Les assureurs ont connu une accalmie cette année sur le front des catastrophes naturelles, dont le coût a nettement reculé après les montants record enregistrés en 2005, mais le changement climatique ne devrait leur offrir qu'un répit de court durée.

Les assureurs ont connu une accalmie cette année sur le front des catastrophes naturelles, dont le coût a nettement reculé après les montants record enregistrés en 2005, mais le changement climatique ne devrait leur offrir qu'un répit de court durée.

Selon les deux premiers réassureurs mondiaux, le suisse Swiss Re et l'allemand Munich Re, le montant des dommages provoqués en 2006 par les catastrophes naturelles devrait osciller entre 40 et 45 milliards de dollars, dont 15 milliards à la charge des assureurs.

Pour le secteur mondial de l'assurance, il s'agit d'une bonne nouvelle après deux années noires.

En 2005, le coût des catastrophes naturelles s'était élevé à 219 milliards de dollars, dont 99 milliards couverts par les assurances, à cause d'une saison d'ouragans particulièrement coûteuse aux Etats-Unis et dans le golfe du Mexique, précise Munich Re dans son étude annuelle parue jeudi.

Il s'agissait d'un record historique, après 150 milliards de dégâts enregistrés en 2004, année du tsunami dans l'océan Indien.

En 2005, l'ouragan Katrina, qui avait ravagé le sud des États-Unis en août, avait coûté à lui seul environ 45 milliards de dollars aux réassureurs, selon Munich Re.

À titre de comparaison, la catastrophe naturelle la plus coûteuse de 2006 est une série de tornades aux États-Unis en avril, pour laquelle les réassureurs vont devoir débourser 1,7 G$.

De même, le nombre de morts a fortement diminué.

Il s'est élevé à 30 000, contre 112 000 en 2005, estime Swiss Re, tandis que son concurrent allemand évoque pour sa part 18 000 morts, après 101 000 l'an passé.

L'événement le plus meurtrier a été le séisme qui a frappé la ville indonésienne de Bantul en mai et qui a tué environ 5 700 habitants, selon les deux études.

Les réassureurs ont aussi profité cette année du fait que les typhons et les séismes «ont surtout touché des pays émergents avec des valeurs assurées relativement faibles», fait valoir Swiss Re.

Pour autant, les assureurs n'ont aucune raison de se réjouir, avertit Munich Re.

«Sur le long terme, le nombre de catastrophes naturelles devrait augmenter à cause du réchauffement climatique», alors que les mesures à prendre au niveau mondial pour lutter contre l'effet de serre divisent encore les grandes puissances, souligne l'étude.

L'absence d'un nombre important d'ouragans ravageurs en Atlantique Nord cette année n'est due qu'à des circonstances climatiques exceptionnelles, explique le groupe de Munich.

Et de citer, à l'inverse, les indices du réchauffement climatique en cours: le cyclone Larry en Australie, ou un hiver 2006 particulièrement doux en Europe, après les rigueurs de 2005.

L'année écoulée est d'ailleurs la sixième plus douce jamais répertoriée au niveau des températures, poursuit Munich Re qui souligne que les dix années les plus chaudes ont été relevées entre 1995 et 2006.

Conséquence du réchauffement, au cours des deux prochaines décennies, le nombre d'ouragans devrait dépasser le nombre de ceux enregistrés en moyenne entre 1950 et 2006, soit dix par an, prédit le réassureur allemand.

Autre sujet d'inquiétude, la vulnérabilité des pays en voie de développement face aux catastrophes naturelles, illustrée par des séismes en Indonésie ou en Inde, où les constructions, pourtant récentes, n'ont pas résisté.

Sans compter que dans ces pays, les biens assurés se concentrent de plus en plus dans les zones à risque, ajoute Munich Re qui prévoit une forte demande pour la réassurance dans les années à venir.