Les pays producteurs de gaz réunis lundi et mardi à Doha pourraient-ils former une organisation similaire à celle de l'OPEP pour le pétrole?

Les pays producteurs de gaz réunis lundi et mardi à Doha pourraient-ils former une organisation similaire à celle de l'OPEP pour le pétrole?

L'Europe et les Etats-Unis s'inquiètent d'une telle perspective, qui paraît cependant peu vraisemblable aux experts de ce secteur étant donné son fonctionnement sur des contrats à long terme.

Les ministres du Qatar et de l'Iran, les deux plus gros exportateurs de gaz naturel du monde, se sont défendus de vouloir constituer un tel cartel.

«Je déteste ce nom de cartel. Nous ne sommes pas un cartel. Nous sommes simplement ici pour examiner nos intérêts», a expliqué le Qatari Abdullah al-Attiyah.

Son homologue iranien Seyed Hamaneh assure également «qu'il n'y a pas de discussion dans cette réunion au sujet d'un cartel».

«Ce n'est pas la question. Nous sommes ici pour échanger des vues sur les questions techniques et sur les marchés», a-t-il dit.

Et MM. Al-Attiyah et Hamaneh de préciser que l'objectif de ces deux jours est de renforcer la coopération entre exportateurs afin de créer un marché stable à l'échelle mondiale. Après la cérémonie d'ouverture de la conférence, la réunion s'est déroulée à huis clos. Mardi, les participants devraient visiter les sites d'exportation et de liquéfaction du gaz naturel au Qatar.

Les 16 membres du Forum des pays producteurs de gaz, parmi lesquels l'Algérie, le sultanat du Bruneï, l'Indonésie, l'Iran, la Malaisie, la Norvège, le Nigeria, l'Emirat d'Oman, le Qatar, la Russie et le Turkménistan, représentent à eux tous plus de 70 pour cent des réserves mondiales de gaz naturel.

De leur côté, les dirigeants américains et de l'Union européenne ont déjà discuté de la façon de répondre à l'éventuelle formation d'une union des producteurs contrôlant la production et les prix du gaz, au grand dam du ministre qatari du Pétrole qui reproche à «l'Occident de réagir négativement».

L'Europe, qui importe 44 pour cent de son gaz de Russie, s'est vu rappeler sa dépendance l'an dernier et cette année encore lorsque Moscou a coupé le gaz au Bélarus et à l'Ukraine.

«Ils devraient s'asseoir avec nous et discuter avant de nous imposer des règlements et nouvelles taxes. Nous devrions créer la confiance entre producteurs et clients et envoyer un message positif plutôt que de nous montrer du doigt les uns les autres», a critiqué Abdullah al-Attiyah.

Nombre d'experts ne croient guère de toute façon à la constitution d'une OPEP du gaz, étant donné que la plus grande partie de cet hydrocarbure fait l'objet de contrats pouvant s'étendre sur 25 ans pendant lesquels le prix ne peut guère varier.

L'idée a cependant été évoquée en janvier par l'ayatollah Ali Khamenei, le dirigeant suprême iranien proposant à la Russie une alliance qui a paru plutôt bien accueillie dans un premier temps par les pays producteurs.

Le président russe Vladimir Poutine et l'émir du Qatar ont décidé d'explorer cette piste, à laquelle le président algérien Abdelaziz Bouteflika et son homologue vénézuélien Hugo Chavez sont favorables. Mais la plupart des pays producteurs ont ensuite reculé.

Le ministre russe de l'Energie, Viktor Khristenko, a ainsi affirmé qu'aucun document lançant la création d'un cartel du gaz ne serait signé à Doha. Le représentant iranien à l'OPEP, Hossein Kazempour Ardebili, a pour sa part déclaré samedi que les producteurs voulaient seulement renforcer leur coopération pour garantir la fourniture des marchés internationaux.

Le gaz constitue environ 23% de l'énergie dans le monde, ce qui en fait la troisième source après le pétrole (36%) et le charbon (26%), selon l'Administration (américaine) de l'information sur l'énergie.