite, les actionnaires d'Alcan auront jusqu'au 10 juillet pour déposer ou non leurs actions à l'offre d'Alcoa, à moins qu'elle soit prolongée.

Par ailleurs, outre la valeur de cette offre, des analystes doutent de plus en plus de son approbation intégrale par les autorités commerciales au Canada, aux États-Unis et même en Europe.

Par exemple, on souligne que l'éventuelle entreprise fusionnée Alcoa-Alcan se retrouverait avec une part considérable -autour de 85 %- du marché mondial des plaques et des feuilles d'aluminium pour l'industrie aéronautique.

«En Europe, les autorités de Bruxelles et le fabricant d'avions Airbus pourraient forcer la future Alcoa-Alcan à retrancher des usines qui étaient auparavant avec Pechiney, lors de son achat par Alcan en 2004», estime l'analyste John Tumazos, dans une note distribuée aux clients-investisseurs de Prudential Equity.

Au Canada, cette responsabilité d'autoriser l'achat d'Alcan par Alcoa, avec ou sans conditions, relève du ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier.

Mais mercredi, à Ottawa, M. Bernier a indiqué qu'il attendrait les avis des analystes de son ministère, dont ceux du Bureau de la concurrence, avant se prononcer sur l'ambition de l'américaine Alcoa envers Alcan.

«Nous devons nous assurer que de tels investissements de l'étranger soient bénéfiques pour le Canada», a indiqué le ministre Bernier.

Au gouvernement du Québec, le ministre du Développmeent économique, Raymond Bachand, s'est engagé depuis lundi à divulguer les clauses des contrats d'électricité avec Alcan, en cas de prise de contrôle.

Cette divulgation est attendue d'une journée à l'autre.

Selon l'analyste John Tumazos, «pour tout acquéreur d'Alcan, la continuité de son accès à de l'électricité de source hydraulique, moins chère et moins polluante, est un élément considérable de sa valeur d'entreprise».